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"Not Fragile" - Bachman-Turner Overdrive

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Amateurs de bon gros son bien bourrin, bien rock, bien teigneux, ne passez pas votre chemin, car voici que voilà un monstre du genre : le BTO, de son nom complet Bachman-Turner Overdrive. Si vous ne les connaissez pas encore, sachez qu'en écoutant ce disque sorti en 1974, leur troisième et probablement leur meilleur, vous allez prendre cher. Le BTO est un groupe de rock à tendance heavy, on peut même dire que c'est du hard-rock (c'est d'ailleurs dans cette catégorie que je fais rentrer ce disque, le premier que j'aborde d'eux), et ils sont originaires du Canada. Le groupe est constitué du chanteur et guitariste Randy Bachman, de son frangin Robbie à la batterie, du guitariste Blair Thornton (remplaçant, à partir du troisième album, d'un autre frangin de Randy, Tim) et du bassiste et chanteur C. Fred Turner. Le groupe a sorti son premier opus (éponyme) en 1973, suivi la même année d'un deuxième album intituléBachman-Turner Overdrive II (avec le hit Takin' Care Of Business). C'est en 1974 que Not Fragile, le troisième opus, sort, sous une pochette représentant une grosse caisse de bois remplie de roues crantées et portant le titre de l'album. L'album offre 9 titres pour 36 minutes, et est produit par Randy Bachman. On y trouve un nouveau hit : You Ain't Seen Nothin' Yet.

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Verso de pochette

Aucun répit sur ce Not Fragile (dont le titre aurait été, selon Bachman, une allusion au Fragile de Yes, Bachman trouvait amusant qu'un disque de rock, même progressif comme le Yes, soit appelé ainsi, étant donné que 'fragile' n'est pas vraiment un terme adéquat pour parler du rock) qui aligne donc 9 titres et autant de façons de vous démantibuler les oreilles. Le chant est alterné entre Turner (Not Fragile, par exemple) et Bachman, tous deux ayant un physique et un look similaires, on dirait de gros bûcherons canadiens (ça tombe bien, vu la nationalité du groupe), des Chewbaccas un peu moins poilus que l'original, de vrais camionneurs. D'ailleurs, c'est vraiment dingue comme le Bachman-Turner Overdrive sonne comme de la musique de routiers, le genre de truc qu'il faut écouter à fond sur son autoradio pour éviter de s'endormir la nuit ! Que cela soit Sledgehammer, You Ain't Seen Nothin' Yet, Not Fragile, Blue Moanin' ou l'instrumental Free Wheelin' en hommage à Duane Allman (guitariste du Allman Brothers Band, mort en 1971), sans parler de Rock Is My Life, And This Is My Song au titre interminable et au rythme génial (interprété de manière quelque peu pataude par Bachman), tout est génial ici, et la production, signée Bachman, est du pur hard-rock boogie/bluesy des années 70, ça a bien vieilli dans l'ensemble.

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Bref, ce troisième opus du BTO est une vraie réussite dans son genre, un album furieux et féroce qui, s'il ne fait pas partie des sommets du rock et du hard-rock, n'en demeure pas moins un album ultra recommandé pour tout fan de ce genre de musique. C'est un peu comme du Lynyrd Skynyrd en plus furax encore ; ces mecs, avec leurs looks totalement dans le ton (on dirait des routiers, des mecs qu'il ne faudrait pas croiser le soir au détour d'une route isolée), livrent ici un album qui, définitivement, est effectivement tout sauf fragile, comme son titre le dit. Difficile de dire quelle est la meilleure et la moins bonne chanson de Not Fragile, toutes se valent et font de ces 36 minutes un excellent moment à passer, mais qui risque fort de faire chier vos voisins si vous le passez à trop fort volume (ce qui est cependant conseillé, pour encore mieux apprécier les chansons) !

FACE A

Not Fragile

Rock Is My Life, And This Is My Song

Roll On Down The Highway

You Ain't Seen Nothin' Yet

Free Wheelin'

FACE B

Sledgehammer

Blue Moanin'

Second Hand

Givin' It All Away


"Eldorado" - Electric Light Orchestra

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ELO1

Sorti en 1974, Eldorado est le quatrième album studio d'Electric Light Orchestra, et son cinquième tout court (juste avant, dans la même année, le groupe sortira un live, The Night The Light Went On In Long Beach, un excellent album malgré une qualité sonore déplorable pour le vinyle, ce qui fera que le groupe intentera un procès à sa maison de disque à cause de ça ! - ce fut bien restauré pour le CD). Son vrai titre semble en réalitéêtre Eldorado - A Symphony, et on sent bien, avec ce titre, que le groupe a décidé de frapper fort. La bande à Jeff Lynne (chant, guitares, composition) a en effet décidé de faire un disque conceptuel, son premier, même si le concept est ici plus musical que littéraire. Enfin, grosso modo, le thème est celui d'un homme qui, comme le Walter Mitty du film du même nom, semble vivre une vie rêvée, fantasmagorique, par le biais de ses rêves, afin d'échapper à une vie réelle des plus mornes et déprimantes. Sous sa pochette proposant une photo issue du film Le Magicien D'Oz de Victor Fleming, Eldorado propose 10 titres (pour quasiment 39 minutes) imbriqués les uns dans les autres sans pause (seule pause : entre Poor Boy (The Greenwood) et Mister Kingdom, changement de face oblige). C'est le premier album d'Electric Light Orchestra pour lequel le groupe a réellement utilisé un orchestre de cordes, et non pas overdubbéà outrance les performances des musiciens classiques (Mik Kaminsky, Mike Edwards, Hugh McDowell) du groupe, ce qui était le cas des précédents albums.

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Bref, pour tout dire, avec Eldorado, Electric Light Orchestra trouve vraiment sa voie, son style, pose ses bases, s'installe. Et les premiers gros succès (si on excepte une reprise furieuse de Roll Over Beethoven sur ELO 2 et Showdown sur On The Third Day, il n'y en avait pas vraiment eu) vont arriver ici. Can't Get It Out Of My Head, chanson calme, apaisante et apaisée, et le très glam/pop Boy Blue seront de beaux succès et sortiront en singles. Plus que jamais, les influences du groupe se font ressentir : les Beatles, notamment, on parlera de Mister Kingdom comme d'une sorte de version ELO d'Across The Universe, par moments (les couplets). Illusions In G Major est un parfait exemple qu'entre classique et pop/rock, le mélange peut être réussi et agréable (ELO est en effet le genre de groupe que l'on aime ou déteste, le mélange entre pop et classique étant assez particulier, et les albums, produits par Jeff Lynne, ont tous un son assez chargé, surtout à partir de 1976, de bons gros gâteaux), Eldorado est une merveille, Laredo Tornado aussi...

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Après, je dois dire quand même que cet album n'a jamais été mon préféré du groupe. Je lui préfère nettement Out Of The Blue (double album de 1977 qui est, pour moi, le sommet du groupe, et pas uniquement parce qu'on y trouve leur méga hit Mr. Blue Sky), On The Third Day et Face The Music (l'album suivant), et je pense meme aimer Discovery (1979, pourtant assez moyen dans l'ensemble, car plusieurs morceaux franchement insipides à côté de tubes) plus que cet Eldorado qui, malgré  tout, compte pour moi parmi les plus belles réussites du groupe. Oui, je sais, c'est paradoxal. Mais rien que pour Boy Blue, Eldorado et Can't Get It Out Of My Head, cet album mérite totalement l'écoute, et est donc un des meilleurs d'Electric Light Orchestra. Le groupe de Jeff Lynne, Richard Tandy (claviers) et Bev Bevan (batterie) trouve bien ses marques ici, et on sent qu'à partir de cet album, plus rien ne pourra plus les arrêter. Ils vont en effet vivre une décennie 70 de folie, devenant un des groupes majeurs de l'époque, un des plus cultes. Qu'ils en profitent, car dès les années 80, ça commencera à devenir dur pour eux (sauf pour Lynne qui, en 1987, produira magnifiquement George Harrison avec Cloud Nine, et poursuivra sa collaboration avec l'ex-Beatles jusqu'à la mort de ce dernier en 2001) !

FACE A

Eldorado Overture

Can't Get It Out Of My Head

Boy Blue

Laredo Tornado

Poor Boy (The Greenwood)

FACE B

Mister Kingdom

Nobody's Child

Illusions In G Major

Eldorado

Eldorado Finale

"Never Say Die !" - Black Sabbath

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C'est le temps de parler du pire album de Black Sabbath...enfin, du pire de leur première période, qui s'achève justement avec cet album, et c'est déjàça. La première période, c'est la fameuse période avec Ozzy Osbourne au chant, de 1969 à 1978. Cette période, la plus connue et mythique, et une des meilleures (soit dit en passant, la période suivante, 1980/81, avec Dio au chant, est au moins aussi bonne, avec deux albums studios immenses, et un live dantesque, et c'est ma préférée aussi), a permis au groupe de publier des albums absolument géniaux : Paranoid, Master Of Reality, Vol.4, Sabbath Bloody Sabbath, Sabotage, tout de 1970 à 1975 précisément. Le tout, dans une atmosphère le plus souvent bien cocaïnée (dans les crédits de Vol.4, 1972,le groupe remercie la Great COKE Company of Los Angeles, et une chanson comme Snowblind, sur le même album, porte un titre éloquent), et aussi teinté de soucis divers et variés : le côté sataniste du groupe, présent dès le premier opus éponyme, n'a pas été voulu par eux (seul le bassiste Geezer Butler aimait vraiment arborer sa croix inversée et s'intéressait un peu à l'occulte), mais par leur management, histoire de créer un précédent dans le rock. Leur manager, d'ailleurs, Don Arden (futur beau-père d'Ozzy, il épousera sa fille Sharon), leur causera quelques soucis juridiques, financiers, le groupe vivra des heures assez sombres en 1974/75, et leur album Sabotage, fait durant cette époque, en sortira bien teigneux. Après ce disque monumental, le groupe ne sera plus le même, enregistrant, en 1976, un Technical Ecstasy plus que moyen (de bonnes chansons, mais dans l'ensemble, ce n'est pas du niveau habituel), qui sortira la même année. Tous complètement accros à la biture et à la came, les Sabbath ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, et Ozzy parle même de partir. En fait, il le fait, peu de temps avant que les sessions d'enregistrement du successeur de Technical Ecstasy commencent, en fin d'année 1977.

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Reproduction, en CD vinyl-replica, du vinyle de l'album, pochette et sous-pochette

Sans leur chanteur charismatique à la voix de gargouille, les trois autres Sabbath (Tony Iommi : guitare ; Geezer : basse ; Bill Ward : batterie) décident d'aller voir ailleurs. Si Ward a chanté sur un titre (It's Alright) du précédent opus, il ne se sent pas, et on ne le remerciera jamais assez pour ça, la force de chanter sur tout un disque. Etant amis depuis longtemps (depuis avant la création de Sabbath) avec le chanteur Dave Walker, ancien membre de Fleetwood Mac (sur l'album Penguin, 1973) et de Savoy Brown. Bon chanteur, Walker n'est cependant pas exactement ce qu'il faut au groupe, et il ne fera pas long feu (malgré que l'entente sera excellente) au sein du groupe, Ozzy revenant au bout de quelque temps. Il refuse absolument de chanter ce que le groupe a, entre temps, écrit avec Walker (cette très éphémère formation de Sabbath aura eu juste le temps de répéter et d'enregistrer, pour la BBC, une version aléatoire de Junior's Eyes, une des chansons du futur album), et le groupe décide donc d'enregistrer ce qui fut écrit juste avant le départ d'Ozzy, les neuf titres de Never Say Die ! donc. Enfin, sauf Breakout, qui est instrumental, et Swinging The Chain, qu'Ozzy trouve tellement nul qu'il refuse de chanter, c'est Bill Ward qui s'y colle, encore une fois (et pour la dernière). L'album sort donc en 1978, sous une pochette assez cheloue représentant, devant un avion de guerre, deux pilotes en tenue, avec masque, cagoule et lunettes (au dos, un autre pilote dans le cockpit). On est en droit de se demander le pourquoi du comment d'une telle pochette, mais après le miroir zarb' de Sabotage (réfléchissant non pas le dos des membres du groupe posé devant, et fringués à la va-comme-je-te-pisse-au-Q, mais leur côté face) et les robots qui luttent (ou baisent) sur des escalators de Technical Ecstasy, on ne s'étonnera plus de rien...

