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Le Cimetière Des Éléphants - Eddy Mitchell

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Sorti en 1982, Le Cimetière Des Éléphants est le second album studio d'Eddy Mitchell des années 80, mais c'est aussi son vingt-deuxième album studio en tout, mais c'est aussi le dernier album d'Eddy à paraître chez Barclay. Après 1982, Schmoll sortira ses disques chez Polydor. Ce disque fait suite àHappy Birthday, datant de 1980 qui avait foutrement bien marché grâce à la scie totale qu'est Couleur Menthe À L'Eau (oui, je le dis encore une fois bien haut et bien fort, je hais cette chanson). D'ailleurs, dans ma chronique consacrée àHappy Birthday et qui n'est pas bien vieille, j'avais pesté contre la pochette, la trouvant moche comme un furoncle sur le cul d'un bonobo. Mais alors, que dire de celle du Cimetière Des Éléphnats ? Ce lettrage sobre mais pourri, cette photo cadrée comme de la merde et la tronche que tire Schmoll, la totale. À part ça, l'album, encore une fois, a été un très gros succès. Et vous allez vite comprendre pourquoi.

Vous avez vu son titre ? C'est donc sur ce disque que se trouve Le Cimetière Des Éléphants, une chanson incontournable du répertoire Mitchellien. Laquelle est d'ailleurs ici présente dans deux versions différentes. Celle enregistrée à New-York et qui deviendra le succès colossal que l'on sait et l'autre, enregistrée à Los Angeles, qui restera dans l'anonymat. La première ouvre le disque et la seconde le clôture. Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai jamais pu encadrer cette chanson. Elle me rebrousse le poil. Un peu moins que Couleur Menthe À L'Eau ceci dit, mais quand même, je ne peux pas la sacquer. Tout comme je ne peux pas sacquer la version Los Angeles. Y a-t-il une différence notable entre les deux versions ? Oui. Sur la version Los Angeles, les percussions et les cuivres sont plus discrets que sur la version new-yorkaise. À noter que, même si quelque part on s'en fout un peu, que le cimetière des éléphants est une croyance européenne datant du 19ème siècle et qui stipule que les éléphants d'Afrique allaient se rendre à un endroit bien précis pour y mourir. Depuis, cette croyance a été infirmée par les zoologues. Il nous reste huit chansons à nous cogner... pour une réussite très contrastée. Je Saurai Encore T'Aimer, qui parle d'un mec en taule s'adressant à sa gonzesse, est pas mal mais bon, ça ne va vraiment pas loin. En revanche, J'Ai Déjà Donné est très bonne. Petit bémol : elle aurait pu être excellente, mais la fin traîne un peu la patte. En revanche, Mauvaises Vibrations est un ratage incontestable. Rien à sauver de cette chason. La première face s'achève sur J'Ai Vendu Mon Âme Au Rock 'N'Roll. Un titre ronflant et complètement con, pour une chanson super bien balancée.

En revanche, la seconde face n'est pas loin d'être catastrophique. Elle Ne Rentre Pas Ce Soir (qui n'est pas une suite de Il Ne Rentre Pas Ce Soir, cela aurait été tentant de le penser) est une pure merde de chien diarrhéïque sur le carénage d'un scooter Peugeot des années 80. Une calamité comme on en trouve que peu dans la discographie d'Eddy. Change Pas De Look n'est pas brillante, mais comparée à ce qui vient de passer, on est pas loin d'une effluve de bruyère se dégageant d'une fosse septique. Tiens-Toi, brrr, quelle enfoirée... est une vraie daubasse également. Moins que Elle Ne Rentre Pas Ce Soir, sur cet album, il n'y a pas pire que cette chanson, mais quand même, c'est bien bien mauvais. Et je ne parle même pas de Lucille (pourtant composée par Michel Jonasz) qui, en plus d'être une daubasse elle aussi, est beaucoup beaucoup trop longue. On tape quand même à plus de 5 minutes, bordel de nouilles ! Je n'ai pas foutu cet album dans la catégorie des ratages musicaux, comme vous avez pu le constater, mais si je l'avais fait, il n'y aurait pas eu matière à faire de scandales tant ce disque ne propose pas grand chose de valable. ComparéàHappy Birthday qui n'était pourtant pas parfait, ce disque est un net recul en terme de qualité. C'est un album très très moyen, mais la pilule passeront plus ou moins bien en fonction de comment vous aimez la chanson titre et ses deux versions.

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Face A

Le Cimetière Des Éléphants (Version New-York)

Je Saurai Encore T'Aimer

J'Ai Déjà Donné

Mauvaises Vibrations

J'Ai Vendu Mon Âme Au Rock 'N'Roll

Face B

Elle Ne Rentre Pas Ce Soir

Change Pas De Look

Tiens-Toi

Lucille

Le Cimetière Des Éléphants (Version Los Angeles)


"Il N'Y A Plus Rien" - Léo Ferré

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Léo Ferré a sorti, en 1971, un album remarquable, La Solitude, enregistré en grande partie avec le groupe de jazz/rock progressif français Zoo. Album que j'ai réabordé hier. L'année suivante sortira La Solitudine, album de reprises, en italien, fait pour le marché italien (Léo a longuement vécu dans ce pays qu'il aimait, en Toscane), de ses propres chansons, dont quatre de l'album de 1971. Il ne refera un album pour la France qu'en 1973 (en cette année-là, trois albums de Ferré sortiront : un gigantesque double live enregistréà l'Olympia en 1972, et deux albums studio, l'autre étant le très radical Et...Basta ! que MaxRSS a abordé ici il y à deux-trois jours). Premier des trois albums de Ferré de 1973, voici Il N'Y A Plus Rien, disque hallucinant et halluciné, que j'ai bien envie de qualifier de meilleur album de l'ensemble de la carrière du vieux lion, 57 ans à l'époque de la sortie de l'époque. La pochette de l'album est des plus sobres, pour le recto : une photo de Léo, légèrement verdâtre rapport à l'éclairage, sur fond noir, photo très certainement prise sur scène. Au dos, une photo de Ferré, assis, adossé et endormi contre un mur dans un bistrot. On a aussi un long texte étonnant et difficile à lire, car relativement confus, signé d'un certain Macoute, et dans lequel il s'adresse à un certain Richardson. Le texte parle de Léo Ferré. Le texte serait apparemment signé en fait de Maurice Frot, un écrivain libertaire qui, à l'époque (et jusqu'à 1973, après ce disque), était le secrétaire personnel de Ferré, son régisseur, et aussi, parfois, lui tenait lieu de garde du corps. L'intérieur de pochette montre une photo de Ferré, pensif, adosséà un muret, photo prise, peut-être, en Toscane. On a aussi les paroles, imprimées sur ce pan de pochette et sur une double page agrafée au milieu, du morceau-titre. Une photo retouchée d'un soleil couchant sur la mer, associé au regard un peu fou (et ici en négatif) de Ferré, est au centre du livret. 

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S'il faut un pan de pochette et deux pages de livret pour imprimer, sur deux colonnes en plus, les paroles du morceau-titre, Il N'Y A Plus Rien, c'est parce que ce morceau dure la bagatelle de 16 minutes et occupe les trois-quarts de la face B. C'est un long spoken-word accompagné d'une orchestration symphonique (dirigée par Ferré, c'est son premier album arrangé de la sorte), un monologue fiévreux et remarquable dans lequel Léo s'enerve, braille, murmure, clame, déclame, un long texte qu'on imagine totalement engagéà gauche de la gauche de la gauche. Anarchiste à mort. Libertaire. Moi, je suis un bâtard. Nous sommes tous des bâtards. Ce qui nous sépare, aujourd'hui, c'est que votre bâtardise à vous est sanctionnée par le code civil sur lequel, avec votre permission, je me plais à cracher, avant de prendre congé. Soyez tranquilles, Vous ne risquez rien. Il n'y a plus rien, et ce rien, on vous le laisse! Foutez-vous en jusque-là, si vous pouvez. Nous, on peut pas. Un jour, dans dix mille ans, quand vous ne serez plus là, nous aurons TOUT. Rien de vous. Tout de nous.

Ah, c'est pas du Bruel !

Ce morceau, qui annonce le terrible, fulgurant et incroyable album suivant, Et...Basta ! (constitué d'un long spoken-word de 40 minutes scindé en deux faces) qui en est une version étendue (mais avec un autre texte, intropectif, engagé et féroce aussi), est évidemment le sommet de l'albm qui lui doit son nom. Mais il ne faut pas limiter Il N'Y A Plus Rienà ce morceau-titre. 

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Prenez, par exemple, Préface. Ce morceau, qui sera repris par Lavilliers sur son Clair-Obscur en 1997 (avec une musique différence, plus moderne), est comme son nom l'indique la préface de l'album, une courte (3 minutes, c'est le morceau le plus court, de loin, de l'album) introduction déclamée et fortement engagée, ou enragée, ou les deux. Prenez, aussi, le morceau suivant, Ne Chantez Pas La Mort (dont le texte est signé Jean-Roger Caussimon), qui, malgré son titre qui le défend, ne parle que de la Mort, justement, et qui en parle si bien qu'on peut le qualifier de morceau ultime sur la camarde. Ferré en parle presque comme si c'était une amie. C'est évidemment triste, mélancolique plutôt, et surtout, très fataliste. Quand Ferré, dans le refrain, déclame, d'une voix résignée, la mort, la mort, on ressent toute la fatalité du monde dans sa voix. A ne surtout pas écouter en pleine déprime ou en période de deuil. Sinon, croyez-moi, c'est radical, vous serez dans un pire état encore. Night And Day, elle, s'inspire sans aucun doute de Cole Porter (le morceau, malgré son titre, est entièrement en français), et possède une ambiance très fin de nuit, et est assez osé, parfois, dans ses paroles. Richard (le Richard du titre est-il Richard Marsan, ami et producteur de Ferré?) parle d'un homme dans un bistrot, qui me semble pas dans son assiette, ses amis s'inquiètent, Richard...ça va ? Et L'Oppression, pas la peine de dire de quoi ça parle, ou plutôt, de quoi ça hurle, parfois. Disque prenant, enragé et puissant, c'est indéniablement le sommet de la carrière de ce chanteur aujourd'hui si oublié des masses. Bon, OK, c'était pas un chanteur à minettes ou pour les ménagères, mais tout de même, à quand la réhabilitation populaire de ce grand chanteur ?

FACE A

Préface

Ne Chantez Pas La Mort

Night And Day

Richard

FACE B

L'Oppression

Il N'Y A Plus Rien

Choco - T.C. Matic

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T.C. Matic est de retour ! Et, pour l'occasion, je vais parler de leur troisième album, l'avant-dernier, sorti en 1983. Cet album a une importance capitale car c'est avec lui que le groupe a pu accéder à la notoriété européenne. Il n'y a que chez nous que la greffe n'a pas prise. La scène rock française de l'époque étant en quelque sorte vampirisée par Téléphone et Indochine. Et, c'est sur cet album que se trouve la chanson emblématique de la bande à Arno. On a vu que le premier album du groupe était bon, mais pas immense. On a vu que le second était très bon, mais qu'il y avait encore un truc qui collait pas. En revanche, ce troisième cru, désolé pour la vulgarité, nique des grands-mères. Aucune mauvaise chanson ici. L'album aligne quasiment tueries sur tueries. Un sacré bon moment pour tout amateur de rock européen.

Bon, on va en parler de suite, comme ça, ce sera fait : l'album contient donc le plus gros succès de T.C. Matic : Putain Putain. Une vraie tuerie qui a d'ailleurs été ici classée dans la rubrique Top Musique. Et, sincèrement, c'est bien la place qu'elle mérite. Cette chanson est immense ! Mais, limiter Choco seulement àPutain Putain serait parfaitement dégueulasse. Parce que rien que la chanson d'ouverture : If Wou Wanna Dance, Dance (If You Don't, Don't) bien saccadée, dans le pur style T.C. Maticien assure bien comme il faut. Je ne parle même pas de Ha Ha, véritable direct-aux-couilles dont le riff d'intro rappelle les plus grandes heures d'AC/DC (1977/1978). Arrivederci Solo est un rock bien brutal qui fait du bien par où il passe. Living On My Instinct est une pure tuerie guidée par une ligne de basse tout simplement mortelle. D'ailleurs, en parlant des lignes de basses, elles sonnent ici bien plus rock, contrairement aux deux albums précédents où elles sonnaient plus funky. On a aussi Being Somebody Else. Et là les mecs, c'est du archi-lourd. Encore plus immense que Putain Putain. 3 putains de minutes pour 38 putains de secondes brutales à souhait, c'est énorme. Il reste deux chansons que je n'ai pas encore abordées. Le fait d'en parler en dernier est volontaire. Car ces deux chansons, dans ce concentré de rock féroce, dénotent totalement. Elles ont pour titre : L'Amour N'Est Pas Avec Moi et They Never Make You Laugh. La première est une chanson calme et qui déroute car baignée par un accordéon. Il faut vraiment un peu de temps pour s'y faire car le constraste qu'elle créé avec If You Wanna Dance, Dance et Ha Ha est hyper appuyé. Mais, avec le côté iconoclaste qui la caractérise, c'est une vraie réussite. La seconde qui d'ailleurs achève le disque, est un long morceau imparable de 6 minutes pile poil. Et, les 2'10 finales sont occupées par un tunnel de vocalises féminins un peu tribales. Tout comme L'Amour N'est Pas Avec Moi, il faut s'y faire, mais quand c'est fait, c'est fait.

Ainsi s'achève cette chronique de Choco qui, je le répète, est le troisième album de la bande à Arno. Sérieusement les gars, vous aimerez ou vous aimerez pas, mais je vous conseille sauvagement de vous coller à l'écoute de cet album, il le mérite. Est-ce que T.C. Matic reviendra sur le blog ? Oui, il y reviendra pour une quatrième et dernière fois. Le groupe n'ayant fait que 4 albums, la boucle sera ainsi bouclée. 

