Après deux albums assez moyens et peu connus (For You et Prince), Prince commence un peu à se faire connaître avec Dirty Mind en 1980. Mais c'est avec ce disque, son quatrième donc, sorti en 1981, que le Kid de Minneapolis va vraiment commencer à devenir une valeur sûre. Déjà, ça y est, il a son look des années 80, sa coupe de cheveux, ses tenues affriolantes et colorées, sa petite moustache, son eye-liner... La pochette le montre (vêtu du même manteau que pour la pochette de Dirty Mind, son précédent opus) devant des coupures de journaux, un journal fictif du nom de The Controversy Daily, allusion au titre de l'album : Controversy. Court (8 titres pour 37 minutes), l'album marchera plutôt bien : 21ème au Billboard 200, 3ème au Billboard spécialisé dans les albums de r'n'b/hip-hop, et il a été classé 50ème meilleure vente d'albums aux Pays-Bas. Ce fut, chez nous, le premier album de Prince àêtre distribué, les trois précédents albums seront distribués en France par la suite, on ne pouvait avant ça que passer par l'importation pour se les procurer (ou alors faire un assez long trajet vers les USA ou l'Angleterre et revenir avec un exemplaire). L'album a été enregistré avec Lisa Coleman (sitar, claviers, choeurs), Boby Z (batterie) et Dr Fink (claviers), ces deux derniers uniquement sur le dernier morceau de l'album, Jack U Off. Prince joue de tout sur quasiment tout l'album, une constante dans sa carrière.
Verso de pochette : les titres des 'unes' sont bien souvent, ici, des allusions aux chansons
Et bien entendu, il a écrit, composé, arrangé et produit l'ensemble. Deux singles seront tirés de l'album : Controversy, évidemment, et Let's Work. Si la deuxième chanson est très bien, la première, longue envolée funky-rock de 7 minutes 15 dotée d'un groove irrésistible, est assurément le sommet de l'album qui lui doit son nom, et un des sommets de Prince. People call me rude/I wish we're all were nude/I wish there was no black and white, I wish there were no rules. Le morceau est tout simplement immense, grandiose, et le seul truc un tant soit peu négatif à dire à sn sujet est qu'il ouvre l'album. Comme il s'agit de la meilleure chanson de Controversy, ça signifie forcément que la demi-heure restante, bien que, dans l'ensemble, super efficace (le court mais politisé Ronnie, Talk To Russia ; Do Me, Baby ; Private Joy ; Annie Christian), et assez portée sur le sexe soit dit en passant (la moitié des titres sont des allusions directes ou indirectes à l'acte sexuel), est moins percutante, moins réussie. Controversy n'est pas un album inégal, et surtout pas raté, c'est vraiment un excellent opus princier, meilleur que les précédents (mais, soyons honnête, moins bon que les six suivants, ce qui fait beaucoup, je sais, mais signifie aussi que Prince va s'améliorer d'album en album jusqu'à atteindre un pinacle vers 1987, en fait).
Cependant, la production de l'album, comme des premiers opus, a pris un petit coup dans l'aile, ce qui tient surtout compte du fait que l'album, comme les précédents (et comme plusieurs des suivants), n'a pas été correctement remastérisé. Controversy, qui date de 1981 et ça s'entend, a juste été transféré en CD (je n'ose pas vous parler du 'livret' du CD, sur lequel les paroles des chansons, imprimées en articles de journaux, sont littéralement illisibles tant elles sont imprimées en petit et avec une franchement moyenne résolution), sans remastérisation, sans remixage, un pur transfert. Le son est un peu mince, sans relief, ça tue un peu le plaisir de l'écoute (privilégiez le vinyle : si la production tient son âge, le son est un peu meilleur sur le vinyle d'époque, je ne le possède pas, mais j'ai eu l'occasion d'écouter l'album sous ce format, c'est flagrant). Enfin bon, dans l'ensemble, cet album tue, c'est le principal. Même si c'est vrai que c'est surtout sa chanson-titre, mémorable, qu'on se rappelle après coup, il fonctionne très bien dans son ensemble et est plus 'digeste' que les 70 minutes et des poussières du pourtant très bon album suivant, 1999 (dont, là aussi, la chanson-titre, qui ouvre l'album, est le sommet) !
FACE A
Controversy
Sexuality
Do Me, Baby
FACE B
Private Joy
Ronnie, Talk To Russia
Let's Work
Annie Christian
Jack U Off