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En 45 minutes, soit une durée bien généreuse (avec Sabotage, qui fait à peu près la même durée, c'est le disque studio le plus généreux du groupe pour l'époque), Never Say Die ! est un disque généralement très incompris, pour ne pas dire méprisé. Il y à de quoi, car cet album ne ressemble vraiment pas à du Black Sabbath traditionnel, entre sa chanson chantée par Bill Ward (même si le précédent opus aussi en avait une) et son instrumental jazzy, Breakout (oui oui, jazzy !), sans oublier les synthés qui puent (l'intro de Johnny Blade)... Peu de chansons parviennent à retenir l'attention de l'auditeur. C'est le cas de Junior's Eyes, de Shock Wave et d'Air Dance, mais c'est tout, et c'est bien peu. Je préfère ne pas parler de Over To You et de A Hard Road, merci bien. Swinging The Chain ? Tirer la chasse, oui... Cet album se fera, dans l'ensemble, allumer comme un pétard du 14 juillet entre les mains d'un jeune con, à sa sortie, et Ozzy Osbourne quittera le navire après la tournée dite des 10 ans (car, en effet, en 1979, ça faisait 10 ans que le groupe existait). Peu de temps après, un certain Ronnie James Dio quittait, de son côté, Rainbow, dans lequel il évoluait depuis 1975, et rejoignit Black Sabbath. Ca donnera lieu à une trilogie d'albums (dont un live, donc, Live Evil en 1982, double) imparables, commençant en fanfare avec un Heaven And Hell encore aujourd'hui indépassable dans le genre (et un Mob Rules remarquable et quasiment aussi grandiose). Chose improbable mais pourtant véridique : en deux ans, Dio parviendra à faire un peu oublier Ozzy, il faut dire que les deux derniers albums de cette première période ne sont vraiment pas bons... Ozzy reviendra en 1998 pour la reformation du Sabbath originel, pour une tournée mondiale immortalisée par le double live Reunion, puis il faudra attendre 2013 et l'album 13 (remarquable). Never Say Die !, lui, marque la fin d'une ère, une bien triste fin...

FACE A

Never Say Die

Johnny Blade

Junior's Eyes

A Hard Road

FACE B

Shock Wave

Air Dance

Over To You

Breakout

Swinging The Chain

"Face The Music" - Electric Light Orchestra

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ELO2

Une chaise électrique en plein centre d'une gigantesque salle de métal, surplombée par trois immenses lettres E, L et O, un décor un peu à la Giger mais pas trop. De l'autre côté de la pochette, une vitre avec, le visage collé dessus, pressés les uns sur les autres pour regarder la probable exécution, sept personnages, les sept membres d'Electric Light Orchestra (ou ELO), tous avec un regard rougi (et une vilaine teinte jaunâtre/verdâtre, glauquissime). Voilà pour la pochette, assez tape-à-l'oeil, du sixième album (et cinquième studio) du groupe, un opus sorti en 1975, j'ai nommé : Face The Music. Cinquième album studio en autant d'années (le premier opus date de 1971, et en 1974, le groupe sortira deux disques, dont un live), il fait suite àEldorado, qui fut un remarquable succès, le premier vrai gros succès commercial du groupe de Jeff Lynne (chant, guitare,  composition, production, lunettes noires et chevelure bouclée) malgré qu'il fut un disque au final assez complexe (album conceptuel, et un concept difficile à saisir au premier abord). Inutile donc de dire qu'avec ce Face The Music, Electric Light Orchestra était attendu au tournant. L'album n'est pas le plus généreux du groupe, il n'offre que 8 morceaux, pour un total de 36 minutes. Oui mais voilà : je suis bien en peine de citer une mauvaise chanson ici... Le personnel n'a pour ainsi dire pas changé par rapport àEldorado : Jeff Lynne, Richard Tandy (claviers), Bev Bevan (batterie), Mik Kaminski (violon), Hugh McDowell (violoncelle) sont toujours là, mais deux membres ont été remplacés : Melvyn Gale remplace Mike Edwards au violoncelle, et Kelly Groucutt (malgré son prénom, c'est un homme, pas une femme) remplace Mike de Albuquerque à la basse. C'est Lynne qui produit l'album, comme de coutume.

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L'album semble avoir été pondu à la va-vite, en un mois ou deux, tout était dans la boîte (le disque fut enregistréà Munich, ex-RFA, aux studios Musicland, là même où furent enregistrés Presence de Led Zeppelin et It's Only Rock'n'Roll des Stones, et une partie de leur Black And Blue, aussi ; pour ne citer que ces albums et groupes), et à sa sortie, il marchera assez fort, le succès d'Eldorado et de ses quelques singles à succès ayant bien aidé. En terme de singles à succès, Face The Music y aura aussi droit, par le biais de Strange Magic et d'Evil Woman. La première est une chanson assez calme, douce, tandis que la deuxième est un rock endiablé et dansant à la Showdown (1973), porté par un rythme haletant. Aucune des deux n'est ma préférée de l'album, cependant, qui est One Summer Dream, morceau final, aérien, onirique, qui laisse rêveur comme son titre l'indique. Un morceau qui, une fois achevé, une fois l'album achevé donc, donne fortement envie de remettre le couvert et de faire redémarrer le disque sur son premier titre, le très efficace instrumental Fire On High. Et que dire des autres morceaux, de ce Down Home Town un peu country dans l'âme, de Waterfall, Poker, Nightrider ? Ca y est, j'ai tout cité de l'album, j'avais prévenu  plus haut que trouver une mauvaise chanson serait, ici, difficile, et définitivement, c'est le cas.

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Le plus drôle avec Face The Music, c'est que cet album ma foi incroyablement réussi n'est pourtant pas un des sommets d'ELO, il est, selon pas mal de fans, coincé entre deux chefs d'oeuvres (Eldorado et A New World Record), et le groupe, bien que livrant ici une série de chansons imparables, n'y est pas vraiment au sommet de sa forme. Jeff Lynne et sa petite bande ont mis un petit peu le holà sur les arrangements symphoniques : les cordes, bien que très présentes ici (on parle d'Electric Light Orchestra, après tout : les cordes sont, pour ce groupe, aussi essentielles que les cuivres le sont pour Chicago), prennent moins d'espace que d'ordinaire, l'album est plus pop que progressif/symphonique. Ca redémarrera l'année suivante avec A New World Record et sa légion de tubes, un album totalement réussi. Face The Music est également très réussi, mais à côté, il paraîtrait presque mineur et moyen, vous dire le niveau du prochain album ! Et encore, je préfère ne pas encore commencer à parler de Out Of The Blue, double album de 70 minutes qui paraîtra en 1977, et à côté duquel tous les autres grands opus d'ELO sembleraient presque minables...

FACE A

Fire On High

Waterfall

Evil Woman

Nightrider

FACE B

Poker

Strange Magic

Down Home Town

One Summer Dream

"Party Girls/Broken Poets" - Elliott Murphy

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S'il y à bien un album que je ne m'attendais pas à aimer à ce point, c'est celui-là. Non pas parce que c'est un album d'Elliott Murphy car, comme je l'ai dit ici récemment, j'aime énormément ce chanteur/songwriter américain, j'ai même abordé, ici, tout aussi récemment, ses cinq premiers albums. Celui-ci est d'ailleurs son sixième, donc c'est dans la continuité. Mais je ne sais pas, je ne le sentais pas trop, ce disque : sa pochette (mon exemplaire, vinyle, possède un autre visuel, voir plus bas) est assez quelconque, une simple photo de Murphy en tenue et haut-de-forme, souriant gentiment ; le fait, aussi, que l'album date de 1984, une année qui ne figure pas vraiment parmi les plus glorieuses de tous les temps même s'il y à pire, y était aussi pour quelque chose. Le fait, enfin, que les quatre premiers opus de Murphy étaient si monumentaux que j'avais été un petit peu déçu par son cinquième (Murph The Surf, 1982, cependant vraiment très bon) et que je me disais que celui-ci, ce sixième opus, ne pouvait pas être d'un meilleur tonneau. Con que je suis. Car Party Girls/Broken Poets, tel est le titre de l'album, est vraiment excellent, qu'on se le dise. Sous sa pochette prise, pour les photos (recto de mon exemplaire vinyle, et les deux photos de Murphy sur la sous-pochette), à Paris, on y distingue en effet Notre-Dame (rappelons que, depuis les annés 70, Elliott Murphy, citoyen américain, vit en France), cet album offre une dizaine de chansons qui, dans l'ensemble, sont de purs petits joyaux. Notons que la version CD en rajoute deux, en bout de piste, cette version CD dure un petit peu moins d'une heure (contre une quarantaine de minutes pour la version vinyle).

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Pochette vinyle

De même que pour Murph The Surf, Elliott Murphy (chant, guitare, harmonica, composition) s'est entouré ici de Richard Sohl (claviers, ancien du Patti Smith Group), Ernie Brooks (basse) et Tony Machine (batterie), et on notera la participation amicale et vocale de David Johansen, chanteur des New York Dolls, sur un titre, Blues Responsibility. Le mélange entre la voix quelque peu frêle de Murphy et celle, plus chaude et grave (une voix à la Jagger en plus rauque encore) de Johansen, est intéressant. Cette chanson n'est pas la meilleure de l'album, mais comme Party Girls/Broken Poets n'en contient aucune de mauvaise... Parmi les meilleures, on peut en tout cas citer le géniallissime morceau d'ouverture, Three Complete American Novels, ou bien encore The Streets Of New York, Party Girls And Broken Poets et le remarquable Winners, Losers, Beggars, Choosers. Elliott possède un talent fou pour dépeindre les petites gens, un peu comme Bruce Springsteen au début de sa carrière (tout du long de sa carrière, pourrait-on dire, en fait), et si je parle du Boss, c'est parce qu'entre les deux musiciens (amis de longue date), il a longtemps été dit qu'ils étaient rivaux, surfant sur le même genre, mais c'est, au final, Springsteen qui a remporté la palme (un autre rival existait aussi, Bob Seger, j'en reparle bientôt sur le blog via quelques uns de ses albums). D'ailleurs, si les premiers albums de l'un et de l'autre (The Wild, The Innocent & The E Street Shuffle pour le Boss, Lost Generation pour Murphy, il ne s'agit pas de leurs tout premiers albums à l'un et à l'autre, mais leurs deuxièmes, précisément, et sortis à un an de décalage) sont similaires dans la forme et le fond, Springsteen, en 1984, était passéà la vitesse supérieure, du rock musclé et pop (Born In The USA), méritant dès lors totalement son surnom de 'Patron' du rock, tandis que Murphy continuait à sortir de petits albums à la fois rock et folk, touchants et textuellement recherchés et qui, bien entendu, marchaient moins bien, sortaient sur de petits labels (AZ Records), faisaient peu parler d'eux, mais étaient achetés et adulés, en tout cas, par des fans discrets et fidèles.

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Pour les mauvaises langues, Elliott a perdu la bataille contre le Boss, mais il n'y en à jamais vraiment eu une, de bataille (entre le Boss et  Seger, faut voir, Seger ayant toujours été plus rock que Murphy, qui est assez dylanien dans l'âme ; voir, pour Seger, des albums comme Night Moves ou Stranger In Town). En 1984, les deux zigotos ont sorti un disque chacun, et personnellement, entre le rock bien calibré et musclé de Born In The USA et le rock littéraire, dylanien, un peu bohème de Party Girls/Broken Poets, je ne choisis pas, j'adore les deux. Tout ça pour dire que la carrière d'Elliott Murphy mérite amplement qu'on s'y intéresse, car le bonhomme a sorti de ces albums, putain, de ces albums...des trucs totalement géniaux, je pense évidemment àAquashow (1973), àNight Lights (1976)... et ce disque de 1984, bien que moins connu et moins souvent cité qu'eux, mérite vraiment qu'on l'écoute au moins une paire de fois. Ce n'est peut-être pas son meilleur (ce n'est pas son meilleur, en fait), mais c'est un des meilleurs albums de 1984, et de loin.

FACE A

Three Complete American Novels

Winners, Losers, Beggars, Choosers

Doctor Calabash

Blues Responsibility

Saving Time

FACE B

Party Girls And Broken Poets

Like A Rocket

Last Call

Something New

The Streets Of New York

"1984 (For The Love Of Big Brother)" - Eurythmics

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S'il y à bien un groupe qui me pose des problèmes (enfin, problèmes : terme un peu fort...), c'est Eurythmics. On ne présente plus ce duo new-wave/électropop des années 80, constitué d'un couple (divorcé depuis bien des années), la chanteuse Annie Lennox et le multi-instrumentiste Dave Stewart. C'est d'abord sous l'appellation The Tourists que le duo se lance dans la musique, ça sera un bide retentissant. Changeant de formule, ils deviennent Eurythmics, dont le premier opus, In The Garden, sera lui aussi un bide. C'est à partir du deuxième opus, Sweet Dreams (Are Made Of This) de 1983, que le duo commence à cartonner, via la chanson-titre et Love Is A Stranger. Les tubes vont ensuite s'enchaîner, citons au passage There Must Be An Angel (Playing With My Heart) avec la participation de Stevie Wonder, The Miracle Of Love, Here Comes The Rain Again... Avec sa voix grave et son look androgyne (qui, enfant, me foutait un peu les jetons), Annie Lennox a vampirisé les charts dans les années 80. Quand je dis que ce groupe me cause souci, c'est parce que, paradoxal mais vrai, j'adore et je déteste Eurythmics, tout autant. J'adore leurs tubes (et une ou deux chansons peu connues comme The Walk), je déteste leurs albums. Si l'on excepte leurs premières écoutes, je n'ai pour ainsi dire jamais pu aller jusqu'au bout de l'un d'eux, me sentant forcé de stopper l'écoute au bout de la moitié de l'album, ou d'en zapper pas mal de morceaux. Trop datés, trop de morceaux ratés, trop inégaux, les albums du groupe, dans l'ensemble, ne passent pas la rampe. Unique exception, cet album, sorti en 1984, et qui n'est pas vraiment un album du groupe, malgré qu'ils jouent dessus, sur tous les morceaux, et qu'ils l'aient composé en totalité.