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Chronique complémentaire de ClashDoherty

TC Matic... A la base, ce groupe belge était baptisé Tjens-Couter, et faisait une sorte de rhythm'n'blues, au début des années 70. C'était un duo : le chanteur Arno Hintjens (pour le Tjens) et le guitariste Paul Decoutere (pour le Couter). Ils sont rejoints par d'autres musiciens, forment le groupe Freckle Face, font sous ce nom deux albums en 1975 et 1978, et se rebaptisent TC Matic en 1980. Decoutere est remplacé par Jean-Marie Aerts (qui, en 1989, jouera sur le Novice de Bashung), qui va signer les chansons avec Arno, oui c'est le même Arno que celui qui chantera en solo et fera des albums aussi mémorables que A Poil Commercial et Jus De Box et est à l'heure actuelle en train de soigner un cancer, croisons les doigt pour le Higelin belge (certains diraient le Johnny belge, mais Johnny, il était pas belge, du moins en partie ? Donc quelque part, le Johnny belge, c'est Johnny !), le Tom Waits belge (la même voix, qui semble roulée sur du gravier,  trempée dans de l'alcool à brûler, séchée au soleil et écrasée à coups de pilons)... Bon. TC Matic, MaxRSS vous en avait parlé en fin d'année dernière, il avait abordé leurs albums, dont celui-ci, leur troisième, sorti en 1984, Choco. Sa chronique est en haut, elle fait du gâteau. La mienne est en bas, elle fait du chocolat (jeu de mots pourri sur le titre de l'album, pas vrai ?). 

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TC Matic est un groupe culte, connu essentiellement du grand public pour une chanson géniale issue, justement, de ce Chocoà la pochette assez osée et sexuelle : Putain Putain. Rhythme syncopé en 3/4, du pur Higelin ou Waits, mais en mode new-wave, ce morceau est aussi jouissif que curieux, avec ses paroles chabraques annonées par un Arno braillant et dont le français, il me semble, n'est pas la langue maternelle (je peux me gourer, mais il est flamand, je crois ?), ce qui le rend quelque peu hésitant. C'est peut-être volontaire, et ça participe à l'étrangeté du titre, dont certaines paroles semblent vraiment connes, niaises, cheloues (Le sam'di soir tout le monde prend un bain ou J'aime les filles et j'aime les garçons, et comme j'ai déjà dit, j'aime les zizis), mais on s'en fout, c'est tellement génial. Putain putain, c'est vach'ment bien, on est quand même tous des z'européens. Aussi culte qu'un coup de pied au, ce morceau est immense et un des grands sommets du rock francophone depuis les années 60. C'est aussi un des sommets de ce Choco dramatiquement court (34 minutes environ, je ne l'ai qu'en vinyle, et ce depuis exagérément peu, mais j'ai eu du mal à le trouver à un prix raisonnable et en état parfait) et absolument génial de A à Z, de 1 à 9 (justement, l'album offre 9 titres), de Lille à Perpignan et de la 6ème à la Terminale. 

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Arno, au centre ; un petit côté Jim Kerr (chanteur des Simple Minds), non ?

Que dire face àBeing Somebody Else, If You Wanna Dance, Dance (If You Don't, Don't) - ah, ce titre de chanson, j'adore - ou Living On My Instinct ? Essentiellement chantées en anglais (on en revient à ma remarque sur le fait qu'Arno semblait un peu hésitant sur les chansons en français), même si, parfois, on a du mal à comprendre dans quelle langue c'est chanté, il y à peut-être du mélange dans Ha Ha par exemple (les paroles manquent sur la pochette), les neuf chansons de ce Choco sont purement géniales (Max a raison, le riff de Ha Ha est du AC/DC pur jus de fruits), et s'il fallait décrire ce disque, je dirais que c'est de la new-wave punkysante. En fait, ce disque me fait penser au 1965-1980 de Basement 5, en moins dubbesque/reggaeisant (vu que le chanteur de Basement 5 est un rasta jamaïcain), mais en aussi punk et dingue. C'est con de se dire qu'un album aussi réussi soit aussi peu connu. TC Matic, pour l'essentiel des gens, c'est le groupe de Putain Putain et aussi le groupe dans lequel a chanté Arno avant de se lancer en solo en 1986 (les membres de TC Matic, pour la plupart, continueront de collaborer avec lui sur ses albums). Franchement, ne vous fiez pas à la pochette de cet album, pochette que je trouve aussi provoc' que moche (et qui peut donner une image erronée de la musique du groupe ; non, c'est pas comme les Smiths !), ce Choco est une putain de tablette bien sévèrement burnée, originale (le rock burné existe en Belgique, la preuve ici) et cultissime, àécouter absolument ! Mais comme leurs albums sont assez durs à trouver à prix abordables en vinyle, le collectionneur en moi râle un petit peu...

Face A

If You Wanna Dance, Dance (If You Don't, Don't)

Ha Ha

L'Amour N'est Pas Avec Moi

Arrivederci Solo

Living On My Instinct

Face B

Call Me Up

Putain Putain

Being Somebody Else

They Never Make You Laugh 

Being Somebody Else (2004 Remastered Version)

They Never Make You Laugh (2004 Remastered Version)

Living On My Instinct (2004 Remastered Version)

Ha Ha (2004 Remastered Version)

 

"One Nation Under A Groove" - Funkadelic

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C'est avec ce disque que j'ai, il y à longtemps (avant la création de ce blog, soit il y à au moins 12 ans), découvert Funkadelic. Par le biais de l'intronisation de ce disque dans la fameuse "Discothèque Idéale" de Rock'n'Folk (et de Philippe Manoeuvre). Oui, un disque de funk dans la "Dicothèque Idéale" ! En même temps, on y trouve aussi de la soul, un disque de disco (Diana de Diana Ross), un de rap (Licensed To Ill des Beastie Boys), de la country, de la chanson française, de l'électro, du jazz, du blues...tout sauf réducteur, donc. Cet album, donc, va achever le cycle Funkadelic sur le blog. Chose amusante, pendant des années, jusqu'à la publication, il y à quelques semaines, de la première chronique de ce cycle, cet album fut le seul de Funkadelic sur le blog. Et il n'y en à aucun de l'autre groupe de George Clinton, Parliament (faudrait que je répare cet oubli, et qui sait, peut-être un jour...). Cet album, sorti en 1978 sous une pochette rose et un peu osée (non seulement les quatre personnages brandissant un drapeau parodient la posture des Marines de Iwo Jima brandissant le drapeau ricain, fameuse photo, mais ils sortent d'un globe terrestre qui, avec les traînées qu'il laisse derrière lui, possède à peu près la forme d'une grosse bite, et le liquide blanchâtre qui en sort, je ne vais pas vous faire un dessin, mais il vous fait penser à quoi, dans ce cas ? Hein ? Bah oui, àça !) signée Pedro 'Captain' Bell encore une fois (et avec, encore une fois, un long texte cryptique et dingue de Clinton dans l'intérieur de pochette), c'est One Nation Under A Groove.

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Ayant signé sur Warner en 1976 dans des conditions un peu rocambolesques (le groupe devait encore un disque à son ancienne maison de disques et sortira les chutes de studio de leur premier album Warner, qui sortira juste après, en guise de fin de contrat ; deux albums sortis, sur deux labels différents, en un mois de temps), le groupe va, avec ce disque, pulvériser la concurrence et connaître son plus gros succès commercial. C'est clairement le disque majeur du groupe, leur dernier grand disque aussi (par la suite, The Electric Spanking Of War Babies tentera sans grand succès de récidiver la tentative, notamment ; et Funkadelic sera d'ailleurs très très discret, quasiment fini, à partir des années 80), et il dure la bagatelle de 58 minutes. C'est un double album sans en être un : il contient un album 33-tours de 6 titres (et 40 minutes) et un maxi-45-tours (ou 45-tours à la vitesse 33-tours, selon le pressage) de 3 titres et d'un peu moins de 20 minutes, en complément, le tout ayant été, en CD, réuni sur un seul disque (on notera d'ailleurs que sur le CD, les deux faces du 45-tours bonus ont été inversées, sans doute pour plus d'efficacité). Le tout était vendu au prix d'un album simple, évidemment. On peut tout de suite parler de ce disque bonus : on y trouve d'un côté une version live de Maggot Brain, datant de 1978, sur laquelle Michael Hampton, le nouveau guitar-hero du groupe, parvient à totalement faire oublier le pourtant grand Eddie Hazel qui jouait sur la version studio d'époque (1971) et dans Funkadelic jusqu'à 1975. Longue de plus de 8 minutes, cette version live à la qualité audio exceptionnelle est à tomber par terre, un long solo de guitare à trembler de bonheur. L'autre face, c'est Lunchmeataphobia (Think ! It Ain't Illegal Yet !), morceau dans le ton de ceux du 33-tours principal, mais moins époustouflant, sans doute est-ce pour ça qu'il est sur le disque bonus. Et il y à aussi une version instrumentale d'un morceau de l'album principal. Là, c'est sans intérêt. A noter qu'en Europe, ce disque bonus comprenait aussi une version longue du morceau-titre.

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Et l'album ? Une tuerie quasi absolue. Quasi ? Oui, parce qu'il faut bien reconnaître que 10,45 minutes pour Promentalshitbackwashpsychosis Enema Squad (The Doo Doo Chasers), morceau incroyablement graveleux qui parle de lavements notamment, c'est un peu trop long, même si ce morceau est, musicalement, une réussite (c'est ce titre qui est en version instrumentale, et deux fois plus courte, sur l'EP bonus). Et d'une manière générale, je trouve que la face B est un chouïa moins époustouflante que la première. Into You, morceau assez langoureux et sexuel, est sympathique comme tout, et Cholly (Funk Getting Ready To Roll !) aussi, mais comparé aux trois morceaux de la face A, c'est pas la même chose. On y trouve en effet One Nation Under A Groove, un des morceaux les plus mythiques de la bande à Clinton, un tube mondial de l'époque qu'il est impossible d'écouter sagement assis sur une chaise, c'est tellement trépidant, tellement dingue (des vocaux à la musique, tout est totalement renversant et illuminé, ici)... Groovallegiance, plus calme, assez psychotrope, enfonce le clou, on est ferré, One Nation Under A Groove vous tient et ne vous lachera plus, et Who Says A Funk Band Can't Play Rock ?, avec sa guitare très rock, achève à la perfection une face A d'enfer (Rochereau). C'est un album infernal et remarquable, essentiel à toute discothèque à moins d'être totalement réfractaire à la musique noire (et précisément à la funk) ou aux grandes dingueries musicales. Si Zappa avait fait un disque de funk/disco, de vrai funk je veux dire, ça aurait été ce disque. Après, tout en étant prodigieux, cet album n'est, paradoxalement, pas aussi parfait que certains des précédents opus : entre l'EP qui contient en partie des morceaux inutiles et une face B très très très bonne, mais moins quintessentielle que la A, on aurait presque - presque ! - envie de dire que c'est un petit peu inégal. Pas grave, c'est quand même génial !!

FACE A

One Nation Under A Groove

Groovallegiance

Who Says A Funk Band Can't Play Rock ?

FACE B

Promentalshitbackwashpsychosis Enema Squad (The Doodoo Chasers)

Into You

Cholly (Funk Getting Ready To Roll !)

FACE C

Maggot Brain (live)/Chant

FACE D

Lunchmeataphobia (Think ! It Ain't Illegal Yet !)

P.E. Squad/Doodoo Chasers ('Going All The Way Off' Instrumental Version)

N°2 - Catherine Ribeiro + Alpes

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Vous y croyez ça, mais Catherine Ribeiro à commencé sa carrière au cinéma. On l'a notamment vue dans Les Carabiniersde Jean-Luc Godard. C'est d'ailleurs là qu'elle rencontrera Patrice Moullet qui, plus tard, aura une importance fondamentale pour elle, mais l'inverse est vraie également. Après ça, Catherine commencera à chanter, elle enregistrera une quinzaine de titres d'abord sur un petit label portugais et ensuite, chez Barclay. Ces disques, bien dans la mode pop française années 60 se vendront bien, mais Catherine tournera le dos bien vite à cette mode et prendra d'autres chemins. En 1968, elle tentera de se suicider et dieu merci, elle échouera. Ben ouais les mecs, on parle de Catherine Ribeiro là ! Si Sylvie Vartan ou Sheila avaient tenté de se foutre en l'air et auraient réussie leur geste malheureux, ça n'aurait pas été grave pour la chanson. Non, je ne suis pas méchant, c'est pas vrai d'abord. 1969 : telle est l'année qui va tout changer pour Ribeiro. Elle retrouve Patrice Moullet, lequel a fondé Alpes et s'associe avec lui. Dès lors Catherine et Alpes vont se faire un nom, avant d'être boycottés par les médias dès 1972. Mais, dîtes-moi... je parle, je parle, mais est-ce que vous connaissez Catherine Ribeiro, quasi clône français de Nico ? Tout dépend de vous en fait. Si pour vous le rock français ne tourne qu'autour de Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Téléphone ou encore Indochine (bruit de dégueulis) ou encore Kyo (bruit de dégueulis, deuxième édition et deux fois plus intense), alors vous n'avez aucune chance de la connaître. Par contre, si vous êtes un peu câlés en matière de rock frouze ou que vous êtes fouineur, vous avez forcément entendu parler d'elle.

Comme son nom l'indique, N°2 est le second album de Catherine Ribeiro et Alpes. Remarquez avec quelle fierté est affiché le nom du groupe. Ce qui sera le cas de tous les disques et surtout (Libertés ?).À noter que cet album, sorti en 1970, devra attendre 2012 et une sortie en CD pour être réédité en totalité, ce qui est franchement dégueulasse. Voyez-vous, rien qu'avec cette dernière phrase, je vous ai donné un gros indice sur la qualité de ce disque : il est géant, tout simplement. Cependant, il y a un truc, ou pluôt deux qui me chiffonnent : les deux Prelude qui, comme leur nom l'indique, sont placés en début de chaque face. Ces deux préludes sont des morceaux acoustiques uniquement joués à la guitare sèche et qui sont jolis, on ne peut pas dire le contraire, mais qui n'ont aucune utilité et qui, en plus, sont parfaitement identiques. Mais bon, à part ça les gars, accrochez-vous, ça va secouer grave. Le premier vrai morceau de ce disque, c'est Sîrba, qui est aussi le nom d'une danse folklorique roumaine. C'est Moullet qui se colle au chant. Enfin, pas vraiment au chant, Moullet se prête à des vocalises rocailleuses et éthérées soutenues par des notes obsédantes d'orgues avant de s'achever dans un tonnerre de cymbales. Ce morceau dégage comme une atmosphère de cérémonie avant un sacrifice. Très mystérieux, très troublant. 15 Août 1970 parle de quelque chose que Catherine connaît bien : le suicide. Cependant, aucun indice n'est donné sur qui est la personne dont l'histoire est racontée dans la chanson. Que de la guitare sèche pour cette plainte mélancolique, mais un très grand morceau. Si Sîrba est résolument mystérieuse, ce n'est rien à côté de Silen Voy Kathy. La dite Kathy ayant réellement existé. Encore une fois, peu d'indices sont donnés par le texte, mais à la limite, j'ai envie de dire qu'on s'en fout un peu. Écoutez un peu cette musique derrière... Écoutez cette guitare et ce cosmophone (invention made in Moullet) vif, éthéré et heurtéà mort. 7 minutes de folie.

