On risque fort de parler un petit peu de rock français (de styles assez différents, mais des années 70, toujours) ces prochains jours. Premier de cette petite série, un album d'enfer. Extraballe, ça parlera sans doute aux gros connaisseurs en rock hexagonal, mais dans l'ensemble ce groupe, qui n'a sorti que trois albums entre 1979 et 1981 avant de splitter (et comme son leader, Jean-Robert Jovenet, est mort en 2011, une reformation est à exclure définitivement), n'a pas énormément fait parler de lui. Voire même, pour le grand public, pas du tout. Extraballe (nom qui vient sans aucun doute du flipper), c'était pourtant de la balle, de l'extra balle, pour faire un jeu de mots que, je le sais, vous sentiez venir à des kimomètres à la ronde, et il aurait été dommage que je vous déçoive et ne le fasse pas, ce calembour pourrito, n'est-ce pas ? Bon, sinon, je sens que pour faire une chronique d'une taille normale, trois paragraphes réglementaires, je vais en chier un petit peu, pour le coup, parce que je dois dire, et de un : que je n'y connais pas grand chose en Extraballe, et de deux : qu'il n'y à pas énormément d'infos importantes à cueillir sur le Net, concernant ce groupe.
Jovenet, son leader (chant, guitare), a fait partie de plusieurs petits groupes (dont un avec deux futurs Téléphone, Aubert et Kolinka : Compartiment Tueur, groupe qui, un jour, répête chez un guitariste du nom de Bertignac, qui sympathise avec ses deux futurs comparses, et l'histoire de se créer... Jovenet a aussi fait partie de la première mouture d'Asphalt Jungle, groupe punk de Patrick Eudeline (rock-critic), du groupe Gazoline d'Alain Kan le disparu... Avant de fonder Extraballe en 1978. Premier album, sans titre (Extraballe) en 1979, sorti sur Elektra Records, offrant 10 titres pour 36 minutes savoureuses, à mi-chemin entre le punk et la new-wave. Murray Ward à la basse, Nick Sykes aux claviers, Lolita Carabine à la guitare, Michel Peyronel à la batterie, et donc, Jovenet au chant et à la guitare, sorte de dandy bowien, louridien, iggyien. Extraballe est sans doute, avec les Coronados (jamais entendu leur album ...Un Lustre de 1989 ? C'est difficile à dénicher, mais si vous avez le temps, foncez !), un des trésors, un des secrets les mieux gardés du rock français.
Chanté en français à l'exception d'un titre (In The Goldmine ; au passage Jovenet maîtrise la langue de Shakespeare, jouera par la suite dans un groupe irlandais, s'était retiré en Angleterre où il vivait et est mort), ce premier album sans titre est un chef d'oeuvre qui laisse pantois, de Good Night DresdenàRetour Dans La Grosse Pomme (et ses claviers simplemindiens tout sauf envahissants, bien que très présents). Des morceaux comme 1000 Km En U.R.S.S., Wild Boys (sous influence Burroughs ?), Je Pense A Sid (Vicious, pas Barrett, vu l'orthographe) et Quand La Ville Sera Haute forcent le respect. Attitude punk, musicalité new-wave, sorte de Téléphone en plus 'moderne' (les claviers), Extraballe livre un premier album absolument imparable, un des meilleurs albums de rock français. Absolument conseillé.
FACE A
Good Night Dresden
Quand La Ville Sera Haute
1000 Km En U.R.S.S.
Abri
Monde Souterrain
FACE B
Wild Boys
Je Pense A Sid
In The Goldmine
Love Trap
Retour Dans La Grosse Pomme