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Cet album, c'est une bande originale de film, celle du film de Michael Radford 1984, adaptation du roman du même nom de George Orwell, adaptation sortie donc en 1984, et dans laquelle on retrouve John Hurt, Richard Burton (dans ce qui sera son ultime rôle au cinéma) et Suzanna Hamilton. Le film est génial, mais on est là pour parler de sa bande-son, qui a eu quelques soucis. La production (Virgin Films, filliale cinéma de Virgin Records, le label de Richard Branson, sur lequel Eurythmics était signé) avait confié au groupe/duo le soin de la signer, ce qu'ils feront donc avec cet album de 9 titres, constitué de chansons et d'instrumentaux, long de 39 minutes, et propulsé par un des plus gros tubes du groupe (Sexcrimes (1984), le genre de truc qu'on a beaucoup de mal à virer de sa tête une fois écouté une paire de fois). Mais de son côté, le réalisateur du film fera faire une bande originale pour le film, orchestrale, ne connaissant pas trop l'oeuvre d'Eurythmics et, de surcroît, il n'aurait très certainement pas choisi de confier la bande-son au groupe s'il les avait connus. En résultera des imbroglios du style mais c'est pas la musique que j'ai demandé qui est dans le film !, ou bien pourquoi vous n'avez pas pris ma musique au lieu de la leur ?, enfin, ce genre de joyeusetés. Il me semble qu'au final, on entend un peu du score demandé par Radford dans le film. Tout ceci n'a pas vraiment aidé l'album d'Eurythmics à gagner une bonne réputation ; de fait, l'album est même le plus souvent considéré comme un de leurs pires. Est-ce pour ça que je l'adore ? Mais alors, je l'adore vraiment, ce 1984 (For The Love Of Big Brother) ! Comme je l'ai dit, on a 9 titres, ici, parfois instrumentaux (le très anxiogène Room 101, I Did It Just The Same, Winston's Diary, Ministry Of Love), parfois chanté. Deux singles seront tirés : Julia (une lente et aérienne ballade) qui ne marchera pas très fort dans les charts et, avant ça, le pop et remuant (et très syncopé) Sexcrimes (1984), dont le clip assez hilarant malgré lui montre Eurythmics entouré de musiciens traditionnels, et arborant guitares et basse (et batterie), alors que non seulement, sur le disque, Lennox et Stewart ont tout fait à deux, mais, en plus, Annie Lennox ne joue pas de guitare et/ou de basse, juste des claviers et percussions. C'est Stewart qui joue de tout, grosso modo.

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Fonctionnant très bien comme album de bande-son, certes assez marqué par son époque (1984), cet album renferme quelques excellents morceaux, en plus des deux singles : For The Love Of Big Brother est une longue (5 minutes) chanson assez planante, dotée de vocalises magnifiques ; Room 101 est un instrumental glaçant et remarquable, qui rappellera des souvenirs refroidissants à quiconque ayant vu le film (la salle 101, dans le film, c'est une salle de torture dans laquelle se trouve la pire chose qui soit au monde, et qui varie selon la personne torturée) ; Doubleplusgood, dont le titre est une allusion à un terme de novlangue (l'idiome raccourcissant utilisé dans l'univers crée par Orwell), un morceau quasiment instrumental (les paroles sont Plusgood, doubleplusgood, plusgood, doubleplusgood...) entrecoupé de bribes d'extraits vocaux du film : une voix féminine, sèche, froide, autoritaire, oppressante presque, répétant des consignes de travail et des flashs d'info en novlangue. Musicalement, des percussions un peu africaines et des claviers de toute beauté s'entrecroisent, pour un résultat que Dave Stewart lui-même qualifiera de croisement entre Kraftwerk et Booker T & The MG's avec un peu d'Africa Bambaata. Ce morceau est mon préféré de l'album avec Sexcrimes (1984) (un autre morceau dont le titre est une allusion au novlangue) et Room 101. Et un album que je sais ne pas être immense, et les fans du groupe me diront certainement que ce n'est clairement pas leur meilleur, mais franchement, moi, je l'adore, ce disque, et je n'ai pas honte de le dire !

FACE A

I Did It Just The Same

Sexcrimes (1984)

For The Love Of Big Brother

Winston's Diary

Greetings From A Dead Man

FACE B

Julia

Doubleplusgood

Ministry Of Love

Room 101

A noter que sur cette playlist, le deuxième morceau est proposé dans une version longue de 8 minutes, contrairement à l'album...

"Seven" - Bob Seger

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De son propre avis, il est la seule star du rock capable de se promener dans les rues sans qu'on ne lui fonce dessus pour un autographe, la seule star du rock dont la femme lui dira de tondre la pelouse vu qu'il n'a pas grand chose à faire en ce moment. Son nom ? Bob Seger. Le natif du Michigan  est en effet une rock-star, mais ce rival de Bruce Springsteen n'aura jamais eu vraiment le succès phénoménal du Boss d'Asbury Park, New Jersey. Bob Seger a démarré sa carrière à la fin des années 60. Quand cet album sort en 1974, il en est, comme son titre l'indique, à son septième (le disque s'appelle Seven, ça n'aura échappéà personne), et si l'on excepte Mongrel en 1970 (fait avec son groupe de l'époque, le Bob Seger System) qui avait quelque peu fait lever les sourcils des rock-critics à l'époque en raison de son incroyable niveau, rien n'avait vraiment marqué les esprits. Oui, en effet, on peut citer son sixième opus, Back In '72 (qui date, malgré son titre, de 1973) car il renferme Turn The Page, immense classique segerien et même immense classique tout court, chanson grandiose reprise par Metallica en 1998 sur leur Garage Inc. (double album entièrement constitué de reprises). On peut aussi citer le très méconnu Smokin OP's (de 1972). Mais Seger ne commencera vraiment à avoir du succès, de manière internationale, qu'à partir d'un certain double album live sorti en 1976, Live Bullet. La suite sera à l'avenant, entre Night Moves, Stranger In Town, Against The Wind, Seger livrera de très très bons albums de rock pur et dur, avec son groupe de l'époque, le Silver Bullet Band, groupe qui marque d'ailleurs sa première apparition sur ce Seven anthologique de 1974.

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Le Groupe de la Balle d'Argent est constitué de Drew Abbott (guitare principale), Chris Campbell (basse), Rick Manasa (claviers) et Charlie Martin (batterie) aux côtés de Seger (chant, guitare, claviers). Ces derniers ne jouent pas sur tout le disque, seulement sur trois des neuf titres (notons au passage la très courte durée de l'album, 31 minutes), qui sont Cross Of Gold, U.M.C. (Uppr Middle Class) et All Your Love. Pour le reste, on a Bill Mueller (guitare principale), Chris Campbell (basse) et Randy Meyers sur School Teacher, et pour le reste des morceaux, on a des musiciens de Nashville, endroit où fut enregistré en partie l'album (et en partie à Detroit, ville de Seger) : Kenney Buttrey à la batterie, David Briggs (fameux producteur de Neil Young) au piano, Tom Cogbill à la basse, et on note aussi la participation de Charlie McCoy (guitare rythmique sur deux titres) ou Jimmy McCarty (guitare slide ou principale selon les morceaux). Sous une pochette assez moyenne mais plutôt colorée (les premiers pressages avaient, en bas, une mention 'Contrasts', qui était tout simplement le nom du studio de design ayant fait la pochette, mais sera parfois pris pour la seconde partie du titre de l'album, qui aurait dnc étéSeven Contrasts ; ce n'est pas le cas), Seven est une tuerie de rock à tendance bluesy et, dans l'ensemble, très féroce, quasiment du hard parfois. Seger est un chanteur hors-pair, capable de bien brailler quand il faut. Deux des chansons se retrouveront sur le double live cité plus haut : U.M.C. (Upper Middle Class), qui est très boogie/blues avec son piano, et le totalement furax Get Out Of Denver sous forte influence Chuck Berry (le riff). Le reste de l'album, que cela soit le plutôt calme et bluesy Long Song Comin' ou les teigneux Cross Of Gold et Need Ya, sans oublier la ballade 20 Years From Now et Seen A Lot Of Floors et son solo d'enfer, le reste de l'album donc, est imparable.

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On peut trouver ce disque en CD à l'heure actuelle, mais c'est plus compliqué pour le vinyle. Comme certains autres albums de Bob Seger (Back In '72 est probablement le plus compliquéà se procurer sous ce format, Smoking OP's est rare aussi) datant de son début de carrière, Seven est mythique, et pas le plus évident à dénicher, mais la quête sera amplement récompensée une fois l'album sur la platine ou dans le lecteur, et Get Out Of Denver en train de démarrer. Production efficace (cosignée Seger), morceaux de choix, interprétation bluffante, ce disque n'a qu'un seul défaut, sa courte durée. Et, oui, il est vrai, sa pochette, assez moyenne. Mis à part ça, quelle tuerie, bon Dieu !!

FACE A

Get Out Of Denver

Long Song Comin'

Need Ya

School Teacher

Cross Of Gold

FACE B

U.M.C. (Upper Middle Class)

Seen A Lot Of Floors

20 Years From Now

All Your Love

"A New World Record" - Electric Light Orchestra

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Après un Face The Music (1975) vraiment bon mais que certains jugeront en demi-teinte, Electric Light Orchestra va tout faire péter, en 1976, avec son sixième album en autant d'années (et septième album tout court, en comptant un live en 1974 ; mais je ne compte pas les deux best-ofs sortis entre temps, dont un au nom sympa : Olé ELO) : A New World Record. Intronisant par le biais de la pochette de l'album son nouveau logo (inspiré par celui de la General Electric), logo qui, sur la pochette, est par ailleurs (je parle du vinyle) en gaufré (et les étoiles au verso aussi), c'est à dire en petit relief, ELO va, avec ce disque, connaître un succès monumental, probablement le plus important de sa carrière. 36 minutes (pour 9 titres), après un Face The Music aussi long, ce n'est encore une fois pas un album des plus généreux (mais attendez encore un an, et ELO nous offrira double ration, un double album anthologique, j'en reparle bientôt). Mais c'est, en revanche, un album généreux en ce qui concerne les singles (quatre !) et les classiques (cinq !). Niveau line-up, aucun changement de personnel par rapport au précédent album, ce qui en soit est une bonne chose, ELO se stabilise quelque peu. L'album a été enregistré encore une fois aux studios Musicland de Munich. A sa sortie, le succès sera, comme je l'ai dit, immense, l'album sera disque de platine et un vrai robinet à hits.

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Pensez donc, un album qui s'ouvre sur Tightrope (qui n'est pas un des hits-singles, ceci dit) et se poursuit sur Telephone Line, le jubilatoire et référentiel Rockaria ! et offre, ensuite, des trucs aussi hallucinants que Livin' Thing (élu, en 2006, par le magazine Q, plaisir coupable N°1 en terme de chanson pop), Do Ya (une chanson écrite bien des années plus tôt, pour l'ancien groupe de Jeff Lynne, The Move) et So Fine (avec des harmonies vocales sensationnelles), un tel album ne peut pas passer inaperçu dans les charts. Définitivement, Electric Light Orchestra s'impose ici, 1976 est une des années les plus importantes de ce groupe pop fortement sous influence  des Beatles (mais aussi des Beach Boys, voir Above The Clouds). S'achevant sur un délicat et sublime Shangri-La, propulsé par quatre tubes pop absolument dantesques, A New World Record n'a qu'un défaut, celui de ne durer, comme son précédent qui parvenait presque à son niveau, que 36 petites minutes. Pas mal de synthétiseurs ici (tenus par Lynne et Richard Tandy essentiellement), ce qui évidemment modernise pas mal le son du groupe, qui finira par sonner proto-disco parfois (Discovery, 1979).