Ballada Das Aguas est, quant à elle, chantée en portugais. C'est d'ailleurs la seule chanson que Catherine Ribeiro chantera en langue lusitanienne. On est en plein dans un fado sublime. Mais, clairement, il y a un morceau qui défonce tout sur ce disque et c'est volontaire de ma part que d'en parler en dernier : Poème Non Épique. Un morceau fleuve de plus de 18 minutes racontant la séparation d'un couple. Pendant plus de 7 minutes, le morceau instrumental, puis Catherine déboule et se met à déclamer un monologue en très grande partie improvisé lors duquel elle passe par toutes les émotions : elle vocalise, elle pleure, elle braille, elle se marre, elle gémit, elle halète. Bref, l'attirail complet y passe. Tout ça pour quoi ? Pour donner naissance à 18 minutes proprement phénoménales et je pèse mes mots. Rarement les émotions et les sentiments humains n'ont été vécus avec pareille puissance. Clairement, malgré les deux Prelude qui ne présentent aucune utilité, ce N°2 fait partie de ces trésors oubliés du rock français. Il vous le faut. Et je n'ai rien à vous dire de plus.

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Face A

Prelude

Sîrba

15 Août 1970

Silen Voy Kathy

Face B

Prelude

Poème Non Épique

Ballada Das Aguas

 

"New Adventures In Hi-Fi" - R.E.M.

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Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas un fan de R.E.M., mais il y à quelques albums d'eux que j'adore : Out Of Time et Automatic For The People (les deux plus connus et vendus, avec leurs hits) ; Monster (moins commercial, plus rentre-dedans, presque grunge et sous-estimé) ; et cet album-ci. Marrant, mais ces quatre albums se suivent, de 1991 à 1996, dans la discographie de la bande à Michael Stipe. Sinon, mis à part ces albums, j'apprécie ce groupe (je dois dire cependant que de leurs premiers albums, la période IRS Records, des albums comme Fables Of The Reconstruction ou Murmur, je m'en suis un peu lassé), mais je trouve qu'une fois ce disque, que je réaborde ici, commercialisé, le groupe n'arrivera pratiquement plus à surprendre son monde. Je ne vais pas dire que c'est leur dernier bon disque, c'est pas le cas, mais c'est, en tout cas, le dernier qui me plaît. Mais de quel album est-ce que je veux parler ? Hé bien, de ce disque sorti en 1996, New Adventures In Hi-Fi. Produit par le fidèle Scott Litt (mais c'est le dernier album qu'il produira pour eux), ce disque sorti sous une sobrissime pochette noir & blanc montrant de grands espaces typiquement américains, est le dixième du groupe, et sera leur dernier avec leur batteur, Bill Berry, membre fondateur (tous les membres du groupe, depuis la création de R.E.M. jusqu'à leur dernier album et leur séparation il y à environ 9 ans, resteront les mêmes, ils ne remplaceront jamais leur batteur à titre officiel une fois Berry hors du groupe), qui est parti pour des raisons de santé, et est resté en excellents termes avec le reste du groupe (chanteur Michael Stipe, guitariste Peter Buck, bassiste Mike Mills). 

REM2

Dans la discographie de R.E.M., New Adventures In Hi-Fi fait suite àMonster (1994), disque très rock, presque grunge, un album assez efficace mais qui ne marchera pas aussi bien que prévu et fera se poser des questions au groupe. Ils ont essayé de virer au rock le plus pur et dur, mais ça n'a pas fonctionné, le public n'a pas suivi (en plus, le disque était sorti sous une pochette hideuse, criarde et vraiment cheloue...). Le groupe part en tournée, en 1995, et c'est pendant cette tournée, comme un bon vieux Led Zeppelin II, que fut enregistré ce nouvel album. Entre fin 1995 et l'été 1996, précisément, en divers studios, Boston, Atlanta, Detroit,, Philadelphie, Memphis, Phoenix et Seattle. Selon les membres du groupe, le Time Fades Away de Neil Young, mythique album live de 1973, fut une importante source d'inspiration pour le disque et ses sonorités. Mais le disque de R.E.M. n'est pas un live. Il offre 14 titres (pour un total très généreux de 65 minutes, leur plus long à l'époque), tous inédits, dont quatre sortiront en singles entre fin août 1996 (soit quelques jours avant la sortie de l'album) et avril de l'année suivante. C'est un album qui entremêle rock et atmosphères country/folk, et qui fait l'unanimité aussi bien au sein du groupe (Stipe en parle comme de son préféré, les autres en sont également très fiers) que parmi les fans. Il faut dire que New Adventures In Hi-Fi est un régal absolu que l'on écoute avec un plaisir total malgré une durée qui aurait pu sembler éreintante. L'album est réussi en cela qu'il est très varié : il s'ouvre sur un de ses hits, How The West Was Won And Where It Got Us, servi par un piano inoubliable (cinq notes frappées, rapides, répétitives, qui vous resteront dans le crâne à vie) et un Stipe concerné ; il se poursuit sur le très rock (il aurait eu sa place sur Monster) The Wake-Up Bomb et le plus R.E.M.ien New Test Leper, se poursuit par le sublime Undertow et un morceau enregistré en collaboration avec Patti Smith (elle chante un peu dessus) qui sortira en single avant l'album, E-Bow The Letter (le morceau, qui ne marchera pas super bien dans les charts, est en hommage à River Phoenix), puis on trouve le long (7 minutes, le plus long ici) et fantastique Leave...

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La troisième face du vinyle (à noter que dans le tracklisting plus bas, j'indique des titres spécifiques pour les faces A et C, on ne les trouve pas sur le vinyle, mais sur l'édition K7, qui est sur deux faces seulement, mais j'ai trouvé sympa de les indiquer ici) s'ouvre sur un des morceaux les plus rock non pas de l'album, mais du groupe, Departure, avec son riff bien saisissant et génial, et est suivi par Bittersweet Me, sorti en single, est efficace au possible. L'album poursuit son petit bonhomme de chemin, ensuite (Binky The Doormat, Low Desert...) juqu'à un Electrolite sublimissime en final, chanson qui sortira en single et fait partie des joyaux de ce dixième album vraiment exceptionnel, un des sommets du groupe, et accessoirement, mon grand préféré d'eux, celui que je réécoute le plus souvent, avec le plus de passion. Entre Leave, Departure, E-Bow The Letter, Electrolite, Undertow et How The West Was Won And Where It Got Us (notons cependant que les morceaux les plus prodigieux sont quasiment tous dans la première moitié de l'album), cet album très rock et roots est un régal, superbement produit, varié, et, ce qui est assez peu fréquent avec un album de cette durée, il ne semble pas trop long, les 65 minutes passent comme une lettre à la poste. L'album suivant, Up (1998, le premier sans Berry qui, d'après la légende, aurait acheté, lui-même, un exemplaire de l'album en magasin comme n'importe quel fan, ayant refusé de le recevoir en cadeau parce qu'il faisait autrefois partie du groupe), fait une minute de moins, mais semble durée vingt minutes de plus, tant il semble laborieux. Ici, tout coule de source, et même les morceaux les moins époustouflants (on va dire, 5 des 6 derniers, le final mis à part) sont réussis. C'est peut-être bien le sommet de R.E.M., en tout cas, un très grand disque, et peut-être le meilleur de 1996 (avec le Murder Ballads de Nick Cave & The Bad Seeds et le Odelay de Beck).

 

FACE A (The Hi Side)

How The West Was Won And Where It Got Us

The Wake-Up Bomb

New Test Leper

FACE B

Undertow

E-Bow The Letter

Leave

FACE C (The Fi Side)

Departure

Bittersweet Me

Be Mine

Binky The Doormat

FACE D

Zither

So Fast, So Numb

Low Desert

Electrolite

"Hearts On Fire" - Baker Gurvitz Army

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Revoilà, pour un dernier tour de piste (cycle court ? Mais c'est parce que leur discographie l'est aussi, trois albums !), le Bakerr Gurvitz Army, ce groupe de hard-rock anglais fondé en 1974 par le batteur Ginger Baker (revenu de ses expériences afrobeat au Nigeria) et les frangins Paul (basse) et Adrian Gurvitz (guitare, chant). Agrémentés, dès le deuxième album, du chanteur Mr Snips. Le premier album, éponyme, de ce très obscur et oublié groupe de hard-rock était réussi, et le second, Elysian Encounter, sous sa pochette progressive, était encore meilleur. On avait à chaque fois affaire à du bon vieux hard-rock 70's des familles, pas du bourrin, pas du metal, pas du boogie-rock, juste du hard. Et encore, c'est marrant, mais on a hard et hard. AC/DC, par exemple, ne sonne pas vraiment comme Aerosmith (qui sonne plus glam), qui ne sonne pas comme Deep Purple. Baker Gurvitz Army, grosso modo, ne sonne ni comme les uns, ni comme les autres, même si on serait, quand même, parfois, proche des Duponts Volants. Surtout sur leur troisième album, sorti en 1976, leur dernier car, suite à la mort de leur manager, le groupe cessera toute activité. Ce troisième album, plus court (36 minutes), s'appelle Hearts On Fire, et sa pochette est du pur hard-rock ras-du-front, une représentation totale du titre de l'album : une main féminine qui tient des cartes à jouer (je ne me rappelle plus trop les règles du poker, mais ça ne serait pas un full, ce qu'elle a ?), quatre Coeurs, et ces cartes sont en feu. Des coeurs en feu. Cette pochette ne nécessiterait pas que l'on mette le titre de l'album, la photo étant un vrai rébus.

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Hearts On Fire est très nettement le moins réussi des trois albums de Baker Gurvitz Army (un nom de groupe à la Bachman-Turner Overdrive, groupe qui, musicalement, leur ressemble beaucoup, maintenant que j'y pense), ce qui ne l'empêche pas d'être d'un très bon niveau, le genre de disque que l'on prendra plaisir àécouter de temps en temps, et qui, sans atteindre les sommets d'Elysian Encounter, n'offre aucune mauvaise chanson et délivre bien les cartons. Baker Gurvitz Army, malgré le grand nom derrière les fûts, n'est pas un grand groupe de hard, et si le groupe avait continué sa carrière, nulle doute que, tôt ou tard, ils auraient fini par faire de la merde. On sent, malgré la réussite globale de ce disque (le bluesy Thirsty For The Blues, Smiling, le morceau-titre), une baisse de qualité, pas flagrante, mais bien réelle. Certains morceaux sont agrémentés de choeurs très soul (notamment de Madeline Bell), de claviers du plus bel effet, et la batterie est plus sobre que de coutume. 

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La production, signée encore une fois Eddie Offord, est plus mainstream, parfois (Night People sonne presque comme du Springsteen), l'album sonne souvent un peu comme une version un peu plus énervée que de coutume des Who ou des Rolling Stones (l'époustouflant final Mystery). Aucun musicien n'est mauvais, tous assurent, et le chant est très bon. On a donc affaire à un hônnête petit disqu de rock bien balancé, bien charpenté, rien d'exceptionnel, mais les amateurs devraient, selon toute logique, apprécier. Désolé pour cette chronique plus courte que de coutume, mais il n'y à pas grand chose à dire ici. Une conclusion de carrière satisfaisante, même si elle n'était pas voulue.

FACE A

Hearts On Fire

Neon Lights

Smiling

Tracks Of My Life

Flying In And Out Of Stardom

FACE B

Dancing The Night Away

My Mind Is Healing

Thirsty For The Blues

Night People

Mystery

Camera Obscura - Nico

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Brrr, putain, mais qu'est-ce qu'il fait froid tout d'un coup ! Qui c'est l'enculé qui a ouvert la fenêtre ? Qui ? Qui a fait ça ? Que je lui fasse regretter d'être venu au monde et que je le pende haut et court ! Personne ? Alors, je sais pouquoi il fait aussi froid soudainement... ça vient de cet album. Trois raisons à cette froideur. La première, le côté funeste qui l'entoure. CameraObscura, sorti en 1985, est le dernier album de l'allemande Nico, qui décèdera trois ans plus tard des suites d'une vilaine chute à vélo alors qu'elle se trouvait à Ibiza. La deuxième, cette pochette. Regardez cette pochette... À côté, celle de The Marble Index passerait pour une couverture d'une aventure de Oui-Oui aux pays des abeilles copulant avec les papillons. Et troisième raison, la principale : la musique proposée. Bien années 80, c'est un fait, mais on est chez Nico là les mecs, ça veut dire ce que ça veut dire ! À côté de ça, même les trucs les plus cintrés de Kate Bush passeraient pour du Kim Carnes, Bonnie Tyler, Cindi Lauper, Whitney Houston et autres trucs à la mords-moi-le-zeub. Cet album, Nico l'a enregistréà Londres en 1984-1985 et a pu compter sur la collaboration d'un duo nommé The Faction, dont le nom est affiché sur la pochette et de son ex-pote du Velvet Underground : John Cale. En revanche, pas de Lou Reed (occupéà composer la merde que sera Mistrial) et pas de Sterling Morrison. Je suis super emmerdé, parce que je me demande ce que je vais pouvoir vous dire au sujet de ce skeud. Mais, je vais essayer.

Comment parler de cet album ? Telle est la question tant il ne ressemble à rien de connu. Je peux vous dire une évidence, même deux, l'une découlant de l'autre d'ailleurs : ici, encore plus que sur les autres albums de Nico, en terme d'accessibilité, on est pas loin du zéro et, j'aime autant vous dire que cet album, également comme tous les autres albums de l'allemande, a été accueilli avec autant d'entrain qu'une épidémie de choléra. Prenons le morceau titre par exemple, sur lequel John Cale fait entendre sa voix, rendue volontairement quasiment inaudible. Ce morceau est flippant. Il s'en dégage une atmosphère aussi froide, sinon plus, qu'une bite de cadavre. Entre les percussions, l'harmonium de Nico et sa voix rauque elle aussi quasiment inaudible et ces coups de trompettes, on est en plein dans un truc qui vient d'ailleurs. Et c'est également valable pour des morceaux comme Tananore et Win A Few. Froids comme une lame de couteau que l'on aurait laissée dehors par une nuit affichant -30 degrès celsius au mercure. Et la voix rauque et lointaine de Nico donnent l'impression que ces deux chansons sont chantées par une femme revenant d'entre-les-morts. Glaçant à souhait. My Funny Valentine apporte un peu de douceur. Toute au piano, cette reprise est absolument sublime. Par contre, je n'ose même pas imaginer la gueule qu'ont dû tirer les puristes du jazz et ce qu'ils ont ressenti quand ils ont entendu ça. La première chose à laquelle ils ont pensé, j'en suis sûr et certain, c'est d'aller trouver Nico pour l'empaler sur un tisonnier tellement portéà incandescence qu'il aurait pu aisément servir de lanterne en pleine nuit noire. Après l'accalmie, retour à la tempête ou plutôt au blizzard. Das Lied Vom Einsamen Mädchen (première des deux chansons àêtre interprétée dans la langue de Goethe) est aussi froide qu'un pin de glace sur la banquise groenlandaise.

Vous pensiez que la seconde face est plus légère ? Ach, gross malheur ! Achtung bicyclette ! Ouais, je sais, c'est de mauvais goût que de faire une blague de ce genre sur un article concernant Nico, mais bon, vous savez ce qu'on dit hein, on ne se refait pas. Cette seconde face est exactement dans la même lignée que la première. Elle va encore plus loin car si sur la première My Funny Valentine apportait un peu de douceur à tout ça, on ne trouve pas d'équivalent sur la seconde face. Laquelle s'ouvre sur le sommet de l'album : Fearfully In Danger. Sept minutes infernales, froides et robotiques à souhait. Il faut cependant attendre près de quatre minutes pour que surgisse la voix de Nico. Je vous le dis tout net : cette chanson est ma préférée du disque. Mais elle est suivie par celle que j'aime le moins : My Heart Is Empty. Entendons-nous bien, ce n'est ni moyen, ni mauvais, c'est juste un peu moins fort que ce qui précède et que ce qui va suivre. Into The Arena, avec sa trompette magistrale est elle aussi bien glaciale, mais franchement, c'est de la haute-couture. Le disque se termine sur la seconde chanson àêtre chantée en allemand : Konig. Et, on ne peut pas dire que ça se termine dans la joie. Écoutez cet harmonium... écoutez cette plainte lugubre qu'il laisse échapper... On se croirait à une cérémonie d'obsèques. C'est aussi froid et glauque que sublime. Clairement, cet album ne plaira pas à tout le monde. Il y aura un cap à franchir : celui de la première écoute. Si vous arrivez àécouter ça d'une traite et sans avoir envie de tuer Nico à coups d'opercules de boîte de conserve, alors vous êtes sur la bonne voie et je peux vous dire que cet album vous sera alors très précieux. Un vrai bonheur musical pour qui arrive à le dompter. Comme tous les albums de Nico en fait. Et surtout The Marble Index et The End

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Face A

Camera Obscura

Tananore

Win A Few

My Funny Valentine

Das Lied Vom Einsamen Mädchen

Face B

Fearfully In Danger

My Heart Is Empty

Into The Arena

Konig


"Les Visiteurs Du Soir" - Mathématiques Modernes

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Ce groupe, un duo (ce qui est clairement visible sur la pochette !) ne se reformera jamais. Ils auraient du mal : Claude Arto (musique, instrumentaliste du groupe) est mort en 2013, et Edwige Bellmore (chant) est morte en 2015. Je ne sais pas si elle a eu une belle mort (jeu de mots pourri, désolé), mais je ne sais pas si ça existe, donc... Sinon, voici Mathématiques Modernes, un des groupes français les plus cultes de tous les temps. J'ai eu la chance de trouver récemment un vinyle de ce disque, en réédition en même temps (un pressage d'époque est d'une rareté...et donc, très cher !), mais savoir qu'un disque pareil a été réédité, quelque part, ça fait vraiment chaud au coeur. Plus chaud qu'en écoutant ce disque : c'est, en effet (mais c'est volontaire), d'une froideur de banquise au cours d'un hiver particulièrement rude. Rien qu'à regarder la pochette, en même temps, ça en dit long. Si Arto fait une tronche à peu près neutre (hormis un regard un peu étonné, ou alors c'est moi qui me fait des idées ; un regard à la Goldman), Edwige, elle, ancienne physionomiste de la boîte de nuit mythique le "Palace" et égérie punk növö et des nuits parisiennes, fait une tronche, justement, de physionomiste s'apprétant à dire aux agents de sécurité de virer ce connard des lieux et sans que ses pieds ne touchent par terre. Une tronche refroidissante, pour le moins. Avec ce design, aussi, très étrange et glacial, c'est peu dire que ce premier (et unique) album de Mathématiques Modernes n'est pas de ceux qui vous feront danser jusqu'au bout de la nuiiiiiiit.

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Ce disque, Les Visiteurs Du Soir, fait suite à un 45-tours (et aussi à un maxi-45-tours proposant la meme chanson en version étendue) produit par Jacno en 1980 (le maxi aussi), Disco Rough/A+B=C. Single qui fut élu single of the week par le journal musical britannique NME, excusez du peu. Deux morceaux présents ici. Musicalement, Mathématiques Modernes est un groupe de new-wave électro assez précurseur, Claude Arto joue des synthés et des ordinateurs, et produit (sauf les deux morceaux du single repris ici, produits donc par Jacno). On trouve cependant un batteur (Hervé Zenouda), des cuivres et des arrangements de cordes, tout ceci participe au ton vraiment décalé, chelou, de l'album, un album court (dans les 35 minutes) mais fulgurant. Le chant de la Bellmore est aussi froid que son apparence : une sorte de non-chanteuse faussement approximative comme on en faisait un peu à l'époque et comme on en trouvera pas mal à la grande époque à venir du trip-hop. Elle chante dans les deux langues, français et anglais (et signe les textes de tout l'album, Réponds-Moi mis à part, signé Jean-Jacques Debout), mais c'est souvent difficile, malgré les paroles incluses sur la sous-pochette, de comprendre les textes. Qui sont pour le moins alambiqués, parfois réduits à leur plus simple expression (Disco Rough).

MM3

On s'en fout, car ce n'est pas pour les textes qu'on écoutera ça. Mais pour le rendu complet, totalement étonnant. Sorte de Kraftwerk français, en plus expérimental et discoïde, Mathématiques Modernes, dont j'imagine que le disque, leur unique (ils sortiront un 45-tours promotionnel, Paris Tokyo, la même année), ne se vendra pas des masses en cette année de Pizza de Bashung et du ...Retour De Gérard Lambert de Renaud, est un OVNI musical. Présent (c'est ainsi que je l'ai découvert) dans un livre de Rock'n'Folk proposant une centaine d'albums rock français depuis Les Chats Sauvages jusqu'à Izia (on trouve dans ce livre aussi bien des albums connus que de vraies raretés, certains albums étant même tellement rares qu'ils en sont introuvables, Chats Renaissance de Massiéra, Vietnam Veterans, Kas Product, Dynastie Crisis...et cet album, donc), Les Visiteurs Du Soir est un album étonnant, pas forcément glamour, et pas vraiment de ceux que l'on adorera au premier abord, il se peut même que vous n'adhériez pas du tout au final. Mais passer à côté serait tout de même sacrément dommage, alors tentez une écoute !

FACE A

Paris Tokyo

TV Night

A+B=C

Jungle Hurt

FACE B

Disco Rough

Boy Be My Toy

Réponds-Moi

Athletical Mystery

TV Night (instrumental)

Against The Grain - Rory Gallagher

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Pour tout vous dire, je n'avais pas prévu de reparler de Rory Gallagher aussi rapidement. Enfin, rapidement, c'est abusé de dire ça, étant donné que la chronique sur Deuce date de fin décembre. Mais, justement, ce sont les commentaires associés à cette chronique qui m'ont motivéà aborder à nouveau le gratteux irlandais. Il y a eu deux débats dont je n'ai été que simple spectateur. D'abord, celui sur le fait que Rory ait été un temps candidat pour intégrer les Rolling Stones, ce que j'ignorais totalement, puis, la conversation a dérivé sur Louis Bertignac. Ensuite, et là, je suis fautif, il y a eu débat sur cette fameuse phrase de Jimi Hendrix. Depuis bien longtemps, sans doute depuis sa mort en 1970, on dit que Jimi aurait dit de Rory qu'il était le meilleur guitariste au monde. Tel que je l'ai formulé dans la chronique, ça induisait en erreur et laissait penser que Jimi a effectivement dit ça. Alors, qu'en réalité, je ne sais pas s'il a dit ça. Mais, vous savez quoi, je m'en fous. Moi, j'ai envie de croire que c'est vrai. Et, même en admettant que ça ne l'est pas, il est plus que probable que Jimi l'a penséà un moment ou un autre. Et puis, sérieusement, s'il avait vécu assez longtemps pour entendre les solos de l'album abordé d'aujourd'hui, cela l'aurait sans doute conforté dans son opinion.

Ben tiens, d'ailleurs, l'album d'aujourd'hui, c'est le septième album studio solo de Rory. Il se nomme Against The Grain et est sorti en 1975. Cet album n'a pas une chance de cocu : il fait suite à ce qui restera ad vitam aeternam le sommet de l'irlandais : Tattoo. D'ailleurs, si vous allez fouiner un peu sur les sites dits "spécialistes" en matière de musique, vous vous rendrez vite compte que ce cru 1975 n'est pas très bien noté, ce qui est d'autant plus con que c'est une réussite éclatante. Bien qu'inférieur à son prédécesseur, il faut le reconnaître aussi. Let Me In, chanson d'ouverture, n'a pas d'autres ambitions que d'être un rock nerveux faisant du bien par où il passe et elle accomplit sa mission très proprement. Cross Me Off Your List, avec ses accents funky, est l'une des meilleures chansons de l'album et est une première tuerie totale pour ce disque. Serait-il possible que Rory se soit inspiré du Trampled Under Foot de Led Zeppelin, paru la même année ? C'est possible. Ain't To Good est une ballade rock bien troussée, mais en aucun cas un sommet. C'est même l'une des deux chansons les moins fortes du disque. L'autre étant... on verra ça plus bas. Beaucoup de gratteux britanniques et irlandais de l'époque ont été fortement influencés par le rock ricain des années 50, Rory ne fait pas exception à la règle et Souped-Up Ford pue le rock 'n'roll à plein nez. Et, c'est génial. Plus de 6 minutes de bonheur total. Si Rory connaissait ses gammes en matière de rock 'n'roll, il les connaissait également en matière de blues. La preuve en est avec Bought And Sold, un blues rock de haute-couture.

Toutes les chansons de ce disque ne sont pas signées de la main de Rory. Trois sont des reprises et toutes se trouvent sur la seconde face. À commencer par I Take What I Want, une chanson d'Isaac Hayes. J'ignore ce que vaut l'originale (ne connaissant que peu Hayes), mais la version Rory est excellente. Lost At Sea est excellente également. Et, ce qui m'a toujours frappé, ce sont les ressemblances qu'elle partage avec le You Won't See Me des Beatles. Est-ce volontaire ou pas ? Je ne sais pas. Et, je m'en fous aussi. En admettant que Lennon, Macca et consorts aient percuté, ils ont dûêtre flattés qu'un mec comme Gallagher s'inspire de leur travail. All Around Man, alors là, que dire ? Déjà que c'est la seconde reprise, l'originale étant de Bo Carter, mais je peux dire aussi que c'est tout simplement magistral. Plus de 6 minutes d'extase. Un blues-rock ravageur. Pour déterminer le sommet de l'album, vous avez le choix entre celle-ci, Souped-Up Fort de Cross Me Off Your List, vous avez quatre heures, bon courage et chiez-en bien ! Out On The Western Plain est donc la troisième et dernière reprise. Idem que pour les deux autres, j'ignore ce que vaut la version originale, mais la version Rory est une pure merveille folk. À chaque fois que j'écoute cette chanson, je ne peux pas m'empêcher d'avoir le regret que Rory et le Barde ne l'aient jamais chantée ensemble. Pourquoi je parle du Barde, comme ça, d'un coup ? Tout simplement parce que lui aussi aurait très bien pu chanter pareille chanson ! L'album s'achève sur At The Bottom, très bonne chanson, mais qui est aussi la seconde chanson la moins forte du disque, derrière Ain't Too Good. La conclusion sera la même que pour Deuce : vous aimez la bonne folk (même si une seule chanson est de ce style), le bon blues-rock et le bon rock, alors, c'est par là que ça se passe !

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Face A

Let Me In

Cross Me Off Your List

Ain't Too Good

Souped-Up Ford

Bought And Sold

Face B

I Take What I Want

Lost At Sea

All Around Man

Out On The Western Plain

At The Bottom

"Nursery Cryme" - Genesis

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Genesis a démarré sa carrière en 1969 avec un album franchement médiocre, From Genesis To Revelation, qui n'est à réserver qu'aux seuls fans et offre du rock progressif kitschouille et moyennement produit par un personnage un peu douteux, Jonathan King. Puis ils publient, en 1970, un album fortement sous influence du premier album de King Crimson. Ce deuxième album, Trespass, est le premier sur Charisma Records, chez qui le groupe restera pendant une grosse, très grosse partie de leur carrière. Trespass est un disque un peu inégal, mais offrant tout de même The Knife, Visions Of Angels, Looking For Someone, bref, du très bon. Le batteur du groupe, à l'époque, s'appelle John Mayhew, qui quitte le groupe après l'album, ainsi que le guitariste Anthony Phillips. Genesis cherche alors des remplaçants, et va engager, comme guitariste Steve Hackett, et comme batteur, Phil Collins. Le groupe est désormais complètement formé, solidifié, et le troisième album, Nursery Cryme, sortira en 1971, sous une magnifique pochette signée Paul Whitehead, qui avait déjà signé la pochette du précédent opus et signera celle du suivant. Pochette aux teintes prédominantes de jaune et qui représente divers personnages tirés de la première chanson de l'album, notamment une jeune fille de bonne famille en train de houer au croquet, dans un décor assez victorien. La pochette est ouvrante, et à l'intérieur, sur un fond marron, les paroles des chansons sont disposées dans de petits cadres illustrés, comme des photos dans un album. Des trois pochettes que Whitehead a fait pour Genesis, c'est sa préférée.