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La tournée mondiale de l'album marchera très fort, et le groupe entrera à nouveau en studio peu après, pour accoucher du successeur de cet album de folie : Out Of The Blue, double album absolument quintessentiel, 17 titres renvoyant les 9 de A New World Record cueillir des fleurs dans un champ (et pourtant, ils sont immenses, les 9 titres de cet album). J'en reparlerai très bientôt ici, bien entendu, je dirai juste à son sujet que cet album, quand je l'ai écouté pour la première fois (en CD), m'a tellement tué que je me le suis payé en vinyle (d'époque) très peu de temps après, ce qui est au final assez rare pour être signalé. Pour en revenir à A New World Record, ce disque est donc culte, mythique aussi bien pour sa pochette qui représente pour la première fois le logo du groupe, un logo très culte et connu,  qui reviendra dès lors souvent sur leurs pochettes (rien que celle de Out Of The Blue représente un gros vaisseau spatial aux formes et couleurs du logo) que pour ses morceaux qui, de Rockaria !àShangri-La en passant par Mission (A World Record) et Livin' Thing, assurent totalement. Et cette production, certes un peu chargée parfois (la carte de visite du groupe), mais si jouissive... Un immense album. Quand on pense que le suivant est encore plus réussi...

FACE A

Tightrope

Telephone Line

Rockaria !

Mission (A World Record)

FACE B

So Fine

Livin' Thing

Above The Clouds

Do Ya

Shangri-La


"In Absentia" - Porcupine Tree

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Porcupine Tree est un groupe de rock progressif anglais (avez-vous d'ailleurs remarqué que dans la grosse majorité des cas, les meilleurs groupes de rock progressif sont de cette nationalité ?) fondé en 1987. C'est en 1991 que le groupe de Steven Wilson (chant, guitare) sort son premier album, On The Sunday Of Life... (avant cela, ils avaient sorti quelques albums sur des K7 audio autoproduites). Au fil des années, le groupe publiera plusieurs albums, celui que j'aborde ici (pour la deuxième fois depuis 2010, mais ma précédente chronique était décevante, trop courte) étant le septième opus studio du groupe, sorti en 2002. A ce moment, Porcupine Tree, c'est Steven Wilson (chant, guitares, banjo, claviers), Richard Barbieri (claviers divers), Colin Edwin (basse) et Gavin Harrison (batterie et percussions). Cet album de 2002, sorti sous une très inquiétante (et assez connue) pochette signée Lasse Hoile, s'appelle In Absentia. Produit par Wilson, c'est un disque tenant tout autant du rock progressif que du metal, et c'est même, sauf erreur de ma part, la première incursion du groupe dans le metal progressif. Certaines des 12 chansons (pour un total de 68 minutes passant comme une lettre à la Poste) sont en effet assez musclées, violentes.

Porcupine Tree - In Absentia - Back

Certains des thèmes de l'album aussi sont violents, on y parle notamment de serial killers et de la fin de l'innocence. C'est un disque que l'on ne saurait qualifier de léger et pop. C'est bien simple, ce disque me fait penser au The Downward Spiral de Nine Inch Nails, en version progressive, en plus 'musical' (Nine Inch Nails étant un 'groupe' de rock industriel), mais en au moins aussi sombre. Ce qui ne l'empêche pas d'être, parfois, beau à craquer, essentiellement par la force des harmonies vocales, de la voix de Steven Wilson et des mélodies. Gravity Eyelids, tout du long de ses presque 8 minutes (le morceau le plus long, pas de beaucoup), est d'une beauté totale. The Sound Of Muzak est géniallissime, quasiment pop ; elle passerait presque à la radio, et son refrain est inoubliable. A côté de celà, l'instrumental Wedding Nails est une buterie métallique à faire pâlir d'envie Marilyn Manson, et Blackest Eyes, qui ouvre l'album, offre quelques passages bien musclés. Idem pour Strip The Soul et Trains. Si la première écoute de l'album est  souvent du genre réjouissante (amateurs de bon gros son, vous allez kiffer si vous ne connaissez pas encore), c'est au fil du temps qu'In Absentia se révèle, progressivement, et je ne peux que vous conseiller de lire les paroles des chansons, heureusement présentes donc dans le livret, tout en écoutant le disque. Même pour les morceaux qui en possèdent le moins (.3 et Lips Of Ashes), elles valent le coup.

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Difficile de dire quelle est la meilleure chanson ici, probablement Gravity Eyelids ou The Sound Of Muzak (ou Strip The Soul ?), mais au final, toutes sont absolument dantesques, faisant de cet album de Porcupine Tree non seulement leur meilleur, mais aussi un des tous meilleurs albums de son époque. Grand roller coasterémotionnel, passant de la furie métallique à des passages plus aériens, s'ouvrant sur un Blackest Eyes jubilatoire et s'achevant sur un Collapse The Light Into Earthà faire frémir devant tant de beauté et de mélancolie (ce piano...), In Absentia est un chef d'oeuvre absolu, total, complet, un disque immense qui, malgré qu'il dure plus d'une heure, n'est à aucun moment ennuyeux et longuet. Rien à retirer ici. A noter que l'édition européenne de l'album, ou plutôt une réédition sortie en 2003, propose un second disque comprenant trois morceaux supplémentaires qui, bien que moins immenses que le reste, sont tout de même du très bon niveau.  Amateurs de rock progressif, de rock un peu teigneux, amateurs de rock tout court, je ne peux que vous conseiller ultra ardemment cet album inoubliable. Le Pet Sounds de son époque, malgré que les deux albums ne boxent pas dans la même catégorie.

Blackest Eyes

Trains

Lips Of Ashes

The Sound Of Muzak

Gravity Eyelids

Wedding Nails

Prodigal

.3

The Creator Has A Mastertape

Heartattack In A Layby

Strip The Soul

Collapse The Light Into Earth

"Fugazi" - Marillion

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Amateurs de rock progressif qui désespériez de ne pas trouver un seul article sur ce groupe pourtant phare du genre, réjouissez-vous, voici que Marillion déboule sur le blog ! Je sais, je sais, il aurait été foutralement plus logique de commencer par parler du premier album de ce groupe anglais, Script For A Jester's Tear (1983), mais c'est avec le deuxième album, sorti en 1984 sous une des plus belles pochettes du rock progressif (selon l'avis de pas mal de monde) et baptiséFugazi, que j'ai préféré démarrer, étant donné que j'ai découvert Marillion avec lui. "Fugazi" est une expression qui viendrait des soldats américains durant la guerre du Vietnam, et qui signifiait, quand on utilisait cette expression (un acronyme anglophone, je le décrirai ensuite) au sujet d'un soldat, qu'il était mort : Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In ('foutu, tombé dans un traquenard et a terminé sa course dans un sac à zip'). Le même genre d'expression acronyme que SNAFU (Situation Normal : All Fucked Up) qui pullulait dans l'armée ricaine. Si le groupe a choisi cette expression, ce n'est pas pour dire que tout foutait le camp dans le groupe à l'époque (compte tenu que c'est juste leur deuxième album, ça aurait été dramatique, vu la longévité de Marillion et le fait que leur chanteur de l'époque, Fish, restera jusqu'en 1988, que ça commence à partir en couilles dès le départ !), mais probablement pour la sonorité du mot. Concernant le groupe, il est à l'époque constitué du chanteur Fish, donc, du guitariste Steve Rothery, du bassiste Pete Trewavas, du claviériste Mark Kelly, et du batteur...mais c'est un peu compliqué.

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En même temps, il y aura quand même des tensions durant l'enregistrement : le premier batteur du groupe, Mick Pointer, s'en va une fois le premier album sorti, et il est remplacé par le batteur de Camel (groupe de rock progressif des 70's : Moonmadness...), Andy Ward, mais ce dernier, alcoolique apparemment, ne fera pas l'affaire, et on le remplacera par John Martyr, qui ne convainc personne dans le groupe et sera remplacé, au bout de quelques concerts, par Jonathan Mover, un inconnu. Mais entre lui et le chanteur du groupe, Fish (de son vrai nom William Derek Dick), rien ne va plus, et Fish menace de se barrer si Mover reste, donc...Mover va mover, et est remplacé par Ian Mosley, lequel est, à l'heure actuelle, toujours dans le groupe. Et l'enregistrement de Fugazi, repoussé jusque là par Fish, démarre. L'album sortira en 1984 donc, et est constitué de 7 titres (pour un total de 46 minutes) qu'on imagine, dans l'ensemble, plutôt longs. Comme je l'ai dit plus haut, sa pochette est magnifique, et représente le Jester  (personnage emblématique de Marillion) allongé quasiment à poil sur un lit défait dans une chambre en bordel (on distingue notamment des pochettes de disques, celles des albums Over et Fool's Mate de Peter Hammill ; un caméléon ; une TV allumée et de laquelle dépasse une sorte de bras de créature ; un petit train en bois ; un exemplaire du journal musical Billboard ; une chaussure à talon de femme ; un tableau représentant un clown...). La pochette représente le réveil difficile d'une rock-star en pleine débauche. On a, sur cette pochette, des allusions aux chansons, notamment She Chameleon (le caméléon), Punch And Judy (une pochette de single avec ce nom dessus, et aussi le Guignol, dont Punch & Judy est l'équivalent anglophone), Jigsaw (un puzzle)... On a même, via la pie, une allusion aux Beatles et à leur Blackbird !

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Au sujet de Fugazi, les critiques sont partagés : tout en ayant été un bien plus gros succès que le précédent opus, et tout en étant une belle réussite dans le genre, il n'est généralement pas considéré comme un sommet de Marillion ; on estime en effet que le groupe n'a pas su évoluer, progresser (or, c'est du rock progressif, après tout !) depuis Script For A Jester's Tear. L'album suivant, Misplaced Childhood (1985), allait en revanche mettre tout le monde d'accord. Mais Fugazi est tout de même un excellent album, et il recèle de grands moments : Jigsaw en est selon moi le sommet, mais Assassing, Incubus et Fugazi (en fait, toute la face B est géniale) sont également superbes. Le timbre de voix de Fish n'est pas sans rappeler celui de Peter Gabriel, avis donc aux amateurs qui ne connaissent pas encore Marillion (du moins, le Marillion des années 1983/88, car après, Fish partira pour ne plus revenir, et les chanteurs permuteront souvent). La guitare de Rothery, qui a livré cette année un album solo instrumental magistral (The Ghosts Of Pripyat), est sublime, les compositions sont efficaces, bien écrites... Sorte de Genesis en plus musclé et 'moderne' (un peu le Genesis de l'ère Gabriel si celle-ci avait eu lieu dans les années 80 plutôt que 70), Marillion, dont le nom vient de Tolkien (Le Silmarillion), livre donc ici un excellent album, peut-être pas le meilleur, mais un de mes préférés avec le bien plus récent Marbles (2004), un album plus moderne, avec un autre chanteur, et bien plus proche du rock néo-prog à la Porcupine Tree que du rock progressif à l'ancienne. Album que j'aborderai ici bientôt, même si d'autres Marillion (je pense àMisplaced Childhood ou Clutching At Straws) le seront ici aussi un jour ou l'autre... Je précise pour finir que je n'ai jamais été un fan de ce groupe : j'aime bien certains albums (comme pour Rush), mais je ne le citerai jamais dans mes groupes favoris.

FACE A

Assassing

Punch And Judy

Jigsaw

Emerald Eyes

FACE B

She Chameleon

Incubus

Fugazi

"Octopus" - Gentle Giant

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Sous cette belle pochette signée Roger Dean (auteur notamment des splendides pochettes d'albums de Yes : Fragile, Close To The Edge...), voici que se pointe le quatrième album de Gentle Giant, groupe de rock progressif anglais des années 70. Un groupe assez peu représentatif du prog-rock que le Gentil Géant, quand on y pense, car là où les autres groupes du genre (Yes, Emerson, Lake & Palmer, Genesis, Camel, Van Der Graaf Generator et bien entendu King Crimson) avaient l'habitude de livrer des albums avec de longs morcaux de 10 ou 20 minutes, parfois même des morceaux tellement longs qu'ils occupaient une face entière ou même plus d'une face entière (Karn Evil 9 d'Emerson, Lake & Palmer), et que ces mêmes groupes faisaient, parfois, des doubles albums, Gentle Giant, eux, se restreignaient à des albums simples et à des chansons, le plus souvent, courtes, moins de 10 minutes. Par contre, ils ont parfois fait des trucs assez expérimentaux (Acquiring The Taste, Interview). Pas sur ce disque, en revanche, car ce quatrième opus du groupe, Octopus, ne dure que 34 petites minutes, et ses 8 titres font tous moins de 6 minutes (le plus long atteint presque cette durée, mais il est bien le seul, et de loin, les autres faisant, en gros, 4 minutes). Admettez que pour du rock progressif, surtout en cette année 1973 riche en disques bien chargés dans le genre (Brain Salad Surgery, Tales From Topographic Oceans...), une telle sobriété ne peut qu'étonner !