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Album relativement court dans la discographie du groupe (avec un tout petit peu moins de 39 minutes, je crois même que c'est, de l'ensemble de leur discographie, le plus court), l'album, produit par John Anthony, a été enregistré au studio Trident de Londres et offre 7 titres. L'un d'entre eux, le premier, The Musical Box, est tellement mythique qu'il sera par la suite le nom d'un tribute-band de Genesis, faisant des concerts comme ceux que le groupe faisait autrefois, un tribute-band assez connu et qui obtint des louanges de la part d'un certain Peter Gabriel, dont je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler de quel groupe il fit partie en tant que chanteur, flûtiste et percussionniste (et auteur des textes) entre 1969 et 1975. Hein, que je n'ai pas besoin de vous le rappeler ? Ce premier morceau est un des sommets d'un album offrant aussi bien du très lourd que du relativement anodin. Ce n'est pas un album inégal, encore que (dès l'album suivant, Foxtrot, ça sera plus structuré, il faut l'avouer), mais il est clair que certaines chansons de l'album restent vraiment, peut-être pas secondaires, mais peu connues, en tout cas, sauf des fans. Mais les classiques, au nombre de trois ici (les trois titres les plus étendus, de plus, ce qui fait que l'album est, globalement, marquant : 26 minutes sur les 39 sont imparables), sont intouchables, comme The Musical Box, donc, morceau-gigogne s'ouvrant en douceur sur une mélodie comme sortant d'une boîte à musique justement, et se termine en furie progressive. Pour son premier album au sein du groupe, Hackett se voit offrir une voie royale, et délivre de courts et intenses soli de guitare. Et la batterie de Phil Collins... On peut dire ce qu'on veut de ses chansons en solo, moi j'avoue, j'aime bien, je l'ai même vu en live en 2004 (et Genesis en 2007) mais je comprends que l'on puisse ne pas aimer car c'est pop à l'outrance. Mais c'est (c'était, du moins, car de gros soucis de santé font qu'il ne peut plus jouer de batterie depuis plusieurs années, et ont même bien ralenti son activité) un batteur exceptionnel. Pour en revenir au morceau ouvrant l'album, et qui dure 10 minutes, c'est l'histoire de deux enfants jouant au croquet. L'un des deux, le petit garçon, Henry, est décapité accidentellement par l'autre, une petite fille, avec son maillet. Quelques jours plus tard, dans la nurserie, elle découvre une boîte à musique, celle du pauvre Henry. En la faisant jouer, le fantôme d'Henry apparaît, se matérialise, et tout en cherchant à attirer Cynthia (la petite fille) vers lui, se met à vieillir, vieillir, jusqu'à ce que la nurse, affolée, ne lance la boîte sur Henry, détruisant et l'objet, et le fantôme. L'histoire est sur la pochette, et Gabriel la racontera sur scène, parmi tant d'autres, durant les concerts du groupe. 

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L'album offre aussi The Return Of The Giant Hogweed (8 minutes) et The Fountain Of Salmacis (même durée), deux classiques. J'ai mis du temps à aimer la première, qui raconte l'histoire d'une plante invasive originaire de Russie, ramenée en Angleterre par un botaniste et ravageant tout, poussant comme du chiendent, et s'en prenant même à la race humaine. La chanson se base sur une plante existant vraiment, et dont Gabriel cite le nom latin, Heracleum Mantegazzianum, et qui s'appelle Berce du Caucase, une plante toxique. La chanson, qui se termine en apocalypse (sur Genesis Live, la version de la chanson, moyennement jouée au demeurant, se termine vraiment avec violence), est un peu énervante par moments (le chant), mais rien que la guitare est imparable. L'autre chanson, géniale, sans doute ma préférée ici (hé oui, et pourtant, The Musical Box...), raconte l'histoire, on est en pleine mythologie, d'Hermaphroditus, le fils d'Hermès et Aphrodite, qui découvre une fontaine sacrée, gardée par une nymphe du nom de Salmacis, qui interdit qu'on s'y baigne. Mais Hermaphroditus va pourtant le faire, et en représailles, Salmacis se mélange à lui, créant ainsi la première personne hermaphrodite. Musicalement, c'est grandiose, et le morceau, situé en final, achève l'album en beauté. Le reste de Nursery Cryme est moins percutant. For Absent Friends, très court (moins de 2 minutes), est chanté par Phil Collins, non-crédité pour cette performance vocale, et est une sublime petite incartade folk apaisante. Seven Stones est un conte maritime joli, mais le genre de chanson dont on a du mal à se souvenir entre deux écoutes de l'album. Harold The Barrel est un petit délire humoristique inspiré par John Lennon (son livre In His Own Write), un homme pense à se suicider en se jetant d'un immeuble. Enfin, Harlequin est une belle petite chanson, douce, apaisante, mais pas trop appréciée de son principal auteur, Mike Rutherford (basse, un peu guitare). Au final, l'album, on le voit, offre certes de grands classiques (surtout The Musical Box, seul morceau de l'album que le groupe jouera souvent live une fois la tournée achevée, même si, par la suite, ça sera surtout le final qui sera joué), mais aussi des morceaux plus discrets. Sa production est bonne, mais sera meilleure sur les albums suivants. C'est un très bon opus de la Génèse, que je prends plaisir àécouter de temps à autre, et il fut même mon préféré quand, il y à longtemps, j'ai découvert leurs albums (d'abord ceux de la période Gabriel). Si vous aimez le rock progressif 70's, et que vous ne connaissez pas (ce qui, dans ce cas, me semble curieux), alors jetez-vous dessus !

FACE A
The Musical Box
For Absent Friends
The Return Of The Giant Hogweed
FACE B
Seven Stones
Harold The Barrel
Harlequin
The Fountain Of Salmacis

"Seven Turns" - The Allman Brothers Band

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Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé du Allman Brothers Band ici ! Un groupe mythique fondé en 1969 par deux frangins, Duane (guitare) et Gregg Allman (chant, claviers, mais aussi un peu guitare), tous deux décédés depuis, hélas (Duane depuis 1971, Gregg en 2017). Un groupe qui compte parmi les premiers, avec Black Oak Arkansas, de ce que l'on appellera le rock sudiste, le groupe étant originaire de Floride (enfin, officiellement, c'est en Floride que le groupe s'est formé, mais les Allman viennent du Tennessee, notamment). Après deux premiers albums très réussis (1970 et 1971) mais s'étant vendus correctement mais sans plus, le groupe, en 1971, cartonne avec At Fillmore East, un double live quintessentiel (un des plus grands qui soient, si ce n'est le plus grand). Duane Allman, hélas (qui, en 1970, est réquisitionné par Clapton pour jouer avec lui au sein de Derek & The Dominoes, dont le monumental double album sort en fin 1970), décède peu de temps après dans un con d'accident de la route, sa moto s'encastre dans un camion fruitier. Le groupe, endeuillé, sort le double Eat A Peach en 1972, en partie constitué de titres live, pour lui rendre hommage. Puis Berry Oakley, leur bassiste, meurt dans des circonstances similaires. Le groupe va, jusqu'à 1976, survivre, alors que la concurrence (Lynyrd Skynyrd) est entre temps arrivée, plus dure, plus féroce qu'eux. Le groupe se reforme en 1979, se resépare en 1981, revient en 1990 avec Seven Turns. Ce disque. 

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Si vous n'avez de ce groupe, en mémoire, que leurs albums des années 70, et notamment les tous premiers (de quand Duane était encore de ce monde), alors, en écoutant Seven Turns, vous serez surpris de la voix de Gregg Allman : elle a pris un coup. Plus aussi jeune qu'autrefois, et c'est après tout normal, le bonhomme a vieilli, comme tout le monde. Sa voix, en 1990 (et peut-être aussi sur le disque sorti en 1979, que je ne connais pas), est plus rauque, plus bluesy encore qu'autrefois. Il chantait super bien autrefois, il chantait, peut-être, encore mieux en 1990. Sa voix respire le vécu. Les tragédies à répétitions (dire que ce groupe s'appelle le 'groupe des frères Allman' alors qu'un des deux frères en question est mort en 1971...) sont l'apanage du groupe, et on le sent à l'écouter. Produit par Tom Dowd, qui avait mis en boîte le mythique double live de 1971 au Fillmore East, Seven Turns dure 48 minutes, pour 9 titres, et sera un très beau succès à sa sortie. C'est surtout un album franchement remarquable, un des meilleurs albums studios d'un groupe plus connu pour ses prestations live hallucinantes que pour ses albums enregistrés en studio. Le groupe, dont ici quatre membres sont d'origine (Gregg Allman, le guitariste Dickey Betts, les batteurs Butch Trucks et Jaimoe), livre une série de morceaux absolument sublimes, qu'ils soient du bon vieux blues-rock sudiste bien nerveux (Good Clean Fun, Low Down And Dirty Mean) ou des morceaux plus 'calmes', mélancoliques (le morceau-titre, Shine It On, cette dernière étant probablement ma préférée du lot).

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Avec un long (8 minutes) et incroyable instrumental, True Gravity, en avant-dernière position, qui laisse pantois. Mais tout est bon, super bon ici, sur ce disque qui respire bon le southern rock 70's, la production de Dowd est exceptionnelle. Ca faisait des années que le groupe n'avait pas bossé avec lui, et une fois le disque enregistré, Butch Trucks (mort en 2017, la même année que Gregg Allman) dira que quand il a entendu le résultat final, il s'est demandé comment le groupe a fait pour enregistrer des albums sans Dowd, ce qui, pourtant, est arrivéà quelques reprises (leurs derniers albums des années 70, avant la séparation de 1976, comme Win, Lose Or Draw, et un des albums de la première reformation), tellement ce producteur connaît et respecte le son du Allman Brothers Band. Il est clair que Seven Turns est un des meilleurs albums du groupe, un régal de rock sudiste bluesy, foutrement efficace, qui a de plus servi à relancer la carrière d'un groupe qui, après la mort de deux de ses membres en 1971/72, aura eu bien du mal à survivre. Ce n'est que justice que ce groupe (désormais appartenant au passé, ils ne se reformeront plus jamais, et si jamais ils le font, ça ne sera plus pareil, évidemment) y soit parvenu !

FACE A

Good Clean Fun

Let Me Ride

Low Down Dirty Mean

Shine It On

Loaded Dice

FACE B

Seven Turns

Gambler's Roll

True Gravity

It Ain't Over Yet

Mendocino - Sir Douglas Quintet

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R-1419657-1438812618-5914 Sir Douglas Quintet... sous ce nom résolument britannique, se cache en réalité un groupe américain composé de cinq membres, le nom ne ment pas. À moins que vous soyez super calé, curieux ou les deux, il y a de fortes chances pour que vous ne connaissiez pas ce groupe qui, à l'heure actuelle, est aussi connu que les membres du gouvernement de Macédoine. Par contre, vous connaissez certainement le leader de ce groupe : un certain Doug Sahm. Un artiste que Clash a abordé ici-même via notamment l'album Texas Tornado datant de 1973 et qui s'est autant vendu que des sorbets au citron en plein hiver dans un coin perdu de la Sibérie. Un album génial, bien que moins bon que celui qui lui succèdera en 1974 et dôté d'une pochette que certains trouvent mal branlée deonc pourrie, mais que moi, j'adore, la trouvant aussi géniale que mégalo. Enfin bon, aujourd'hui, c'est Mendocino, sorti en 1969 et premier album du groupe qui nous intéresse.

J'aime autant vous le dire d'entrée de jeu : même si ça ne me plaît pas, cette chronique sera plus courte que de coutume. Serait-ce parce que l'album n'est pas bon ? Non, absolument pas. Cet album est vraiment top de chez top. Le problème, c'est que je suis dans l'incapacité de vous le décrire. Pourquoi en parler alors ? Parce qu'il est grand temps que, plus de cinquante putains d'années après sa sortie, cet album soit mis en lumière. Il s'ouvre sur sa chanson titre, qui est une réussite absolue. Mais, cette chanson n'est pas la seule àêtre dans ce cas. I Don't Want et If You Really Want Me I'll Go sont de vraies orfèvreries pop-rock. D'ailleurs, la seconde citée a quelque chose de beatlesien. I Wanna Be Your Mama Again est sublime, tout comme l'est At The Crossroads, chanson la plus longue de l'album. Il y a sur cet album deux morceaux qui me plaisent moins, ceux qui ouvrent la seconde face. Ce qui me fait chier, c'est que ce sont deux titres absolument barbares àécrire : And It Didn't Even Bring Me Downet Lawd, I'm Just A Country Boy In This Great Big Freaky City. En aucun cas ce ne sont des chansons mauvaises ou moyennes, mais il faut reconnaître que ce sont les moins fortes du lot.

Par contre, je ne vous dis pas le niveau des trois dernières : She's About A Mover est monstrueuse. Par contre, si vous remplacez l'orgue par des cuivres, vous obtenez quelque chose se rapprochant fortement du What I'd Say de Ray Charles. Dans le texte de la chanson, même si c'est très fugace, le groupe laisse clairement sous-entendre qu'il s'est inspiré du monstre Ray Charlesien. Texas Me est génial et country dans l'âme, les grands coups de violon ne mentent pas sur la marchandise. Et Oh, Baby, It's Just Don't Matter achève l'album sur un rock bien teigneux et qui défouraille bien comme il faut. Cet album, je vous le recommande plus que sauvagement, mais, étant donné qu'il s'est aussi bien vendu que des cages à lion en Argentine, il est donc difficile à trouver. Mais, si vous arriver à le trouver, que ce soit en CD ou en vinyle (et rien à foutre du pressage), prenez-le vite fait, vous ne le regretterez pas. Et vive la musique mes petits potes, la vraie bonne musique !

sir-douglas-quintet-1

Face A

Mendocino

I Don't Want

I Wanna Be Your Mama Again

At The Crossroads

If You Really Want Me I'll Go

Face B

And It Didn't Even Bring Me Down

Lawd, I'm Just A Country Boy In This Great Big Freaky City

 She's About A Mover

Texas Me

Oh, Baby, It Just Don't Matter

"Triangle" - Triangle

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Dans la catégorie rock français, voici un morceau de choix : Triangle. Ce groupe culte a été fondé en 1967, durera pendant sept ans environ, et sera un des premiers groupes hexagonaux de rock progressif. Le groupe sera à la base constitué de Gérard "Papillon" Fournier (chant, basse), Pierre Fanen (guitare) et Jean-Pierre Prévotat (batterie). Fanen quitte le groupe rapidement, en 1968, et intègrera Zoo, dont je parlerai ici un jour. Il est remplacé par Alain Renaud (guitare, chant), puis Paul Farges remplace Renaud, et le groupe va survivre, sortant des 45-tours sans grand succès, jusqu'à 1970. En cette année, le groupe se solidifie autour de Papillon, Prévotat, François Jeanneau (claviers et saxophone) et d'un nouveau guitariste, Marius "Mimi" Lorenzini. C'est en 1970 que Triangle parvient enfin à faire un album, qui sort sans titre (Triangle donc) mais sous une pochette des plus marquantes : un piano enflammé, dans l'herbe, celui, selon la petite histoire, de la grand-mère du batteur, sacrifié pour la cause. L'album est essentiellement chanté en anglais (enfin, sur les 6 titres, 3 sont en anglais, 2 en français et on a un instrumental), dure une petite quarantaine de minutes, et obtiendra le 1er prix de la musique française l'année suivante, ce qui est fièrement indiqué sur un sticker inamovible argenté en haut à droite (mon exemplaire l'a, celui dont le visuel orne le haut de l'article, car ce n'est pas une photo perso, aussi). 

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En 1971, Triangle va connaître une forte popularité grâce à sa participation au film Les Bidasses En Folie de Zidi, avec les Charlots. Dans une séquence de concours pop auquel participent les Charlots, dans le film, Triangle fait une apparition, interprétant Peut-Être Demain, issu de leur premier album (les Martin Circus aussi font une apparition musicale), morceau très rock, paroles contestataires, solo de guitare, bruits de bottes militaires en intro et final, c'est du lourd. C'était l'époque bénie où des groupes tels que Triangle ou Magma (Magma, ce fut en 1972 dans un film de Jean Yanne) pouvaient apparaître dans des films grand public. Pour en reviendre àTriangle, premier des trois albums du groupe (et peut-être leur meilleur), c'est un petit sommet de rock progressif fortement imprégné de jazz-rock. Je trouve d'ailleurs que l'ambiance générale de l'album n'est pas sans rappeler celle du premier album, éponyme, de  Zoo, sorti l'année précédente (rappelons qu'un ancien membre de Triangle, membre fondateur, partira dans Zoo), mais Zoo fait du rock progressif bien plus orienté jazz (on dirait du Chicago ou du Blood, Sweat & Tears progressif, en fait) que Triangle, plus orienté progressif tout de même. A l'époque, certains journalistes estimeront que les deux meilleurs groupes de rock français sont Ange et Triangle, et certains iront même, aussi, jusqu'à créer une sorte de concurrence entre Triangle et un autre groupe, les Variations, qui eux faisaient du rock pur, stonien, tandis que Triangle, c'était plus intellectuel, floydien. Toutes ces conneries, c'est des conneries, franchement, comment comparer ce qui ne l'est pas ? Et puis, concernant Triangle et Ange, je pense que Triangle était meilleur, mais c'est d'Ange dont on se souvient. Ce premier opus de Triangle mérite amplement la découverte.

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Pourtant, il faut s'accrocher un petit peu, car entre la durée des morceaux (Blow Your Cool dure 7 minutes, Cameron's Complaint en dure presque 10, Guerre Et Paix en dure 9...en ayant la durée de ces deux morceaux en tête et en constatant qu'ils sont tous deux sur la face B, vous vous doutez bien que le morceau restant sur la face B, M.L. - G.G., est court, et en effet, il ne dure pas 2 minutes, et est l'instrumental de l'album) et l'atmosphère très chargée, à la fois progressive, pop et jazzy, c'est peu dire que la première écoute de cet album très bien produit (le son est super bon) risquera peut-être d'être difficile. Encore que, c'est pas aussi difficile d'accès que Magma ou Zoo, non plus. Mais c'est claiement du rock dit  'intellectuel', sans aller jusqu'à faire de l'élitisme, mais ce n'est pas aussi facile d'accès que les Variations, Johnny Hallyday ou que la variété française de l'époque. C'est en tout cas un des meilleurs représentants du rock en France pour les années 70, un groupe éphémère (7 ans d'existence, trois albums seulement), aujourd'hui, j'en ai peur, un peu oublié, mais entré dans l'Histoire, à l'époque, pour ce premier opus remarquable et leur participation à un des plus gros succès populaires du cinéma français de l'époque (car ça aide quand même beaucoup à la notoriété, ce genre d'apparition !). Bref, ce premier Triangle est indispensable à tout fan de rock français et de curiosités. 

FACE A

Peut-Être Demain

Left With My Sorrow

Blow Your Cool

FACE B

Guerre Et Paix

M.L. - G.G.

Cameron's Complaint

"Bat Out Of Hell" - Meat Loaf

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Pour lancer un cycle Meat Loaf sur le blog, quoi de mieux que de commencer par le début ? Enfin, non, ce disque n'est en fait pas le premier album du chanteur, il en a fait un autre en 1971, Stoney & Meatloaf, un disque peu connu, que je ne connais pas d'ailleurs (seulement de nom), et qui ne marchera pas à l'époque. Un disque de rock imprégné de soul et de gospel fait en duo avec la chanteuse Shaun 'Stoney' Murphy, mais absolument pas un disque de hard-rock. C'est ce disque, son deuxième, celui que l'aborde ici ou plutôt que je réaborde car l'ancienne chronique datait de 2012, qui va lancer sa carrière, en 1977. Mais avant, qui est Meat Loaf ? Il s'appelle, de son vrai nom, Marvin Lee Aday, est né en 1947, ce qui fait qu'il commencera à cartonner à l'âge de 30 ans, soit relativement tardivement. Il est Texan, néà Dallas, son père était un ancien flic reconverti en vendeur de remèdes contre la toux, et un alcoolo de première bourre, et sa mère était une institutrice et chanteuse de gospel. Son nom de scène, Meat Loaf ('pain de viande'), viendrait de son père qui l'appelait Meat, et de ses amis qui rajouteront Loaf afin que les initiales du surnom, ML, soient aussi celles de ses deux prénoms, Marvin Lee. Le surnom viendrait sûrement du fait que Meat Loaf était, déjà enfant, sujet à un certain embonpoint. Il pesait dans les 120 kg adolescent... Meat Loaf a démarré sa carrière à la fin des années 60, il participe à la comédie musicale scénique Hair, à la suite de quoi il sort un disque en 1971. Pas de succès. Il va participer, en 1975, tenant le rôle d'Eddie le rockeur, à la comédie musicale The Rocky Horror Show, adaptée en film (The Rocky Horror Picture Show), film qui n'aura aucun succès à l'époque mais est rapidement devenu culte pour plein de monde (dont l'auteur de cet article). A la suite de quoi, il commence à collaborer avec Jim Steinman, un parolier qu'il avait rencontré quelques années plus tôt. 

ML2

Steinman, futur auteur de Total Eclipse Of The Heart pour Bonnie Tyler, va commencer à bosser sur un projet de comédie musicale adaptée de Peter Pan, le roman de Barrie. Ce projet capotera pour finalement devenir un album, le deuxième de Meat Loaf et son premier vrai album, sorti en 1977 : Bat Out Of Hell. Comment qualifier ce disque ? C'est un projet dingue, 47 minutes (et seulement 7 titres !) de hard-rock totalement outrancier, peu de disques sonnaient ainsi en 1977. Enregistré avec une partie du E-Street Band de Bruce Springsteen (Roy Bittan aux claviers, Max Weinberg à la batterie), ainsi qu'avec Edgar Winter (saxophone), Kasim Sulton (basse), Ellen Foley (chant), Steinman (claviers, percussions) lui-même, et un certain Todd Rundgren à la guitare et à certains claviers, l'album est produit par Rundgren, justement, et fait partie des plus grosses ventes d'albums de tous les temps, aux côtés notamment du Back In Black d'AC/DC, Rumours de Fleetwood Mac (sorti la même année que le Meat Loaf, les deux albums vont, en cette année punk, genre musical qu'ils ne sont absolument pas, affoler les charts), les best-ofs des Eagles et le Thriller de Michael Jackson, ce dernier étant le plus vendu, de loin. C'est du rock wagnérien, glam et décadent, totalement dingue, pop, lyrique, bien chargé, orchestral, heavy, burné. Et certains iraient même parler de rock gay, ce qui me dépasse par la gauche, la droite par en-dessous, soit dit en passant. Avec sa production vach'tement hénnauuuurme, ses guitares en fusion, ses morceaux à rallonge (on a ici un morceau de presque 10 minutes et deux autres qui en font plus de 8, ainsi que deux autres qui dépassent les 5 minutes), ses choeurs en pagaille et son tas de barbaque en chemise à jabot suant comme une chaudière de chanteur, c'est peu dire que Bat Out Of Hell, en 1977, c'est quelque chose.

ML3

Chef d'oeuvre absolu, ce disque, qui sera l'objet de deux suites (en 1993 et 2006, je les aborderai en temps voulu dans le cycle), est du genre à ne pas être trop appréciable à la première écoute, car on en prend plein la gueule de tous les côtés et l'impression générale qui surnage est, en gros, mais quel bordel que ce disque. A force, on entre dedans, et une fois dedans, ben, elle est bonne, comme on dit. Avec sa pochette Corben représentant un motard au look de Conan sortir à toute berzingue (filer comme une chauve-souris échappée de l'Enfer, titre de l'album, est une expression argotique qui veut dire 'se barrer à toute vitesse') du sol d'un cimetière, avec un monstre ailéà la Nuit Sur Le Mont Chauve de Fantasia qui lui colle au cul, l'album en impose dès le morceau-titre, inaugural, 9,50 minutes de bonheur qui démarre par un riff tonitruant de guitare en guise de starter, le piano martelé de Bittan et Rundgren qui fait rugir sa guitare avec, en effets sonores, une moto qui démarre. Purement jouissive, cette intro donne le ton. Après, le piano revient, solo, calme, et la voix de Meat Loaf déboule, clamant un texte saisissant et théâtral, l'interprétation de Loaf est théâtrale d'ailleurs, je ne veux pas dire qu'il en fait trop, mais il joue un personnage plutôt qu'il ne chante. Le morceau est une succession d'accélérations, de ralentissements, de fausses fins, de retours insensés, et quand il se finit, sur des choeurs angéliques partant dans le lointain, on en pleurerait presque. La suite de l'album (riche en singles, 3 chansons sur 7, beau ratio) est du même tonneau, difficile de ne pas frissonner en écoutant For Crying Out Loud, total moment de grâce, ou de ne pas rire en écoutant ce pathétique moment de vie adolescente (deux ados se bécotant dans une voiture pendant la retransmission d'un match de base-ball) de Paradise By The Dashboard Light, mini opéra rock jubilatoire. Ou bien le délicat Heaven Can Wait, qui montre que dans tout cet océan de testostérone musicale, on a aussi un petit peu de calme, de tendresse. Ou le cynisme des paroles du refrain de Two Out Of Three Ain't Bad. Bref, tout, dans ce disque, est un grand moment de rock affirmé, dingue de chez dingue, jouissif de A à Z, surproduit à un point que ç'en est génial. La suite ne pouvait être que totalement prévisible : après un tel one-shot, comment faire mieux ? Impossible. La suite, bientôt...  

FACE A

Bat Out Of Hell

You Took The Words Right Off My Mouth (Hot Summer Night)

Heaven Can Wait

All Revved Up With No Place To Go

FACE B

Two Out Of Three Ain't Bad

Paradise By The Dashboard Light

For Crying Out Loud 


Big Mama Thornton With The Muddy Waters Blues Band - Big Mama Thornton

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Récemment, il y a de cela un mois et demi environ, via In Europe, Big Mama Thornton a été abordée sur le blog pour la première fois. Et, j'avais fait part à Clash de mes intentions de reparler de cette immense chanteuse de blues. Comme on dit, autant battre le fer pendant qu'il est encore chaud. Donc, aujourd'hui, voici que s'offre à vous le deuxième album de Big Mama : Big Mama Thornton With The Muddy Waters Blues Band, sorti en 1966, soit un an après In Europe qui, malheureusement, n'intéressera pas énormément le public à l'époque. Comme le titre l'indique, Big Mama bénéficie d'un renfort de poids : celui d'un autre géant du blues : Muddy Waters, lequel voyait sa carrière bien prisonnière d'une pente descendante. Pour Muddy, pour que le succès revienne, il faudra attendre 1968 et le génial Electric Mud, bien que cet album se soit littéralement fait chier sur la gueule aux États-Unis. Aujourd'hui encore, la réputation n'est guère plus flatteuse qu'elle ne l'était à l'époque au pays de l'Oncle Sam. Bon, Muddy, c'est une chose, mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est ce second Big Mama et on va voir que c'est un poil, mais vraiment un poil moins bon que le premier.

Autant le dire, même si ça fait mal au coeur : ce disque ne contient aucun succès et aucun classique. Si vous connaissez Big Mama, vous savez assurément que sa notoriété n'est malheureusement dûe (et encore...) qu'à son interprétation magistrale de Hound Dog en 1953. Ce qui est, vous en conviendrez, monstrueusement dégueulasse. Ça l'est d'autant plus que ce second album de la colosse (finalement aux pieds d'argile) est caviardé de chansons qui déchirent tout. Comme I'm Feeling Alright, un blues-rock terrible et bandant à souhait. Sometimes I Have A Heartache est une putain de tuerie blues pur et dur. Écoutez un peu les lignes de piano derrière le chant de Big Mama, c'est juste monstrueux. Black Rat assure totalement elle aussi. À noter que c'est la quatrième version des sessions d'enregistrements de cette chanson qui a été choisie pour figurer sur le disque. Life Goes On est un blues pur et dur joué tout au piano, comme l'est Sometimes I Have A Heartache et c'est une réussite de plus, même si, me concernant, j'ai une préférence pour la seconde nommée. La première face s'achève en fanfare sur les 5 minutes de Everything Gonna Be Alright. Une chanson tout simplement monstrueuse, un pur bonheur sur laquelle la guitare de Waters est phénoménale. Big Mama qui tient la batterie, cogne à fond sur ses toms et ses cymbales, mais ne cogne pas dans le vent. Elle sait ce qu'elle fait. Le sommet de l'album.

La seconde face s'ouvre sur Big Mama's Bumble Bee Blues qui est une nouvelle tuerie à ajouter au crédit de cet album. C'est bien simple : les 4 minutes et quelques lui la caractérisent sont tout simplement parfaites de bout en bout. Assurément une des toutes meilleures chansons de l'album. Et, j'en suis convaincu, c'est d'ailleurs assez flagrant quand on écoute attentivement la ligne de basse, Sly et sa Family Stone s'en sont inspirés pour créer celle du monumental Sex Machine sur Stand !Gimme A Penny est parfaite de bout en bout également. Piano entêtant et harmonica à la fois puissant et discret. De l'orfèvrerie blues. À noter que cette version est la sixième qui fut mise en boîte lors des sessions d'enregistrements. Looking The World Over est exactement ce qu'est Swing It On Home sur In Europe : la chanson la moins réussie. Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit loupée, pas du tout, c'est juste que c'est le titre le moins fort. On arrive vers la fin, malheureusement, ça fait chier. I Feel The Way I Feel... qu'est-ce que je peux vous dire là-dessus ? Rien d'autre à part qu'il faut écouter, tout simplement. Bordel de nouille, ce solo de piano... On en termine avec Guide Me Home, très bonne chanson, mais qui fait partie des titres les moins forts de l'album. Derrière Looking The World Over et Life Goes On. Très clairement, même s'il est un poil inférieur àIn Europe, ce Big Mama Thornton With The Muddy Waters Blues Band est un disque majeur du blues. Mais, il n'est pas facile à trouver, quand on le trouve, les prix proposés sont tout sauf attractifs. Si, personnelement, j'ai pu me choper In Europe, je n'ai, à l'heure actuelle, toujours pas cet opus de 1966 en ma possession et ça me fait copieusement chier.