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Toujours au sujet de la belle pochette représentant une gigantesque pieuvre, apprenez que l'édition américaine de l'album (publiée sur Columbia Records au lieu de Vertigo) en proposait une autre, de pochette, celle de la photo ce-dessus, une pochette tout aussi dans le ton que l'originale quant au titre de l'album, mais elle est nettement moins belle, n'est-ce pas ? L'album s'appelle donc Octopus, mais n'allez pas croire que c'est un disque conceptuel sur une pieuvre, la mer ou les mythes marins. Octopus n'est pas un album conceptuel du tout du tout du tout. Si l'album s'appelle ainsi, c'est parce qu'il est...constitué de huit morceaux (octo opus en latin) ! Le titre a été simplifié en virant un 'o', et le visuel de la pochette est venu tout seul. Voilà. Un peu trompeur, un peu frustrant, mais rassurez-vous, l'album est absolument génial dans son genre, c'est même le sommet du groupe. On y trouve notamment, et en ouverture d'ailleurs, un nouveau morceau en allusion aux romans de Rabelais (après The Nativity Of Pantagruel sur Acquiring The Taste), en l'occurrence The Advent Of Panurge. Encore une fois, quoi de plus logique que de parler de Rabelais quand on porte un nom de groupe aussi éloquent ? River (le morceau le plus long) est une pure merveille, ainsi que Knots et Raconteur, Troubadour. Tous les morceaux ne parlent pas forcément de thèmes chers à l'univers du rock progressif : The Boys In The Band est une ode aux roadies de Gentle Giant !

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Un disque vraiment bluffant, certes très court, trop court (quand on pense que la majorité des morceaux, ici, durent 4 minutes ou un peu moins, on se dit que certains d'entre eux n'auraient pas été moins bons avec une durée plus étendue...enfin, c'est comme ça...), mais qui ne renferme que de grands moments de rock progressif à l'ancienne. La production (signée du groupe, et non plus de Tony Visconti) est un petit peu datée, surtout que le transfert en CD a été fait très simplement, sans grande remastérisation avec bonus-tracks et livret épais rempli de photos et de texte. C'est du sobre, du classique. Certes, le son a pris de l'âge, mais quand la musique est bonne (bonne, bonne), franchement, on prend du plaisir, et si vous aimez le rock progressif, Octopus est un vrai essentiel du genre, àécouter absolument !

FACE A

The Advent Of Panurge

Raconteur, Troubadour

A Cry For Everyone

Knots

FACE B

The Boys In The Band

Dog's Life

Think Of Me With Kindness

River

"Out Of The Blue" - Electric Light Orchestra

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Il est maintenant temps de parler du magnum opus d'Electric Light Orchestra : Out Of The Blue. J'attendais depuis des jours, depuis la rédaction de la chronique de On The Third Day (le premier album d'ELO abordé ici, et leur troisième opus, sinon), de pouvoir, enfin, parler plus longuement de ce que j'ai, mis à part ça, décrit rapidement, quasiment dans chacune des précédentes chroniques d'albums du groupe, comme étant leur chef d'oeuvre. Si Out Of The Blue, sorti en 1977 sous la forme d'un double album (17 titres pour un total de 70 minutes ; tout tient désormais sur un seul CD, auquel quelques bonus-tracks ont été rajoutés au passage) est leur chef d'oeuvre, ce n'est pas parce que c'est le double, enfin, pas que pour ça (l'ensemble est d'un niveau jouissif, et si le disque n'avait été que simple, ça aurait été un vrai crêve-coeur pour le groupe, sans aucun doute, d'avoir du en virer la moitié des titres pour ça). On sent ici la pleine maîtrise de leur art. Ce qui était déjà bien palpable sur l'écrin à hits qu'était A New World Record (1976) est ici totalement confirmé : ça y est, Electric Light Orchestra est énorme, énôôrme, hénaurme même. Avec les Wings de Paul McCartney (qui, en cette même année, publient le single Mull Of Kintyre), on tient le plus grand groupe pop de la décennie. Les deux groupes ont été fondés à peu près en même temps (1971 pour leurs premiers opus) et connaîtront le nadir en même temps aussi (1979 : fin des Wings ; et publication, pour ELO, de Discovery, album ma foi très très correct, mais marquant clairement le début d'une inévitable et terriblement longue descente, aucun album ensuite ne sera réussi et digne qu'on parle encore de lui en 2015). Inutile aussi de rappeler (même si je le fais quand même) qu'entre les Wings et ELO, il existe un lien : les Beatles, groupe dont Jeff Lynne, leader d'ELO (chant, guitares, claviers, composition, production), est fan, et dont il produira un des membres (George Harrison, entre 1987 et la fin de sa vie).

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C'est en partie parce qu'il est double, et en partie parce que rien, ici, n'est ne serait-ce que moyen, et aussi en partie parce que c'est le dernier disque majeur du groupe, et aussi en partie parce qu'il contient 7 immenses morceaux parmi les 17 grands morceaux qu'on y trouve, qu'Out Of The Blue est le sommet de la bande à Jeff Lynne et Richard Tandy (claviers). L'album est sorti sous une pochette de pleine science-fiction montrant un gigantesque vaisseau spatial aux couleurs du logo du groupe (logo ayant fait sa première apparition sur la pochette de l'album précédent), vaisseau circulaire au-dessus de la Terre (visible au verso) et dans lequel une fusée elle aussi arborant le logo d'ELO entre par un sas. A l'intérieur de la pochette ouvrante, l'intérieur du vaisseau, avec les différents membres du groupe (photo plus bas). On sent que l'album sera aventureux et riche rien qu'à regarder son artwork, et on ne se trompera pas. Ce disque est une cathédrale, un Paradis pop absolu qui, de Turn To StoneàWild West Hero en passant par sa complète face C proposant un Concerto For A Rainy Dayen quatre mouvements (le dernier de ces morceaux est l'immense, culte et très connu Mr. Blue Sky, que SFR utilisera comme musique de ses publicités il y à une dizaine ou douzaine d'années), et ce, sans oublier Jungle, Sweet Talkin' Woman et le remuant Birmingham Blues (Birmingham est la ville de Lynne), vous transporte dans l'univers chatoyant, sublimement produit, et très varié, d'Electric Light Orchestra.

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C'est difficile de décrire l'album, il faudrait passer au crible chacun des 17 morceaux, et ça risquerait de tuer dans l'oeuf la jubilation que l'on ressent à l'écoute d'un tel phénomène. Quand on pense que ce disque est sorti en pleine année punk, l'année des albums autoproduits (ou produits à la rapide, comme le Dead Boys ou le Clash), on peut se demander comment un tel disque, qui représente exactement tout ce que les punks détestaient (ELO a fait partie, avec Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, des groupes sur lesquels les punks chiaient, métaphoriquement parlant, à longueur de journée), a fait pour cartonner autant. Mais 1977 est aussi l'année du AJA de Steely Dan et du Rumours de Fleetwood Mac, autres triomphes pop (et jazzy pour le premier cité). En tout cas, avec ce double album anthologique, ELO s'impose définitivement comme un très grand. Dommage pour eux que ça soit leur dernier sommet, même s'ils ne pouvaient pas le savoir. Dès l'album suivant, Discovery en 1979, Electric Light Orchestra s'enfoncera progressivement dans une mélasse pop de plus en plus caricaturale, le groupe essayant sans cesse de refaire le coup d'Out Of The Blue, en plus new-wave/proto-disco, et ça foirera lamentablement à chaque fois. Discovery aura pour lui quelques chansons imparables (j'en reparle bientôt et ça sera ma dernière chronique sur ELO, du moins pour le moment), mais rien qui soit capable de faire oublier n'importe laquelle (même le court Believe Me Now d'1,20 minute) des 17 chansons de ce double album magistral et culte de 1977.

FACE A

Turn To Stone

It's Over

Sweet Talkin' Woman

Across The Border

FACE B

Night In The City

Starlight

Jungle

Believe Me Now

Steppin' Out

FACE C

Concerto For A Rainy Day :

Standin' In The Rain

Big Wheels

Summer And Lightning

Mr. Blue Sky

FACE D

Sweet Is The Night

The Whale

Birmingham Blues

Wild West Hero

"The Nightfly" - Donald Fagen

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Ce disque sorti  l'année de ma naissance (soit 1982) devrait, selon toute logique, plaire à toute personne aimant Steely Dan, et notamment la période 1977/80 du groupe (les albums AJA et Gaucho). Pourquoi ? Bikoze le principal intéressé ici, l'auteur de ce disque, n'est autre que Donald Fagen, lequel est l'une des deux personnes se cachant derrière cette incroyable entité pop/rock qu'est Steely Dan (l'autre personne est Walter Becker, lequel resplendit par son absence sur cet album, ceci dit). Entité pop/rock ? Pourquoi pas 'groupe' comme d'ordinaire ? C'est que Steely Dan n'a jamais vraiment été un groupe. Enfin si, au tout début : le groupe, qui tire son nom du Festin Nu de William Burroughs (Steely Dan, Dan Bras-De-Fer en VF, n'est autre qu'un...godemiché dans le roman ! Si, si !), a été fondé au tout début des années 70 par le chanteur/claviériste Donald Fagen et le guitariste/bassiste Walter Becker, tous deux de vrais musicologues au fort tempérament, à l'humour redoutable, au cynisme triomphant et au pointillisme musical frisant l'absolu. Demandez aux innombrables musiciens ayant joué sur les albums du groupe, ces mecs pouvaient rapidement être de vrais chieurs, du genre à chercher le moindre défaut pour l'effacer, à chercher la perfection. Le premier opus du groupe, Can't Buy A Thrill en 1972, est le seul sur lequel on entend aussi une autre voix que celle de Fagen : celle de David Palmer, chanteur principal, alors, du groupe. On entend aussi le batteur Jim Hodder chanter sur un titre, ce qui restera cas unique dans le groupe. Les deux autres membres du groupe sont Denny Dias et Heff 'Skunk' Baxter, aux guitares, et Becker tient la basse seulement. Après ce disque, Palmer est remercié, Fagen devient le seul chanteur, ce qu'il ne voulait pas vraiment à la base. Encore deux disques seront faits (Countdown To Ecstasy, 1973 ; Pretzel Logic, 1974), peu représentés sur scène car le groupe n'aime pas trop les concerts, avant que Becker et Fagen ne décident de virer Baxter, Dias et Hodder, estimant que tout compte fait, il vaudrait mieux que Steely Dan devienne un duo. Après tout, ils ne font pas de concerts, et on trouve à Los Angeles tellement de pointures telles que Jeff Porcaro, Larry Carlton, Steve Gadd ou Chuck Rainey, alors autant les utiliser. D-s 1975 et Katy Lied, le Dan devient donc exclusivement Becker et Fagen entourés de musiciens de studio. Le ton du 'groupe' devient de plus en plus jazzy avec The Royal Scam (1976), complètement jazz avec AJA (1977) et Gaucho (1980, sur lequel on entend, sur deux titres différents, Rick Derringer et Mark Knopfler). Le groupe, en cette année 1980, décide de stopper là leur carrière en commun, ne reformant le groupe que courant des annés 90 pour des concerts, puis début des années 2000 pour deux albums.

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C'est en 1982 que Fagen se lance en solo avec The Nightly, disque de pop à tendance très jazzy, à la production (signée Gary Katz, producteur de tout Steely Dan) léchée, classieuse et totalement similaire à celle des deux précédents opus du groupe. Walter Becker, comme je l'ai dit, ne joue pas dessus, n'est même pas crédité (les deux se seraient légèrement fâchés à l'époque, rien de grave). Il n'y à que l'absence de l'autre fondateur de Steely Dan qui empêche The Nightfly d'être un disque de Steely Dan, parce que sinon, c'est vraiment, tout du long des 8 titres et 38 minutes de l'album, similaire. Gros succès à sa sortie, le disque est sorti sous une des plus belles pochettes d'albums de son époque, une photo noir & blanc classieuse de Fagen en bras de chemise, assis face à une platine dans un studio de radio, un antique micro en main, une clope dans l'autre. Un DJ à l'ancienne, un annonceur radio comme dans les années 50 voire même avant. La photo semble d'ailleurs dater de cette période, ce qui n'est évidemment pas le cas. L'album aligne les merveilles du début à la fin et a été enregistré avec de vraies pointures, encore une fois, que je vais citer en vrac (selon les morceaux, comme pour Steely Dan, ça change de line-up) : Greg Phillinganes, Hugh McCracken, Jeff Porcaro, Dave Bargeron, Michael Omartian, Larry Carlton, Marcus Miller, Michael et Randy Brecker, Chuck Rainey, Steve Khan, Dean Parks, Rick Derringer... Ce vol de nuit (titre de l'album) a été fait en compagnie d'un équipage d'élite !