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Face A

I'm Feeling Alright

Sometimes I Have A Heartache

Black Rat

Life Goes On

Everything Gonna Be Alright

Face B

Big Mama's Bumble Bee Blues

Gimme A Penny

Looking The World Over

I Feel The Way I Feel

Guide Me Home

"Decade" - Neil Young

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Le principe d'une compilation, d'un best-of, est limité : offrir, sur un seul disque (ou deux, ça dépend de la productivité de l'artiste concerné et de la période représentée par le best-of), un condensé de la carrière d'un artiste ou d'un groupe, une sélection de ses meilleures chansons, voire même l'intégraité de ses meilleures chansons, de ses hits. Son intérêt ? Permettre à ceux qui ne connaissent pas bien ce groupe ou artiste, et qui ne savent pas vers quel album se tourner, d'avoir un tour d'horizon, une première approche du répertoire du groupe ou artiste. Libre à eux ensuite, s'ils le veulent, d'acheter un album studio, ou d'en rester au best-of. Je ne compte plus le nombre de groupes ou artistes que j'ai découverts via un de leurs best-ofs (au choix, ZZ Top, Chris Rea, Beatles, Toto, Scorpions, Led Zeppelin, U2...). La majeure partie du temps, j'ai acheté les albums ensuite, et j'ai relégué le best-of (sauf pour les Beatles, le best-of en question étant le double 'bleu' de 73) aux oubliettes, voire même m'en suis débarrassé. A quoi ça sert d'avoir un disque renfermant tous les classiques de Led Zeppelin quand vous les avez aussi et surtout en CD et vinyles sur les albums originaux ? Des best-ofs, il y en à des chiées. Beaucoup sont d'un intérêt très limité, ils s'auto-annihilent les uns les autres, je pense notamment aux compilations sur Lennon. La première sortie après sa mort, en 82, puis une autre en 88, une autre dans les années 90, deux autres (dont la meilleure, en 2005) dans les années 2000. Aucun nouveau titre, ce sont toujours les mêmes titres, dans un ordre différent, donc quel est l'intérêt ? Pognon, évidemment. Et moi qui les possède toutes...

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Neil Young, lui, il n'est pas comme ça. Il n'a pas sorti beaucoup de best-ofs, le Loner. Mais il peut se targuer d'avoir sorti ce qui reste, incontestablement, la plus grande compilation d'artiste qui soit, devant les best-ofs 'rouge' et 'bleu' des Beatles, le Working Class Hero : The Definitive de Lennon et le A Young Person's Guide de King Crimson. En fait, cette compilation est si parfaite qu'au même titre que les deux compilations colorées des Beatles, elle est une des rares compilations d'époque àêtre, toujours, commercialisée en CD, telle quelle, et ce malgré le défaut indéniable qu'elle ne représente qu'une infime partie de la carrière du Loner. Dix ans, précisément. Sortie en 1977, elle concerne les dix premières années de la carrière de Neil Young, et s'appelle justement Decade. Elle offre 35 titres, et est, en vinyle, triple (trois disques assez bien remplis), tout tient sur deux CDs, durée globale de plus de 2h20 de musique. Pour moi, je vais être clair, c'est la plus grande compilation jamais faite et sortie, une vraie oeuvre d'art, un jalon dans son genre. D'abord, en vinyle, l'objet est beau (photo très 70's, lettrage que j'adore, belle photo de Neil au verso, pochette ouvrante avec un insert cartonné (qui renferme un des trois vinyles) à glisser dans l'ouverture centrale de la pochette pour en faire une sorte de livre, difficile à décrire, mais la photo ci-dessous vous permettra peut-être de voir ce que je veux dire), ensuite le tracklisting est généreux et rempli de pépites. Sur les 35 titres, on trouve, ici, 6 morceaux alors inédits en album, et un autre (Soldier) assez rare, car présent sur un album méconnu. On trouve aussi bien des morceaux avec Buffalo Springfield et Crosby, Stills, Nash & Young qu'évidemment, du Loner en solo. Neil n'a rien oublié, sauf Time Fades Away, son album live de 1973 qu'il n'a jamais édité en CD, et dont aucun morceau n'apparaît ici, ce qui est dommage, très dommage, mais c'est le seul reproche à faire àDecade. On peut aussi regretter les notes de pochette en écriture manuscrite, le Loner a une écriture de con (moi aussi, au passage), j'aurais préféré des notes typographiées, mais ça rajoute au charme de la compilation, en même temps. 

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Decade, donc, regroupe le meilleur des 10 premières années du Loner. Compilation donc totalement incomplète vu que Neil est toujours actif, et on ne trouvera donc pas ici, c'est normal, Hey Hey, My My, Rockin' In The Free World ou Comes A Time, ces morceaux datant respectivement de 1979, 1989 et 1978. Grosso merdo, le reste est là. Buffalo Springfield via l'inédit studio d'alors Down To The Wire (qui ouvre le bal), Burned, l'épatant Mr Soul qui s'inspire fortement du Satisfaction des Cailloux, l'incroyable morceau-gigogne Broken Arrow qui est du genre inusable, la délicatesse aérienne d'Expecting To Fly, morceau qui est un des plus beaux que je connaisse, et I Am A Child, du dernier album du groupe. Crosby, Stills, Nash & Young est évidemment représenté via Helpless et Ohio, ce dernier n'était sorti qu'en single en 1970 (puis sur des compilations et un live). Le reste de Decade, c'est Neil en solo, et on a donc du très lourd, présenté de façon chronologique. Sugar Mountain, inédit en album studio, datant de juste après la séparation de Buffalo Springfield et avant le premier album de Neil, est une splendeur délicate. The Loner et The Old Laughing Lady, du premier album, sont deux merveilles assez différentes l'une de l'autre, mais qui symbolisent bien la carrière du Loner : à la fois très rock et parfois très folk. Je ne vais pas citer tout le reste de la compilation, mais entre Down By The River (10 minutes), Cowgirl In The Sand (aussi !), After The Gold Rush (à pleurer tellement c'est beau), Southern Man, Soldier (de Journey Through The Past), Heart Of Gold, Old Man, Tired Eyes, Walk On, Like A Hurricane (8 minutes), Cortez The Killer (7,30 minutes) et Long May You Run (dans une version différente de la version album, ici avec Crosby, Stills & Nash), on a du lourd, donc, et j'ai pas tout cité, je vous l'ai dit. On a aussi des inédits de qualité, j'en ai cité deux plus haut, et les quatre autres sont le très rock Winterlong, les délicats Deep Forbidden Lake et Love Is A Rose, et Campaigner, ce dernier aurait dûà la base se trouver sur l'album de 1976 fait avec Stills, Long May You Run, et est sur Nixon. Au final, les plus de deux heures de programme de ce triple album sont rigoureusement indispensables à tout fan de rock, et de folk-rock, ainsi qu'à un fan de Neil Young. Vous aurez certes des doublons, mais la présence de 6 inédits et de deux raretés, plus le tracklisting des plus bandants, font de Decade LA compilation, LE best-of ultime, et ce, même s'il ne représente qu'une petite partie de la carrière du Loner et qu'il est donc incomplet. Mais dans le genre, c'est parfait, imparable, grandiose. Seule comparaison possible, les deux best-ofs des Beatles sortis en 1973, le 'rouge' et le 'bleu'...

FACE A

Down To The Wire

Burned

Mr. Soul

Broken Arrow

Expecting To Fly

Sugar Mountain

FACE B

I Am A Child

The Loner

The Old Laughing Lady

Cinnamon Girl

Down To The River

FACE C

Cowgirl In The Sand

I Believe In You

After The Gold Rush

Southern Man

Helpless

FACE D

Ohio

Soldier

Old Man

A Man Needs A Maid

Harvest

Heart Of Gold

Star Of Bethlehem

FACE E

The Needle And The Damage Done

Tonight's The Night

Tired Eyes

Walk On

For The Turnstiles

Winterlong

Deep Forbidden Lake

FACE F

Like A Hurricane

Love Is A Rose

Cortez The Killer

Campaigner

Long May You Run

"Gratitude" - Earth, Wind & Fire

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Non, vous ne rêvez pas : c'est bien d'un album d'Earth, Wind & Fire que je vais parler aujourd'hui. Mais je vais vous rassurer (ou au contraire vous désoler) : je pense que, pour ma part en tout cas, ça sera le seul album de ce groupe qui se retrouvera sur le blog. Enfin, bon, comme on ne s'interdit rien sur Rock Fever... En attendant, vous connaissez ce groupe, j'imagine. Ne serait-ce que par le biais de leurs tubes, qui passent encore souvent à la radio, ces Fantasy, Reasons, September, Boogie Wonderland (qui a retrouvé encore plus de popularité depuis son utilisation dans le film Intouchables), Let's Groove... Earth, Wind & Fire est, avec Kool & The Gang, Parliament/Funkadelic (dont j'ai parlé récemment, enfin, concernant Funkadelic) et les Ohio Players (et leurs si belles pochettes d'albums), sans oublier les Meters, un des meilleurs et des plus connus groupes de funk. Il est surtout, avec Kool & The Gang, celui dont tout le monde, tout le monde, semble retenir au détriment des autres. J'avoue que si j'adore la musique funk, ces deux groupes ne sont pas mes préférés, et j'avoue aussi, c'est con, avoir toujours confondu ces deux groupes. Genre c'est qui qui chante Cherish, c'est Earth, Wind & Fire, non ? (ban non, c'est les autres). Ah, et September, ça, c'est Kool & The Gang ? (eh non, c'est les autres). Caramba, encore raté. Sinon, la Terre, le Vent & le Feu est un groupe fondé en 1969 par Maurice White (mort en 2016), et dont le premier album, éponyme, date de 1971. Le nom du groupe vient, comme pour Quicksilver Messenger Service, de l'astrologie, White est Sagittaire, et parmi les symboles de ce signe, on a le Feu ainsi qu'un peu d'Air et de Terre. 

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En 1975, le groupe a déjà sorti six albums studios quand ils publient, enfin, un album live, Gratitude. Double album (d'une durée, cependant, courte : 66 minutes), il est sorti sous une pochette blanche (à l'intérieur, des photos du groupe sur scène), assez sobre si on la compare avec les pochettes des albums suivants, qui utiliseront à outrance le thème des pyramides égyptiennes (Spirit, All'n'All, Faces, Electric Universe) et de l'iconographie égyptienne antique en général. Ca sera en fait pour dès après ce live, qui n'est pas entièrement live soit dit en passant : le dernier titre de la face C, et l'intégralité de la face D, sont des morceaux studio inédits, qui totalisent dans les 18 minutes sur les 66 de l'album. Autrement dit, on a 48 minutes de live seulement, bref, c'est limite si tout aurait pu tenir sur un seul vinyle (avec les morceaux studio inédits sur un EP qui aurait été offert avec l'album, pourquoi pas). Vente forcée ? N'exagérons rien (même si rien n'est indiqué, sur la pochette, sur le fait que tout n'est pas live ; enfin, c'est tout de même précisé sur la sous-pochette). Mais entre la courte durée de l'album et cette frustration que tout ne soit pas live, ça démarrait moyennement entre Gratitude (c'est aussi le titre d'un des inédits studio) et moi. Pourtant, les morceaux studio sont très bons (Sunshine, Gratitude, Can't Hide Love). On y trouve même deux hits, Can't Hide Love et Sing A Song (non, c'est pas les Carpenters, ah ah ah).

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Mais la partie live, bref l'essentiel de l'album, est...putain, c'est juste démentiel. Ce n'est pas que de la musique funk toute conne, bien chaude et destinée à vous faire remuer le Q, on y trouve des éléments de jazz et de soul qui sont du plus bel effet, et tout ça démarre en fanfare par un Africano/Power de 6 minutes instrumental et renversant. La suite du programme, qui contient notamment les hits Sun Goddess (7,40 minutes), Devotion, Shining Star et Reasons (plus de 8 minutes sur lesquelles Phil Bailey, futur chanteur, avec Phil Collins, de Easy Lover, est en total état de grâce), est d'une beauté et d'une force ahurissantes, avec une excellente qualité audio, ce qui ne gâche évidemment rien, bien au contraire. Comment résister aux 9 minutes de New World Symphony (qui achève la partie live), àReasons, Yearnin' Learnin' ? Gratitude est certes trop court malgré son format, et il frustre un peu car tout n'est pas live (personnellement, je n'aime pas trop ces albums live sur lesquels on trouve aussi des titres studio mais pas assez pour en faire un disque à part, même si j'adore le Moonflower de Santana qui est justement construit ainsi ; en revanche, ni Ummagumma de Pink Floyd ni Wheels Of Fire de Cream ne sont concernés, ces deux albums contiennent chacun, en effet, un disque entièrement live et un disque entièrement studio). Mais un fan de funk devrait se régaler. 

FACE A

Introduction

Africano/Power

Yearnin' Learnin'

Devotion

FACE B

Sun Goddess

Reasons

Sings A Message To You

FACE C

Shining Star

New World Symphony

Sunshine

FACE D

Sing A Song

Gratitude

Celebrate

Can't Hide Love

Entre Violence Et Violon - Johnny Hallyday

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Hier, je me suis caléPas Facile sous mon bras non-lavé et non-vaporisé de déodorant pendant trois jours et je suis allé le jeter dans une basse-cour remplie de poules affamées n'ayant pas bouffé depuis deux semaines. En fidèle spectateur, j'ai assistéà une vraie mise en pièces, un carnage, une boucherie, un massacre. Du sang, des larmes, des cris et de la sueur. Pauvre vinyle... Comment ça, c'est pas crédible ? Bon, oui, c'est vrai, je veux bien le reconnaître. Car, si j'ai bien sur la conscience quelques conneries en matière d'achats musicaux, je ne possède pas Pas Facile. Et je m'en félicite. Entre Violence Et Violon, sorti en 1983, est le trente-et-unième album studio de Johnny Hallyday et, lorsqu'il sort, le bonhomme, depuis le début des années 80, traîne derrière lui un bon pacson d'albums au mieux insignifiant (À Partir De Maintenant), au pire à chier des briques triangulaires (En Pièces DétachéesPas Facile, La Peur, Quelque Part Un Aigle, brrr, de vrais enfoirés ceux-là, surtout les trois derniers), avec une collection de chansons (forcément) incroyablement pourraves, si on arrive à en trouver trois de valables sur l'ensemble de ces cinq albums, c'est le maximum. Alors, on peut légitimement s'inquiéter et se demander quelle catastrophe Djauni A L'Idée va encore nous sortir. 

À l'origine, l'album devait être double, Johnny ayant enregistré 37 chansons pendant les sessions d'enregistrement. Bon, bien évidemment, ils n'auraient jamais foutu les 37 chansons, y aurait eu des coupes pour monter un double album. Mais, le projet sera abandonné en cours de réalisation pour finalement revenir à un album classique de 10 chansons. Dieu merci, bonne Marie, où que vous soyez, je vous lèche le minou, merci encore. Comment ça, c'est du blasphème ? Ben quoi ? Moi, on m'a toujours dit que Marie, en plus d'être vierge, était une vraie bonnasse. Ah ? On me dit que des sbires du Vatican partent à ma recherche suite à mes propos outranciers. Tant pis, faut bien crever un jour non ? Bon, trêve de divaguations, petit sauvageon. L'album est donc simple et n'offre ni succès, ni classiques du répertoire Hallydayien, ce qui, je suppose, impactera les ventes. Mais bon, à l'exception du four à 800 degrès que s'est mangéHamlet en 1976, Djauni a toujours plus ou moins bien vendu ses disques. Comme vous le voyez, je n'ai pas foutu ce disque dans la catégorie répulsive des ratages musicaux. Il y a une raison à cela : parce que cet album, à lui seul, renferme autant voire plus de bonnes chansons que les cinq qui le précèdent dans la discographie de Johnny Guitar. Par exemple, la chanson titre, Entre Violence Et Violon (un titre à la con, je vous le concède), bien qu'elle soit un poil trop longue, est franchement pas mal, il n'y a absolument rien de gerbant dedans. Même s'il y a une bonne minute en trop. Les Scellés Sur Ma Vie est très bonne, même si le final, dans lequel le refrain est répété x fois, est un peu casse-couilles. Et ça, il n'y a pas besoin d'huissiers pour le constater. Et, Laisse-Moi Une Chance est un petit blues qui certes, ne fera pas bander les grands noms du genre, mais ça se tient bien. 

Le problème (et c'est ce qui m'avait frappé lors de ma première écoute), c'est que passées ces trois premières chansons, ça va se casser la gueule comme un suicidaire se jetant du 10ème étage d'un HLM à Vitry-Sur-Seine. Comment ça, l'image est odieuse et exagérée ? Si je veux bien admettre qu'elle est odieuse, elle n'est, en revanche, pas du tout exagérée. Ça commence à sentir la merde avec Marie Marie. Cependant, concernant cette chanson, dans un jour de clémence suprême, ça peut passer. Le reste est littéralement indéfendable. Sérieusement, comment est-il possible de plaider la cause d'une chanson comme Pour Ceux Qui S'Aiment ? Même avec le plus grand coeur qui soit, c'est impossible. La face B, accrochez-vous, est un véritable ouragan de merderie. À côté de ça, un ouragan des Caraïbes n'est qu'un petit vent vous emmerdant le temps d'une journée ou deux. L'Amour Violent, Quand Un Homme Devient Fou, Mes Seize Ans, La Fille D'En Face (pourtant écrite par Bernard Lavilliers et composée par François Bréant) et Signes Extérieurs De Richesse sont toutes de pures merde de ptérodactyle diarrhéique. Rien de bon là-dedans, rien à sauver. Quand Un Homme Devient Fou a en plus la mauvaise idée de durer plus de 6 minutes. Imaginez un peu le calvaire. Quant àMes Seize Ans, il est peu dire qu'Eddy Mitchell, avec un texte légèrement différent, en fera une version autrement meilleure sur son album Racines de 1984. Il démarrait pourtant pas mal ce Entre Violence Et Violon : deux chansons très correctes et une très bonne et puis... le trou noir. Même Je T'Aime, Je T'Aime, Je T'Aime qui était pourtant fort de café dans l'exercice ne pèse rien à côté de ça. Voilà un album qui, comme tant d'autres, ne sera réservé qu'aux fans hardcore de Johnny, ceux qui pardonnent même les pires merdes que le chanteur a couchées sur vinyle ou gravées sur CD. 

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Face A

Entre Violence Et Violon

Les Scellés Sur Ma Vie

Laisse-Moi Une Chance

Marie Marie

Pour Ceux Qui S'Aiment

Face B

L'Amour Violent

Quand Un Homme Devient Fou

Mes Seize Ans

La Fille D'En Face

Signes Extérieurs De Richesse

Caribou - Elton John

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Sorti en 1974, Caribou est le huitième album studio d'Elton John. Cet album a la lourde tâche de succéder au monstre qu'est Goodbye Yellow Brick Road, sorti l'année précédente et qui a assis définitivement le statut de star pop-rock du pianiste britannique à lunettes. Etant devenu une superstar, Elton a pris le revers de la médaille en pleine poire : il fut de plus en plus sollicité. Et c'est Caribou qui en a fait les frais, car l'album a dûêtre enregistré dans l'urgence avant une tournée au Japon. Elton lui-même dira plus tard que l'album a été enregistré et tout en neuf jours. Plus tard, alors que la tournée japonaise avait déjà commencé, le producteur Gus Dudgeon rajoutera des cuivres, des choeurs et divers effets. Caribou... je suis sûr qu'un tel nom d'album vous interpelle. Comme vous le voyez, l'animal en question n'est pas représenté sur la pochette et il n'est mentionné nul part dans les paroles des chansons. Caribou est un titre donné en référence au Caribou Ranch, un studio près de Nederland dans le Colorado, où une bonne partie de l'album a été enregistrée. Maintenant que vous savez tout, on va pouvoir mater ce qui se cache sur cette huitième galette EltonJohnienne !

L'album contient un des gros succès du britannique à lunettes : Don't Let The Sun Go Down On Me. Laquelle sera reprise, bien plus tard évidemment, par George Michael. Et, je vous le dis franchement les mecs : bien qu'elle fasse partie des nombreux succès du répertoire du chanteur, cette chanson est mille fois inférieure à d'autres chansons telles que : Your Song, Tiny Dancer, Rocket Man, Crocodile Rock, Funeral For A Friend/Love Lies Breeding, Candle In The Wind, Goodbye Yellow Brick Road ou encore Sorry Seems To Be The Hardest Word. La chanson est trop longue et finit par ennuyer. Et, des chansons ennuyeuses, malheureusement, l'album en contient d'autres. A commencer par You're So Static qui, à l'approche des 2 minutes 30 environ, finit par lasser. Même constat pour Stinker. Longue chanson dépassant facilement les 5 minutes et qui devient rasoir progressivement. Trop longue et en plus, trop chargée en cuivres. On trouve également deux merdes sur cet album : Grimsby et Solar Prestige A Gammon. L'une comme l'autre sont indignes d'Elton John et confirment bien le fait que l'album a du être torché en deuspi. Dixie Lily est un petit pastiche sympathique et vaguement country mais qui ne mène malheureusement pas bien loin.

Mais, si je n'ai pour l'instant émis que des avis plus ou moins négatifs, il faut que vous sachiez que l'album contient une petite poignée de bonnes chansons. A commencer par The Bitch Is Back, chanson qui ouvre le disque. Un pop-rock bien nerveux, qui remue bien de la teub et qui fout la patate d'entrée de jeu. La chanson est immédiatement suivie par Pinky, une chanson EltonJohnienne pur jus et au passage, vraiment excellente. Sans oublier I've Seen The Saucers, elle aussi excellente et dotée d'une guitare pour le moins incisive. J'en termine avec, ça tombe bien, le morceau qui clôture l'album : Ticking. Une chanson sur laquelle on entend principalement le piano d'Elton. Cette chanson est un vrai morceau de bravoure car elle n'est pas loin de pointer à 8 minutes. Le chanteur a déjà fait plus long avec Funeral For A Friend/Love Lies Breeding, mais je salue quand même l'audace. Perso, Ticking, même si ça n'est jamais emmerdant, je ne suis pas spécialement fan. A vous de vous faire votre avis. Lors de ma précédente chronique sur Elton John, je ne m'étais pas prononcé sur le fait de dire si oui ou non, Rock Of The Westiesétait le premier album moyen du chanteur. Je ne m'étais pas prononcé car je ne connaissais pas encore Caribou. A l'exception de Don't Let The Sun Go Down On Me. Maintenant que je connais Caribou, je peux me prononcer : ce dernier est le premier album moyen d'Elton John. Il n'y aura que les fans absolus qui y trouveront leur compte. Cependant, je ne jette pas la pierre à ce disque étant donné le délais rachitique accordé pour l'enregistrer et puis, pas facile du tout de passer derrière Goodbye Yellow Brick Road... 

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Chronique complémentaire de ClashDoherty

Elton John est un artiste pour lequel j'ai des sentiments assez partagés... J'adore ce qu'il a fait de 1970 à 1976, mais le reste de sa carrière, sincèrement, je m'en tamponne le coquillard. J'ai essayé, rien n'y fait, ses albums des années 80 à maintenant, bof, hormis les quelques tubes (I'm Still Standing, Nikita, Sad Songs, Sacrifice) et un album en duo avec Leon Russell (The Union), je n'accroche pas. J'aurai, je pense, l'occasion, un jour (soyez patients), de parler d'un de ses albums 80's, en l'occurrence 21 At 33, mais en attendant, je voulais rajouter mon petit grain de sel à la suite d'une chronique faite par MaxRSS en janvier dernier. En fait, en janvier dernier, à quelques jourrs d'intervalle, Max a abordé deux albums de Tu m'étonnes John, et je vais rajouter mon grain de sel aux deux, la seconde chronique sera en ligne, à nouveau, le 12 mars prochain (aucun risque de le louper : c'est le seul 12 mars de ce mois). L'album qui nous intéresse aujourd'hui est un disque un peu controversé chez les fans d'Elton, sorti en 1974 : Caribou. Cet album tire son nom non pas de l'animal (enfin, si, quand même, dans un sens), mais du lieu principal de l'enregistrement : le Caribou Ranch Studio de Nederland, Colorado, complexe de studios d'enregistrement appartenant à James William Guercio, et chez qui enregistreront les Beach Boys, Chicago, Joe Walsh (il me semble même qu'il fut le premier, en 1972, pour son Barnstorm, à enregistrer là-bas), Rick Derringer, Carole King, Michael Jackson, Steely Dan, Stephen Stills, Deep Purple, Dio, U2, Véronique Sanson et Rod Stewart. Entre autres, car la liste est longue. 

Caribou, enregistré en janvier 1974 et sorti en juin, fait suite à Goodbye Yellow Brick Road, mythique double album de 1973 qui fut le troisième (d'affilée) et dernier des albums enregistrés par Elton au Château d'Hérouville (Val d'Oise). Caribou, lui, est le premier d'une série de trois albums (d'affilée aussi) enregistrés au Caribou Ranch. Long de 45 minutes (pour 10 titres dont 6 sur la face A), il est sorti sous une pochette bien colorée et criarde sur laquelle je n'insisterai pas, on ne tire pas sur une ambulance, mais le look d'Elton, en 1973/75, est généralement redoutable. L'album sera un gros succès, dû notamment à la présence de deux classiques du chanteur : The Bitch Is Back, débridé comme on peut s'y attendre, du glam-rock décomplexé, et Don't  Let The Sun Go Down On Me, ballade terminale de plus de 5 minutes qui force le respect et sera reprise notamment par George Michael. Mais l'album recevra aussi et surtout un accueil critique des plus tièdes, on reprochera une certaine baisse de qualité, sinon une baisse de qualité certaine, à Elton. Force est de constater que l'album n'est absolument pas un de ses meilleurs albums de son Âge d'Or (1970/1976 donc, même si en fait, c'est 1971/1976), c'est même, en fait, le moins bon de cette période. En fait, s'il n'y avait pas A Single Man (1978) et surtout Victim Of Love (1979), on pourrait qualifier Caribou de moins bon Elton des années 70. Et ça serait de loin. 

Parce que si l'album offre deux gros classiques vraiment réussis (et très différents l'un de l'autre), et si, sur sa face B, on trouve le très bon I've Seen The Saucers, l'album, dans l'ensemble, mérite un seul et unique qualificatif : creux. Sorti après un chef d'oeuvre, et suivi par un autre chef d'oeuvre (Captain Fantastic & The Brown-Dirt Cowboy, mémorable album autobiographique sorti en 1975), Caribou est un disque vain, ennuyeux, vraiment. C'est con à dire, surtout quand on voit à quels albums il succède (je ne vais pas tous les citer, mais quand même, ce sont de sacrées pointures, ces précédents albums, même si j'ai toujours eu un petit peu de mal à totalement apprécier Don't Shoot Me I'm Only The Piano Player), mais c'est surtout véridique. Si les précédents albums d'Elton avaient été de la trempe de ce Caribou, Elton John, ça serait vraiment de l'histoire ancienne. Ici, je ne sais pas trop où Reginald Kenneth Dwight (son vrai nom, on comprend dès lors qu'il a voulu prendre un pseudo pour sa carrière) voulait en venir. Les morceaux rock et glam (Stinker, You're So Static, Dixie Lily), quasiment tout le disque et essentiellement la face A, ne vont pas loin, Grimsby est irritant au possible dans sa mélodie, Ticking, avec plus de 7 minutes au compteur, est trop longue malgré de bons moments, et Solar Prestige A Gammon est d'un ridicule qui confine au cosmique. La face B offre le majestueux Don't Let The Sun Go Down On Me et l'excellent I've Seen The Saucers, deux chansons plus calmes, eltonjohniennes au possible, et sont, avec le morceau d'ouverture, les seules raisons (avec aussi, le complétisme du  fan) d'écouter ce Caribou vraiment mineur et décevant. 

FACE A

The Bitch Is Back

Pinky

Grimsby

Dixie Lily

Solar Prestige A Gammon

You're So Static

FACE B

I've Seen The Saucers

Stinker

Don't Let The Sun Go Down On Me

Ticking

 

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