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Monsieur Sourire

Je n'ai ps encore cité le moindre morceau sur The Nightfly, j'ai juste précisé qu'il y en avait 8. Pourquoi essayer de décrire l'album ? Ca ne servirait à rien. Non, ce n'est pas par fainéantise que je fais ça, mais franchement, entre la chanson-titre, The Goodbye Look, New Frontier, Maxine et I.G.Y. (pour International Geographical Year), sans oublier la seule et unique reprise de l'album (Ruby Baby), c'est difficile de dire quelle est la meilleure chanson. I.G.Y. est probablement ma préférée, car elle ouvre magistralement l'album, prend le temps de s'installer sur 6 minutes, mais tout The Nightfly est une pure merveille de jazz/pop qui ravira, je le redis, les amateurs de Steely Dan ne le connaissant pas encore (ceci dit, si vous êtes fan du groupe, à mon avis, vous connaissez déjà cet album, d'autant plus qu'il est : a) très connu, et b) la continuité même de Steely Dan, le passage obligé), et surtout celles et ceux qui ont aiméAJA et Gaucho, clairement les deux oeuvres du Dan qui ressemblent le plus à ce The Nightfly anthologique et sublime. Une merveille de jazz/pop, tout simplement, et un des meilleurs albums des années 80, pas seulement de 1982.

FACE A

I.G.Y.

Green Flower Street

Ruby Baby

Maxine

FACE B

New Frontier

The Nightfly

The Goodbye Look

Walk Between Raindrops

"The Joker" - Steve Miller Band

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Vous ne connaissez peut-être pas forcément le Steve Miller Band, ou son leader/chanteur Steve Miller, mais au moins, vous devez déjà avoir entendu sa chanson The Joker. Le Steve Miller Band est un groupe de rock américain à tendance country/psyché/blues, fondé en 1966, et qui a accueilli en ses rangs, parfois le temps d'un album seulement, des pointures telles que Boz Scaggs, Jim Keltner, Charlie McCoy, Gary Mallaber ou 'Sneaky' Pete Kleinow. Cet album, sorti en 1973, est leur huitième, et on y trouve, autour de Miller (chant, guitares) : Gerald Johnson (basse, chant occasionnel), John King (batterie) et Dick Thompson (claviers). 'Sneaky' Pete Kleinow, justement, participe sur ce disque (sur le dernier morceau, à la pedal-steel guitar), ainsi que Lonnie Turner (basse sur l'avant-dernier titre). Cet album, qui cartonnera à sa sortie et est même considéré comme le breakoutalbum pour le groupe (autrement dit, l'album les ayant fait mondialement révéler), s'appelle The Joker. C'est bien évidemment sur cet album que l'on trouve cette fameuse chanson du même nom, la plus connue, et de loin, du Steve Miller Band, et que, je pense, tout le monde a déjà du entendre au moins une fois, que cela soit dans sa version originale ou dans une quelconque reprise par un groupe de balloche populaire type 14-juillet/feu de la Saint-Jean/fête de la musique. Oui, la chanson est connue à ce point. Elle est tout aussi mythique que le sont More Than A Feeling de Boston, Walk On The Wild Side de Lou Reed, Dust In The Wind de Kansas ou Stairway To Heaven de Led Zeppelin.

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Verso de pochette

Sous sa pochette assez amusante au recto et quelque peu flippante au verso (enfin, flippante...surprenante quand on la voit pour la première fois, disons !) et qui est considérée comme une des 100 plus réussies par le magazine Rolling Stone (personnellement, j'ai du mal àêtre de leur avis, mais bon...), The Joker est donc sorti en 1973. C'est un disque de blues-rock à tendance parfois vaguement country, proposant 9 titres (pour un total de 36 minutes) dont deux sont, c'est intéressant à noter, enregistrés live au cours d'un concert donné au Tower Theatre de Philadelphia : Come On In My Kitchen (une reprise d'un standard de blues signé du légendaire Robert Johnson) et Evil (signé Miller, c'est sur ce disque que Lonnie Turner joue de la basse à la place de Gerald Johnson). Le reste est enregistré en studio. J'ignore pourquoi ces deux titres live se retrouvent sur l'album, au milieu de la face B,et non pas en final d'une des faces. Sans doute que le groupe n'avait pas suffisamment de morceaux studio pour faire un disque d'une longueur acceptable (si on retire ces deux morceaux live, l'album ferait environ 27 minutes, ce qui serait vraiment court, mais on connaît des albums aussi courts que ça, même si en 1973, ce n'était plus trop la norme) L'ensemble de l'album est produit par Miller.

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Intérieur de pochette ouvrante

On y trouve, en plus de ce The Joker remarquable utilisant un mot inventé pour l'occasion (pompatous) et ayant été littéralement bombardé comme des missiles sur les ondes radio du monde entier, d'autres excellentes petites chansons de blues-rock, comme Something To Believe In, Sugar Babe ou Your Cash Ain't Nothin' But Trash. Les deux titres live sont ma foi vraiment bons, mais tout le disque n'est pas du niveau de The Joker, loin de là même. On tient ici précisément l'exemple de l'album propulsé par un hit-single de folie (encore une fois, cette chanson, ce fut vraiment quelque chose), mais qui semble avoir été fait pour recouvrir ce tube potentiel d'autres chansons afin de faire, justement, un album viable. Certaines chansons comme Shu Ba Da Du Ma Ma Ma Ma (ce titre...), Lovin' Cup ou Mary Lou ne sont pas particulièrement remarquables, rien de honteux, mais rien de vraiment jouissif. C'est potable, sans plus. Et même parmi les excellentes chansons citées plus haut (Sugar Babe, notamment), aucune n'est, je le redis, du niveau de la chanson-titre. The Joker est typiquement l'album d'un tube, c'est d'ailleurs un peu le cas du Steve Miller Band, essentiellement connu pour cet album et surtout pour cette chanson au rythme plan-plan et enivrant. Cet album, pour le groupe, c'est un peu comme leur premier opus éponyme (avec More Than A Feeling) pour Boston. On l'écoute sans aucun déplaisir, mais si on retire sa chanson-phare, rien n'est digne de faire figurer ce disque dans les best-sellers (alors que ç'en est un). L'album suivant du groupe, Fly Like An Eagle de 1976, est plus réussi, je l'aborderai d'ailleurs bientôt. The Joker, quant à lui, est un très bon album dans son genre, mais un peu surestimé quand même.

FACE A

Sugar Babe

Mary Lou

Shu Ba Da Du Ma Ma Ma Ma

Your Cash Ain't Nothin' But Trash

FACE B

The Joker

Lovin' Cup

Come On In My Kitchen

Evil

Something To Believe In

"I Sing The Body Electric" - Weather Report

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On va reparler un peu de jazz sur le blog, ça faisait vachement longtemps. De jazz-rock, pour être précis, enfin, de jazz-fusion encore plus précisément. Le Bulletin Météo, ça vous parle ? Pardon, on va les appeler par leur nom anglophone et véritable, si ça ne vous fait rien (non ? Merci) : Weather Report. Ce groupe est mythique. Il a été fondé au tout début des années 70 (leur premier album, éponyme, date de 1971) par deux pointures du jazz ayant oeuvré notamment pour Miles Davis, et il me semble d'ailleurs que c'est en bossant ensemble sur les albums de Miles (In A Silent Way, Bitches Brew) qu'ils se sont rencontrés...ou en tout cas, que l'idée de Weather Report leur viendra. L'un des deux est le saxophoniste Wayne Shorter, toujours en activité. L'autre est le claviériste Joseph 'Joe' Zawinul, de nationalité autrichienne, mort hélas en 2007. Le duo s'entoure de musiciens qui, s'ils ne sont pas tous aussi connus qu'eux, sont cependant de vraies pointures eux aussi : le bassiste/contrebassiste Miroslav Vitous,le percussionniste Airto Moreira et le batteur Alphonse Mouzon (personnel du premier album). Rapidement, ces deux derniers s'en vont, et sont remplacés par, respectivement, Dom Um Romao et Eric Gravatt. Le groupe sort, en 1972, deux albums, l'un d'entre eux est un double live (Live In Tokyo) qui, à l'époque, ne sortira qu'au Pays du Soleil Levant (désormais, on trouve le double CD assez facilement), et le deuxième, lui, sortira mondialement (en fin du mois de mai), et est donc le deuxième opus du groupe. Il est à la fois live et studio, sa face B proposant trois séquences issues des concerts nippons de janvier 1972 ayant donné le double live ! La face A, elle, est donc entièrement enregistrée en studio, en novembre 1971.

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Le titre de l'album rappellera des souvenirs aux lecteurs de science-fiction, et notamment aux fans de Ray Bradbury (j'en fais partie), car il s'agit aussi du titre d'un de ses recueils de nouvelles (et d'une de ses nouvelles incluse dans ledit recueil). Il s'agit surtout, à la base, d'une citation issue d'un poème de Walt Whitman datant de 1855. Cet album s'appelle donc I Sing The Body Electric.  En français, ça donne donc "Je Chante Le Corps Electrique", pour l'anecdote. L'album est sorti sous une pochette bleutée assez bizarre, on y voit un homme apparaissant comme sous l'effet de rayons X, on y voit son squelette au travers de sa peau, et certaines parties de son corps (tête, coeur) sont remplacés par des organes similaires, mais artificiels. Un homme robotisé, en somme, ce qui est, d'ailleurs, le sujet de la nouvelle de Bradbury (le recueil date de 1969) portant le même titre : une société fabrique des robots de personnes disparues et chères aux familles, afin de combler le vide de leur disparition (les héros de la nouvelle, des enfants, retrouvent ainsi une grand-mère, robotisée certes, mais grand-mère aimante quand même). Fin de la digression littéraire, car mis à part son titre et, à la rigueur, sa pochette, l'album de Weather Report n'a aucun lien avec Bradbury, aucun. On tient ici, en revanche, un grand disque de jazz-fusion, 47 minutes (et 8 titres) absolument remarquables. Rien que les deux premiers morceaux de l'album, le sinistre et envoûtant Unknown Soldier (8 minutes) et le plus relaxant (et court : moins de 5 minutes) mais tout de même assez étrange The Moors, sont d'un niveau tel qu'ils font de I Sing The Body Electric un chef d'oeuvre du genre, d'entrée de jeu, et on parle d'un groupe ayant aussi (en 1976 précisément, pour les deux albums) ces deux disques anthologiques, fleurons absolus du genre, Black Market et Heavy Weather (tous deux avec le bassiste et percussionniste Jaco Pastorius, qui arrivera dans le groupe en 1976 justement).

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Cependant, si vous ne connaissez de Weather Report que ces deux albums anthologiques, I Sing The Body Electric vous surprendra quelque peu, on est ici plus proche des albums de fusion de Miles Davis (Bitches Brew, surtout) que de ces futurs albums de ce que l'on appellera vulgairement de la fusion jazz/funk/world. Assez atmosphérique sur sa première face (Second Sunday In August), Weather Report offre sa face 'musclée' sur sa seconde, la face live, trois morceaux captés au cours de concerts japonais de janvier 1972 qui furent diffusés à la radio nippone (et un double Live In Tokyo de seulement 5 titres sortira donc la même année, uniquement au pays de Zatoïchi, enfin, jusqu'à ce qu'il sorte en CD dans les années 2000 et soit commercialisé partout sous ce format). Là, c'est du lourd, et notamment les quasi-11 minutes du Medley : Vertical Invader/T.H./Dr. Honoris Causa. Le son est remarquable, la performance, anthologique, incendiaire. On peut juste dire que depuis que le double live (qui propose la version complète du medley, longue de 26 minutes, et le reste de ce qui est sur cette face B, plus plein d'autres choses évidemment) est mondialement commercialisé, cette face B a perdu de son attrait. Quiconque possède les deux albums n'écoutera probablement I Sing The Body Electric que pour sa face studio, qui est remarquable, et quant aux morceaux live de la face B, il préfèrera sûrement de mettre le live, justement. Ca n'enlève rien à la prouesse du groupe sur ces morceaux, et pendant de nombreuses années, rappelons que le double live ne sera disponible qu'au Japon, mais certains estimeront que ça fait doublon. Malgré cela, I Sing The Body Electric est un génial album dans son genre, et un des meilleurs du groupe, en plus d'être leur premier sommet.

FACE A

Unknown Soldier

The Moors

Crystal

Second Sunday In August

FACE B

Medley : Vertical Invader/T.H./Dr. Honoris Causa

Surucucu

Directions


"Discovery" - Electric Light Orchestra

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Pour cette dernière (pour l moment) chronique du cycle Electric Light Orchestra, voici ce qui est probablement ma déception du lot. Enfin, déception... Ceci n'est pas le pire album d'ELO, loin de là. Je n'ai pas l'intention de les aborder, mais les albums faits après celui-ci, et notamment Zoom de 2001, sont, eux, vraiment affligeants, il ne s'y passe rien de potable. Discovery, lui, car c'est le titre de l'album, n'est pas un grand disque du groupe, et il fait pâle figure après tous les chefs d'oeuvre (et surtout le précédent opus Out Of The Blue) sortis auparavant, mais cet album marquant la fin des années 70 pour le groupe (il date de 1979), et marquant, aussi et surtout, la fin de leur Âge d'Or, n'est pas non plus une honte inassumable. Je l'avoue sans problème, il y à, sur cet album, quatre morceaux vraiment bons. Le reste n'est pas extraordinaire du tout, et on sent vraiment une baisse de niveau ici, mais sous cette pochette arabisante se cachent quand même de très très bons moments. L'album aligne 9 titres pour un peu moins de 40 minutes.

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Sous-pochette

Quelques changements de personnel pour ce disque, et non des moindres : Electric Light Orchestra passe de sept à quatre membres, étant donné que la section de cordes (Melvyn Gale, Hugh McDowell - tous deux violoncellistes - et Mik Kaminski - violoniste) est partie. On les voit notamment dans un film promotionnel proposant les neuf chansons de l'album, mais ils n'ont pas participéà l'enregistrement. ELO, sur ce disque, est donc un pur groupe de pop/rock constitué de Jeff Lynne (chant, guitare, claviers, production, composition, bref, the leader), Richard Tandy (claviers, guitare), Bev Bevan (batterie) et Kelly Groucutt (basse et chant). Assez imprégné de l'air de son temps, Discovery est un album faisant parfois (Shine A Little Love, Last Train To London, deux singles à très très gros succès) peenser à un style musical alors en vogue et que l'on trouve dans le titre de l'album : la disco. Non, je ne pense pas que si l'album s'appelle ainsi, ça soit de manière anodine. Discovery n'est pas à 100% un disque de disco, c'est de la pop à la base, assez chargée en claviers (ils remplacent vraiment, ici, les cordes), mais quand même, c'est assez disco parfois. Il n'empêche, Don't Bring Me Down (autre single ayant bien marché, et mon morceau préféré ici) est plus rock que disco, un rythme hallucinant et un chant partagé entre Lynne et Groucutt. J'ai dit plus haut que quatre des neuf chansons valaient le coup, je viens d'ailleurs d'en citer trois, et la dernière est The Diary Of Horace Wimp, ce qui fait deux chansons réussies par face, et fait donc, dans un sens, un résultat certes inégal quant au contenu de l'album, mais, aussi, assez équilibré, quelque part. Les autres morceaux, comme Wishing ou Need Her Love, ne sont pas atroces non plus, n'allez pas croire ça, mais on s'ennuie quelque peu, des fois. La production de l'album est homogène et tout aussi réussie pour les meilleurs morceaux que pour les moins bons. Lynne est un putain d'arrangeur, de toute façon, mais ça, on le sait tous.

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Si on additionne les meilleurs morceaux, on a environ, sur les 39 minutes de l'album, 17 minutes de super bonne musique, peut-être pas aussi quintessentielle que sur Out Of The Blue ou A New World Record, mais franchement du ELO d'un niveau plus qu'honorable, pop à outrance, vaguement disco parfois (Last Train To London peut faire penser à du Bee Gees de la même époque, genre Tragedy), mais totalement écoutable et appréciable. On a donc environ 20/21 minutes qui, elles, sont vaguement moyennes, ce qui rend le disque inégal. Mais encore une fois, il n'est rapport aux précédents, mais si on le compare aux suivants (la bande-originale du navet musical Xanadu, avec Olivia Newton-John, dont seule la face B est de ELO ; Time ; Secret Messages ; pour ne citer que ça), Discovery, sous sa sublime pochette, est un album très écoutable et correct. Il ne vaut mieux pas commencer la découverte d'ELO par le biais de ce disque (il ne vaut mieux pas, aussi, commencer par Out Of The Blue, car commencer par un tel sommet peut être difficile ; les autres albums paraissent vraiment fades, des fois, après lui !), mais il ne faut pas passer à côté non plus. Il vaut mieux, en revanche, s'arrêter là, sauf si on a l'oreille musicale vraiment courageuse et patiente : définitivement, ceci est le dernier album écoutable d'Electric Light Orchestra, le chant du cygne.

FACE A

Shine A Little Love

Confusion

Need Her Love

The Diary Of Horace Wimp

FACE B

Last Train To London

Midnight Blue

On The Run

Wishing

Don't Bring Me Down

"Night Moves" - Bob Seger & The Silver Bullet Band

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Amateurs de bon vieux rock américain des années 70 et 80 type heartland (le rock un peu pop et FM, mais quand même burné dans l'ensemble, qui parle essentiellement des petites gens, des prolos, de vous, de toi, de moi, de lui, d'elles aussi, mais pas d'eux), popularisé par Bruce Springsteen et Tom Petty & The Heartbreakers, ou bien par John Cougar Mellencamp, alors Bob Seger & The Silver Bullet Band, ou Bob Seger tout court, est fait pour vous. Ce mec, originaire du Michigan, Etat dans lequel se trouve Detroit, la Motor City ayant également été le berceau du garage-rock des Stooges et MC5, ce mec a commencé sa carrière à la fin des années 60 avec un premier groupe qui s'appelait The Bob Seger System. Des albums sauvages (Noah, Mongrel), du rock pur et dur, des morceaux terribles (Ramblin' Gamblin' Man, Lucifer, une reprise démentielle de River Deep - Mountain High...). Vers 1971, Seger se lance en solo, ce qui donnera, jusqu'en 1974, des albums assez féroces dans l'ensemble, comme un Smokin' OP's remarquable en 1972, un Back In '72 anthologique en 1973 (Turn The Page, Rosalie...), un Seven démentiel en 1974 (avec la première incursion du Silver Bullet Band). 1975, le Silver Bullet Band est officiellement crédité avec Seger sur la pochette du génial Beautiful Loser. Puis c'est le double live Live Bullet en 1976, enregistré au Cobo Hall de Detroit. Seger, alors, n'est vraimnt qu'une star locale, c'est ce double live qui va tout faire basculer. Peu après ce grand moment de rock pur et dur (Heavy Music...), Seger devient immense, on commence à en parler comme d'un possible rival de celui qui, en 1975, a tout fait péter, Springsteen.

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En 1976, après son live, Seger sort Night Moves, cet album donc. La pochette semble donner le ton : Segerire , seul sur la pochette recto (son groupe l'entoure au verso), vêtu de cuir, tête penchée en arrière, redressée, regard quelque peu fiérot et hautain, l'air de dire c'est qui le vrai Boss ?, toise le possesseur de l'album. Si cette photo peut sembler vraiment prétentieuse (à côté, celle de son album suivant, Stranger In Town en 1978, le montre dans un look et un arrière-plan similaires, mais avec une expression bien plus sobre, comme un peu humble, l'air de dire qu'au final, son succès, il ne l'a pas vraiment demandé, vous savez...), il suffit d'écouter les 37 minutes de l'album (un album coproduit par Seger, Punch Andrews, Jack Richardson et la Muscle Shoals Rhythm Section, mais essentiellement par Seger et Andrews) pour se rendre compte qu'il y à de quoi être un peu fier-cul et hautain : Night Moves est un putain de disque qui bute, voilà tout. Le plus drôle là-dedans est qu'il ne s'agit pas du sommet de Seger, Back In '72 et Seven sont indépassables, et rien que l'album suivant de Seger, Stranger In Town, est au moins aussi réussi que lui, si ce n'est plus. Et Against The Wind (1980), largé de hits, est également une réussite majeure qui le place au même niveau que Night Moves. Bref, durant cette période, Seger ne rate rien, Night Moves est du niveau qu'il avait l'habitude d'offrir à ses fans, et est, presque 39 ans après sa sortie (il date de fin octobre 76), toujours aussi jouissif.

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Autre chose de marrante : si on excepte Mainstreet et la chanson-titre, aucune chanson ici n'est à proprement parler un hit, on n'a pas de chanson du retentissement de Turn The Page, Beautiful Loser, Feel Like A Number ou Fire Lake ici. Livrant notamment deux reprises (Come To Poppa et Mary Lou), livrant du rock saignant (The Fire Down Below, Rock'n'Roll Never Forgets) ou des ballades (Ship Of Fools, rien à voir avec la chanson des Doors du même nom), Bob Seger, accompagné de son groupe sur la face A et de musiciens de la Muscle Shoals Rhythm Section sur la face B (des morceaux enregistrés au mythique studio Muscle Shoals, à Sheffield, Alabama - la face A, elle, a été enregistrée à Detroit et Toronto), livre un album d'enfer, donc, un disque puissant, saisissant, du pur rock comme on aime, qui vieillit vraiment bien malgré ses quais-40 ans. Amateurs de bon vieux rock américain, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

FACE A

Rock'n'Roll Never Forgets

Night Moves

The Fire Down Below

Sunburst

FACE B

Sunspot Baby

Mainstreet

Come To Poppa

Ship Of Fools

Mary Lou

"Fly Like An Eagle" - Steve Miller Band

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Après le succès monumental de son album The Joker (1973), et surtout de la chanson-titre de cet album, le Steve Miller Band connaît enfin, après plusieurs années (ils ont démarré en 1966 !) la reconnaissance du public. The Joker fait partie des chansons les plus inusables et mythiques du rock et a définitivement fait entrer ce groupe de rock à tendance bluesy (et, au départ, assez psychédélique parfois), ayant accueilli en son sein, au tout début, le chanteur Boz Scaggs. Qui ne fait plus partie du Steve Miller Band depuis des lustres au moment de la sortie de The Joker. Après le succès de l'album (qui, pourtant, est très bon, mais mis à part la chanson-titre, rien n'est époustouflant dessus ; un disque honnête, sans plus), Steve Miller et son groupe se retrouvent à tenter de récidiver la prouesse. Ils mettront trois ans avant de ressortir un disque, et ça sera, donc, en 1976 que sortira ce successeur : Fly Like An Eagle. Trois singles seront tirés de cet album qui marchera encore une fois terriblement bien, et est même généralement mieux côté encore que The Joker. Pourtant, aucune chanson, ici (sur les 12 morceaux de l'album, qui totalise 38 minutes), même la remarquable chanson-titre qui fait partie des plus connues du groupe, aucune chanson ici donc n'est aussi mythique que The Joker.

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Verso de pochette

Steve Miller (chant, guitares, claviers, sitar) est ici entouré de Gary Mallaber (batterie), Lonnie Turner (basse) pour les musiciens jouant sur tout le disque, et on trouve aussi, dispersés sur l'ensemble des morceaux, James Cotton (harmonica), Curley Cooke, Les Dudek (guitare), Charles Calamise (basse), Kenny Johnson (batterie), John McFee (dobro), Joachim Young (orgue). Démarrant par un instrumental assez étrange, presque expérimental et progressif, du nom de Space Intro (une minute et des poussières), l'album offre ensuite Fly Like An Eagle, une chanson calme, floydienne, reposante, sur laquelle un souffle de vent vient rythmer, doucement, la mélodie. Une chanson qui, on le craint en l'écoutant, risque fort d'être la meilleure de l'album. On le craint, car si c'est le cas, démarrer un album par la meilleure chanson, c'est risqué et vraiment dommageable pour le reste (en comparaison, The Joker n'offrait sa chanson-titre qu'en ouverture de la seconde face). Si c'est effectivement la meilleure chanson de l'album (aïe !), rassurez-vous, Fly Like An Eagle est, dans l'ensemble, un disque de très très haute tenue, et offre ensuite des chansons absolument sublimes : Serenade, Mercury Blues, Take The Money And Run, Rock'n Me (dont l'intro est reprise sur celle du All Right Now de Free, ce qui est, de l'aveu même de Steve Miller, un hommage), You Send Me (reprise de Sam Cooke) et The Window. On a même un autre court (une minute !) instrumental, Blue Odyssey, coupléàSweet Maree par un  harmonica remarquable de James Cotton. Les deux morceaux, en fait, n'en forment qu'un.

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Au final, cet album du Steve Miller Band est probablement un de leurs meilleurs, en tout cas mon préféré. Un disque qu'il faut écouter deux-trois fois avant de vraiment commencer à l'apprécier, mais qui au final, s'impose vraiment au fil des écoutes. Ce n'est pas non plus le sommet des années 70 ou de 1976 (enfin, c'est un des meilleurs albums de cette année qui, mis à part ça, n'a pas offert grand chose : Station To Station de David Bowie, Desire de Bob Dylan, A New World Record d'Electric Light Orchestra, Rocks d'Aerosmith, A Trick Of The Tail de Genesis, Radio Ethiopia de Patti Smith, le premier Boston éponyme (et encore !), Hotel California des Eagles, The Royal Scam de Steely Dan, Frampton Comes Alive ! de Peter Frampton, Alertez Les Bébés ! de Jacques Higelin, Samouraï de Christophe, Thirty-Three & 1/3 de George Harrison, At The Speed Of Sound et Over America des Wings, Presence de Led Zeppelin, A Day At The Races de Queen, le premier Ramones éponyme...euh, pardon, en fait, si, 1976 fut une grande année ! Pas certain que le Steve Miller Band se retrouve dans le Top 20 de cette année, tout compte fait. Ce qui n'enlève rien au fait qu'il soit un excellent album...

FACE A

Space Intro

Fly Like An Eagle

Wild Mountain Honey

Serenade

Dance, Dance, Dance

Mercury Blues

FACE B

Take The Money And Run

Rock'n Me

You Send Me

Blue Odyssey

Sweet Maree

The Window

"Marbles" - Marillion

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A nouveau Marillion sur le blog. Après avoir abordé, l'autre jour, leur deuxième album, Fugazi (1985), lequel était d'ailleurs le tout premier album de Marillion àêtre abordé sur Rock Fever, voilà-t-y-pas que je fais faire un bond de géant à la discographie du groupe, en abordant un disque sorti en...2004. En l'occurrence, il s'agit du 13ème opus studio  (hors-compilations et lives donc) du groupe, un album sorti sous deux versions : simple CD de 66 minutes (et 12 titres) et double CD de quelques 98 minutes (et 15 titres). C'est d'ailleurs de cette version double CD, que je me suis chopé récemment à un prix assez imbattable (compte tenu du fait qu'il s'agit d'un double album et qu'il est vendu dans un double boîtier digipack en carton rigide avec un livret au centre, je pense que 12 €, c'est assez donné, non ? Même s'il y à sans aucun doute moyen de l'avoir pour encore moins cher). Je précise que je ne l'ai pas acheté d'occasion, mais en état neuf, et pas sur le Net, mais en un bon vieux magasin de produits culturels. L'album, qui date donc de 2004 et possède une pochette photographique comptant parmi les plus connues de son époque (elle me fait penser un peu à celle du In Absentia de Porcupine Tree, album fait deux ans plus tôt, mais en moins glauque), l'album, donc, s'appelle Marbles, ce qui signifie aussi bien 'marbres' que 'billes'. En l'occurrence, vu la photo de pochette et les différentes photos du livret, plus le petit dessin représentéà côté du titre de l'album et des différents morceaux-titres, c'est la deuxième traduction qui convient !

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Au moment d'enregistrer ce disque, Marillion n'a pas vraiment changé de personnel depuis Fugazi...exception faite de son chanteur. Fish a quitté le groupe en 1988 après le double live The Thieving Magpies, et sera remplacé dès lors par Steve Hoghart, toujours dans le groupe. Le reste du groupe n'a pas changé : Steve Rothery aux guitares, Pete Trewavas à la basse, Mark Kelly aux claviers, Ian Mosley à la batterie. Marbles a été, comme son prédécesseur Anoraknophobia de 2001, financé en grande partie grâce à une campagne de précommande, c'est grâce à la publicité que ce disque a, en grande partie, vu le jour, et il y aura même, au moment de la sortie de l'album, une édition collector (depuis, j'imagine, épuisée) avec, dans le livret, la mention des noms de toutes les personnes ayant précommandé le disque avant une certaine date-butoir. L'album est sorti en 2004 sous sa forme de simple CD de 12 titres, et pour avoir la veersion double disque, il fallait commander sur le site officiel de Marillion (apparemment, cette version double CD fut ensuite commercialisée internationalement...j'en ai la preuve, l'ayant achetée en magasin, récemment, et n'ayant pour ça pas bougé mon cul de la France !). L'album renferme quelques grands moments, parfois longs (Ocean Cloud, présent uniquement sur la version double, et en final du premier disque, dure 18 minutes ; The Invisible Man et Neverland, présents en ouverture et en final respectivement - quelle que soit la version de l'album - durent respectivement 13 et 12 minutes), mais à côté de ça, les différentes parties (quatre en tout, deux par disque) de Marbles sont très courtes, des intermèdes plutôt qu'autre chose, et sont également très réussis. Don't Hurt Yourself, You're Gone et Genie sont également remarquables.

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L'album marchera très fort (il s'en vendra pas mal d'exemplaires, suffisamment pour qu'il soit classé dans le Top 30), mais ne sera pas classé dans les charts britanniques à cause d'un manquement à la règle des charts : il y avait des stickers sur la pochette, et apparemment, ce genre de petit procédé commercial et publicitaire n'est pas très bien vu des organismes gérant les charts, donc, Marbles, tout en ayant (grâce à ses ventes) mérité de se trouver dans les charts, ne s'y trouvera pas au final, c'est con, hein ? Ca ne sera pas le cas de ses singles, en tout cas de You're Gone, qui se classera septième en Angleterre, la deuxième fois, depuis 1987 et Incommunicado, qu'un single du groupe se classe dans le Top 10. L'album dans sa globalité fait indéniablement partie des meilleurs de 2004, et est très probablement un des meilleurs du groupe, groupe dont, je le rappelle, je ne suis pas fan. Je vais même très probablement faire hurler les fans de Marillion qui liront ça, mais entre Fish et Hoghart, je préfère la voix du deuxième, trouvant que la voix de Fish fait trop penser à celle d'un certain Peter Gabriel (ses habitudes scéniques - maquillage, tenues... - aussi y font furieusement penser) pour être totalement honnête. Hoghart a une voix plus rock que progressive, un peu à la Steven Wilson (Porcupine Tree) dans un sens, et elle fonctionne parfaitement sur les 15 morceaux de ce double album certes un petit peu long, mais rempli de grands moments (Neverland, Ocean Cloud, The Invisible Man, Don't Hurt Yourself). Bref, un excellent album.

CD 1

The Invisible Man

Marbles I

Genie

Fantastic Place

The Only Unforgivable Thing

Marbles II

Ocean Cloud

CD 2

Marbles III

The Damage

Don't Hurt Yourself

You're Gone

Angelina

Drilling Holes

Marble IV

Neverland

"The Book Of Souls" - Iron Maiden

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5  ans. 5 putain de longues putain d'années. Five years, what a surprise, comme le chantait Bowie. 5 ans depuis le dernier album studio (The Final Frontier) d'Iron Maiden. C'était leur quinzième opus studio, et les fans l'attendaient avec crainte, cet album, en 2010 : le groupe avait en effet souvent dit en interviews que 15 albums, c'était pas mal, et qu'une fois 15 albums enregistrés et commercialisés (encore une fois, par albums, je parle des albums studio seulement), une retraite pouvait éventuellement être considérée comme une solution, afin d'éviter la redite et la routine. Bref, tout ça pour dire que le groupe avait maintes fois annoncé qu'ils envisageraient d'arrêter une fois le quinzième album publié, et ce quinzième album fut The Final Frontier en 2010 (un album absolument remarquable, soit dit en passant, et qui était plus long que de coutume, 76 minutes). Entre 2010 et 2015, le groupe publiera deux lives (En Vivo ! de la tournée de The Final Frontier, et Maiden England '88, réédition remastérisée du fameux live de 1988, longtemps introuvable, Maiden England), mais rien d'autre. C'est en 2014 qu'ils entreront cependant en studio, aux studios Guillaume Tell de Suresnes précisément (là même où ils ont enregistréBrave New World, l'album du retour de Bruce Dickinson et Adrian Smith, en 1999, album sorti en 2000 ; et là même ou fut enregistré, notamment, le Music For The Masses de Depeche Mode), sous la houlette du producteur Kevin Shirley (un collaborateur de longue date), afin d'accoucher des 11 titres (dont deux, une première depuis 1984, signés de Dickinson seul : le premier et le dernier de l'album) de ce qui est donc leur seizième album, sorti il y à quelques jours : The Book Of Souls.

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Sorti sous plusieurs éditions (édition classique, édition collector en forme de livre sous fourreau, que j'ai pris, et triple vinyle), cet album est d'ores et déjà légendaire au sein de la discographie de Maiden : c'est, et de loin, leur album studio le plus long, avec 90 minutes (un chouïa plus, en fait, dans les 92) au compteur, et il est, donc, double en CD. La sortie de l'album a été repoussée suite à des soucis de santé (désormais, il me semble et je l'espère, passés) de Bruce Dickinson, le chanteur, qui a été atteint d'un cancer de la gorge. La tournée a d'ailleurs été repoussée à 2016 afin de permettre au chanteur de se remettre de son traitement. A entendre le disque, on ne saurait deviner les soucis de santé dont il a été victime peu après, Dickinson chante aussi bien que sur les autres albums du groupe depuis sont retour en 1999/2000 (en revanche, sa voix était, c'est vrai, plus puissante encore en 1982/1988). Le line-up du groupe n'a pas changé depuis Brave New World : trois guitaristes (Smith, Dave Murray, Janick Gers), le bassiste/claviériste Steve Harris (leader incontesté, un des deux membres du groupe ayant joué sur tous les albums avec Dave Murray) et le batteur Nicko McBrain, présent depuis 1982/83. Constitué de deux disques de respectivement 50 et 40 minutes (et de 6 et 5 titres tout aussi respectivement), avec trois morceaux de plus de 10 minutes et un (Empire Of The Clouds) atteignant carrément 18 minutes et étant donc, de loin, le plus long jamais pondu par le groupe, The Book Of Souls (la chanson-titre fait 10 minutes) est un disque dense, qu'il faudra sans aucun doute écouter plusieurs fois pour bien s'en imprégner et parvenir à en saisir la moelle (la même chose était à dire de A Matter Of Life And Death de 2006, The Final Frontier de 2010 et, encore avant eux, de Fear Of The Dark en 1992 et The X Factor en 1995). Dickinson est crédité au piano (sur le dernier et plus long morceau, dont les premières notes sont de piano, ce qui est pour le moins étonnant et même perturbant, quand on parle de Maiden, mais après tout, le changement, c'est maintenant) en plus du chant, ce qui est, je crois, une première. L'album est en grande partie signé Harris (7 des 11 morceaux sont crédités ou co-crédités à lui), mais Dickinson a quand même des crédits, notamment sur deux titres qu'il a signés, donc, comme je l'ai dit plus haut, tout seul. On peut dire de cet album qu'il est une sorte de melting pot entre un disque de Dickinson t un de Harris.

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Offrant plusieurs chansons absolument sublimes comme la chanson-titre, The Great Unknown, Tears Of A Clown, The Red And The Black et Empire Of The Clouds, l'album possède, c'est amusant, trois chansons aux titres en homonymes de classiques de la musique (deux d'entre eux ont été cités à l'instant). La première fois que j'ai lu la liste des morceaux, sur le Net, j'ai tout d'abord cru que Maiden avait glissé des reprises parmi les chansons, mais non, tout a bel et bien étéécrit par le groupe, ce ne sont que des homonymes. En même temps, c'est rassurant, car autant on aurait pu admettre que le groupe reprenne The Red And The Black (de Blue Öyster Cult), autant reprendre Death Or Glory (des Clash) ou Tears Of A Clown (de Smokey Robinson) aurait été bizarre de la part d'un groupe de metal ! Ce sont donc des homonymes, ça fait marrant d'avoir autant de titres de chansons de ce genre sur le tracklisting de l'album, mais c'est purement anecdotique. Musicalement, l'album en jette, la production aussi, et s'il faut parfois faire abstraction de certains détails d'autoréférence (les vocalises sur The Red And The Black, morceau de 13 minutes, font penser à celles de The Wicker Man, chanson que le groupe fit en 2000 ; l'intro d'une chanson, Shadows Of The Valley, fait penser à celle de leur chanson Wasted Years de 1986) et sur la longueur de l'album (une heure et demi, du jamais vu pour un disque studio du groupe) et de plusieurs chansons, au final je suis obligé de clamer haut et fort, fort et clair, clair de lune, lune en juin, que ce The Book Of Souls est une réussite indéniable qui, au fil du temps, s'imposera très certainement comme un des magnum opus du groupe. En abordant The Final Frontier en 2010, j'avais dit qu'il était absolument impossible que le groupe s'arrête, même si le disque était suffisamment bon (et même plus que ça : excellent) pour servir de conclusion honorable à leur discographie. Je maintiens cet avis : The Book Of Souls est tellement dense, tellement riche (oui, je sais, ça revient au même), que définitivement, Maiden ne peut pas s'arrêter, ça serait trop con. Même si, en tant qu'album final de leur discographie, cet album en jette tellement qu'ils pourraient, s'ils le voulaient (et ce, sans oublier que Dickinson a eu des soucis de santé assez sérieux, cancer quand même, ce n'est pas rien), partir la tête haute, le devoir accompli. Il me semble bien, en effet, qu'on tient ici un de leurs trois meilleurs albums. Oui, vous m'avez bien lu.

CD 1

If Etrnity Shoud Fail

Speed Of Light

The Great Unknown

The Red And The Black

When The River Runs Deep

The Book Of Souls

CD 2

Death Or Glory

Shadows Of The Valley

Tears Of A Clown

The Man Of Sorrows

Empire Of The Clouds

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